Le 13 décembre 2025, la cathédrale Notre-Dame de Paris accueillera une célébration exceptionnelle : la béatification de 51 martyrs français, religieux, séminaristes et fidèles laïcs, morts « en haine de la foi » sous le régime nazi entre 1944 et 1945. Leur sacrifice, reconnu officiellement par le pape Léon XIV, rappelle le courage de ceux qui ont choisi la fidélité au Christ jusque dans les camps de la mort.Le 20 juin dernier, le pape Léon XIV a signé un décret du Dicastère des causes des saints reconnaissant le martyre de ces catholiques français, ouvrant la voie à leur béatification solennelle dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. La messe sera présidée par le cardinal Jean-Claude Hollerich et retransmise en direct, permettant aux fidèles de toute la France et au-delà de s’unir à cet événement spirituel majeur.
Ouverte en 1988, la cause de béatification de ces catholiques français a franchi toutes les étapes de l’enquête diocésaine avant d’être portée à Rome. Désormais, leur témoignage est reconnu par l’Église universelle.
Réquisitionnés par le Service du travail obligatoire, des centaines de milliers de jeunes Français furent envoyés en Allemagne dès 1942. Dans ce désert spirituel, le cardinal Emmanuel Suhard et l’abbé Jean Rodhain lancèrent la Mission Saint-Paul, une aumônerie clandestine envoyant prêtres, séminaristes et militants en Allemagne. L’ordonnance Kaltenbrunner du 3 décembre 1943 criminalisa cette mission, faisant de l’apostolat un crime passible de mort. C’est dans ce contexte que cinquante et un hommes furent arrêtés, déportés et exécutés, victimes de ce que l’on appelle aujourd’hui le martyre de l’apostolat.Ces martyrs venaient de tous horizons. Certains étaient prêtres, comme Raymond Cayré, Jules Grand ou Pierre de Porcaro. D’autres étaient séminaristes, comme Roger Vallée ou Jean Tinturier. Plusieurs appartenaient à la Jeunesse ouvrière chrétienne ou aux Scouts de France, tels Jean Mestre, Lucien Croci ou Robert Saumont. Le plus jeune avait 19 ans, le plus âgé 49. Jean Bernier était cultivateur, René Boitier commis-boucher, Marcel Touquet père de famille.
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Tous firent le choix de rester auprès de leurs camarades. L’abbé de Porcaro, malgré un accident qui lui aurait permis de rester en France, retourna volontairement en Allemagne. Marcel Touquet, après la naissance et le baptême de son fils, repartit rejoindre ses compagnons. Selon l’historienne Brigitte Waché :
« ces hommes ont offert leur vie en toute conscience, portés par leur foi »
Pour que leur martyre soit reconnu, deux conditions étaient nécessaires : établir la haine de la foi des persécuteurs et démontrer la fidélité des victimes. Ces conditions sont attestées. « Ils sont morts en haine de leur foi », affirme Mgr Maurice de Germiny. « Leur mort entre en résonance avec l’appel de saint Jean-Paul II à ne pas perdre le témoignage de nos pères dans la foi, mais à le rendre vivant et actuel. »En les béatifiant dans la cathédrale Notre-Dame, symbole d’une Église qui renaît de ses blessures, l’Église de France et l’Église universelle donnent à ces témoins une place dans la mémoire vivante de l’Église. Leur exemple, à la fois humble et héroïque, appelle les chrétiens d’aujourd’hui à vivre leur foi avec courage, fidélité et charité, même au milieu des difficultés.
