À l’heure où certains, dans l’Église comme en dehors, s’emploient à intellectualiser la foi et à transformer la Parole de Dieu en une idéologie conforme à l’esprit du temps, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus rappelle avec une force lumineuse que la perfection chrétienne ne se trouve pas dans les systèmes ni les compromis, mais dans l’abandon confiant d’un enfant dans les bras du PèreDatée du 9 mai 1897, la lettre de Thérèse au père Roulland, missionnaire en Chine, brille par une clarté évangélique qui contraste puissamment avec l’air du temps. La petite carmélite y confie sa lassitude face aux traités spirituels alambiqués, préférant de loin la lumière immédiate et vivifiante de l’Écriture.
Et tout l’enseignement de Lisieux est là : il ne s’agit pas de jongler avec des concepts, ni de tordre l’Évangile pour le faire coïncider avec les idéologies du moment. La perfection chrétienne, dit Thérèse, consiste à « reconnaître son néant et à s’abandonner comme un enfant dans les bras du Bon Dieu ».Voilà qui vient contrarier ceux qui, aujourd’hui, veulent redéfinir le christianisme en le réduisant à une morale horizontale, à une religion des droits humains ou à une vague fraternité universelle. Les mêmes esprits qui, à coups de débats interminables, prétendent que l’Église doit se « mettre à jour » pour rester crédible aux yeux du monde.
Mais l’Évangile n’a pas besoin d’être révisé : il a seulement besoin d’être vécu. Ce que la petite Thérèse nous rappelle avec une simplicité bouleversante, c’est que l’intellectualisme assèche la foi, alors que la confiance et l’amour la vivifient.
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Son message résonne aujourd’hui comme un acte de résistance spirituelle. Oui, il y a dans l’Église des faussaires de l’Évangile, qui veulent transformer la foi en idéologie, diluer la doctrine pour séduire les foules, et rendre le Christ « acceptable ». Mais Thérèse démasque cette tentation : si la voie du salut devait passer par les grands systèmes, les petits, les pauvres, les simples en seraient exclus. Or c’est précisément à eux que le Royaume appartient.En contemplant ces lignes, on comprend pourquoi elle fut proclamée Docteur de l’Église. Non pas pour avoir écrit des traités volumineux, mais pour avoir montré la voie royale : l’abandon confiant d’un enfant à son Père. Voilà le cœur du christianisme, que nul synode, nul courant intellectuel, nul compromis avec l’esprit du monde ne pourra jamais remplacer.
Lettre de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus au père Roulland (LT 226, 9 mai 1897)
« Parfois lorsque je lis certains traités spirituels où la perfection est montrée à travers mille entraves, environnée d’une foule d’illusions, mon pauvre esprit se fatigue bien vite, je ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le cœur et je prends l’Écriture Sainte. Alors tout me semble lumineux, une seule parole découvre à mon âme des horizons infinis, la perfection me semble facile, je vois qu’il suffit de reconnaître son néant et de s’abandonner comme un enfant dans les bras du Bon Dieu.
Laissant aux grandes âmes, aux grands esprits les beaux livres que je ne puis comprendre, encore moins mettre en pratique, je me réjouis d’être petite puisque les enfants seuls et ceux qui leur ressemblent seront admis au banquet céleste. Je suis bien heureuse qu’il y ait plusieurs demeures dans le royaume de Dieu, car s’il n’y avait que celle dont la description et le chemin me semblent incompréhensibles, je ne pourrais y entrer. Je voudrais bien cependant ne pas être trop éloignée de votre demeure ; en considération de vos mérites, j’espère que le bon Dieu me fera la grâce de participer à votre gloire, de même que sur la terre la sœur d’un conquérant, serait-elle dépourvue des dons de la nature, participe malgré sa pauvreté aux honneurs rendus à son frère. »