Les 51 martyrs béatifiés le 13 décembre 2025
Groupe I : Cologne-Rhénanie
- Gérard Cendrier (1920-1945), franciscain, mort à Buchenwald
- Paul Le Ber (1920-1945), prêtre, mort à Buchenwald
- Joseph Paraire (1919-1945), prêtre, mort dans un « train de la mort »
- André Boucher (1920-1945), prêtre, mort à Buchenwald
- Raimond Cayré (1915-1944), prêtre du diocèse d’Albi, mort à Buchenwald
- Jules Grand (1905-1945), prêtre du Puy, mort à Buchenwald
- Maurice Rondeau (1911-1945), prêtre de Reims, mort à Cham après Buchenwald
- Antoine Charmet (1906-1945), prêtre de Lyon, mort à Buchenwald
- Louis Didion (1917-1945), scout, mort à Buchenwald
- Robert Saumont (1919-1945), scout, mort lors de l’évacuation de Buchenwald
- Bernard Morizot (1924-1945), scout, exécuté à Buchenwald
- Jean Bernier (1920-1945), cultivateur, mort après évacuation de Buchenwald
- René Boitier (1917-1945), commis-boucher, mort à Dachau
- Robert Défossez (1920-1945), scout, mort à Buchenwald
- Jean Préhu (1920-1945), scout, mort à Dachau
- Maurice-Philippe Bouchard (1916-1944), scout, mort dans un convoi de la mort
- Raymond Louveaux (1913-1944), scout, mort dans un convoi de la mort
- Gaston Raoult (1921-1945), scout, mort à la mine de Bad Salzungen
- Jean Lépicier (1921-1945), jociste, mort à Buchenwald
- Bernard Lemaire (1920-1944), jociste, mort à Buchenwald
- Maurice Grandet (1920-1944), jociste, mort à Buchenwald
- René Ponsin (1923-1945), jociste, exécuté à Buchenwald
- Victor Dillard (1897-1945), jésuite, mort à Dachau
Groupe II : Saxe et Anhalt
- Louis Doumain (1920-1944), prêtre, mort à Zöschen
- Pascal Vergez (1910-1944), prêtre, mort à Zöschen
- Pierre de Porcaro (1904-1945), prêtre de Versailles, mort à Dachau
- Claude-Colbert Lebeau (1922-1945), jociste, mort à Zöschen
- Jean Chavet (1922-1945), jociste, mort à Mauthausen
- André Parsy (1922-1944), jociste, mort à Trebitz
- Bernard Perrin (1921-1945), scout, mort à Gusen
- Eugène Lemoine (1920-1945), scout, mort à Zöschen
Groupe III : Thuringe
- Roger Vallée (1920-1944), séminariste, mort à Mauthausen
- Jean Tinturier (1921-1945), séminariste, mort à Mauthausen
- André Vallée (1919-1945), jociste, mort à Flossenbürg
- Henri Marrannes (1923-1945), jociste, mort à Zwickau
- Louis Pourtois (1919-1945), jociste, mort à Mauthausen
- Camille Millet (1922-1945), jociste, mort à Flossenbürg
- Marcel Carrier (1922-1945), jociste, mort lors d’une marche de la mort
Groupe IV : Berlin
- René Giraudet (1907-1945), prêtre, mort à Paris après Bergen-Belsen
- Alfredo Dall’Oglio (1921-1944), jociste, mort à Berlin
- Marcel Touquet (1914-1945), jociste, mort lors d’un convoi de la mort
- Lucien Croci (1919-1945), jociste, mort à Barth
- Robert Beauvais (1922-1945), scout, mort à Neuengamme
Groupe V : Brunswick
- Jean Duthu (1921-1945), séminariste, mort à Flossenbürg
- Jean Mestre (1924-1944), jociste, mort à Brunswick
Groupe VI : Silésie
- Jean Perriolat (1920-1945), jociste, mort à Mauthausen
- René Rouzé (1922-1945), jociste, mort à Dora-Mittelbau
Groupe VII : Bade-Wurtemberg
- Henri Euzenat (1920-1945), jociste, mort à Dachau
Groupe VIII : Sudètes
- Joël Anglès d’Auriac (1922-1944), scout, décapité à Dresde
Groupe IX : Autriche
- Jean Batiffol (1907-1945), prêtre de Paris, mort à Mauthausen
