Comment accepter qu’un lieu sacré, fait pour adorer le Christ, soit transformé en tribune politique ? Le dialogue de l’atelier auquel a assisté notre correspondant est éloquent et résume tout à lui seul. Un premier intervenant entame le dialogue ainsi : « La question est de savoir comment ramener les personnes vers le ralentissement et de prendre connaissance du changement climatique. » Emmanuelle Huet répond : « il faut bien séparer les riches des pauvres en rappelant que les émissions sont directement corrélées au niveau de richesse. Réorganiser les villes avec un approvisionnement au niveau des gares, mais aussi appeler à sortir du modèle de la voiture individuelle, et consacrer 3 % du PIB à la transition écolo. » L’idéologie est bien là, au cœur de l’église et de l’église Saint-Pierre devant le Saint Sacrement . Le décor est ainsi planté : le meeting politique peut commencer !
Nous avons voulu voir, pour comprendre, pour en parler, pour ne pas être accusés de seulement critiquer. Et nous avons vu. Et nous avons été déçus. Plus que cela : nous avons été scandalisés.
Le programme annonçait un week-end équilibré : 17 conférences, des ateliers, des soirées et du sport. Beaucoup de jeunes s’y sont rendus avec l’idée de consolider leur foi et d’aborder des questions brûlantes. Mais l’écart entre les promesses et la réalité a vite sauté aux yeux.Le festival Santos battait son plein ce week-end du 29 août au Sacré-Cœur de Montmartre. Créé dans le sillage des JMJ de Lisbonne, c’était sa 2ᵉ édition pour les 25-35 ans. Il fut le théâtre de conférences, tables rondes, sur des thèmes de société, sociaux, environnementaux, spirituels concernant tout catholique. Ce fut aussi le théâtre de l’idéologie et du militantisme vert.
Une des dernières tables-rondes intitulée « Ralentir, une réponse à la crise écologique et spirituelle ? » dans l’église Saint-Pierre de Montmartre, à laquelle le correspondant de Tribune Chrétienne a assisté a particulièrement illustré cette déviance.
Pendant l’intervention, Emmanuelle Huet, militante écologiste engagée chez Lutte et Contemplation, nous lance un cri d’alarme : On parle de survie de l’humanité, de condition d’habitabilité de la Terre. Elle parle de ralentir pour diminuer la consommation des énergies fossiles pour éviter les effets du réchauffement. Elle est bien dans le registre de son association de plaidoyer qui sensibilise notamment les paroisses à leur impact carbone. Mais il faut aussi noter qu’Emmanuelle Huet n’est pas une militante isolée : elle a été chargée de mission en finance verte et RSE au Commissariat Général au Développement Durable, au sein du ministère de la Transition écologique . Autrement dit, son discours n’est pas seulement militant, il est directement nourri de la technostructure d’État qui promeut cette idéologie.
Le terme de réchauffement climatique ou de changement climatique ponctue la table-ronde. On se demande à quel moment Emmanuelle Huet et son homologue Philippe de Roux, fondateur de l’association Better with Water, vont parler de foi, de crise spirituelle. Une crise à l’origine de toutes les crises, comme l’a souvent répété Benoît XVI…
Finalement, le thème de la foi n’arrive jamais. La question posée sur ce sujet depuis l’application ne sera pas lue à haute voix. Il y en avait sans doute trop et il fallait faire un choix… Mais réduire la sobriété au seul enjeu environnemental n’est pas juste. C’était à se demander si la conférence s’adressait à des chrétiens.
Précisons qu’à cette conférence il n’y a eu aucun moment de prière. C’est cela qui rend l’événement plus choquant encore : non seulement la foi a disparu des échanges, mais elle n’a même pas trouvé place dans le lieu même qui lui est consacré. Depuis quand l’église est-elle devenue une salle de meeting et de conférences politiques ? Ce n’est plus une église et ce n’est plus l’Église : c’est un meeting dans une salle quelconque devant des militants.
Un discours verrouillé
À les entendre, on comprend que les voix qui s’élèvent contre les mesures écologiques coercitives ne sont pas légitimes. On fait face à un climatoscepticisme croissant car les choix à faire sont difficiles. Donc ne pas y aller du tout c’est une solution ? Le terme est déjà une étiquette pour discréditer et éviter le débat.On déplore le recul environnemental aux USA et dans plusieurs pays, on parle de la France qui a connu le renoncement à l’A69 et aux ZFE dans les villes, on parle des actions contre l’extension de l’aéroport de Beauvais et de la part de la France dans les émissions de CO2 qui ne représente que 1 % … On rappelle que l’on est est historiquement le 8ᵉ pays pollueur, donc qu’il faut compenser en se rattrapant aujourd’hui.. la machine ecolo-militante est en marche .
On croit entendre les décolonialistes qui voient dans les occidentaux des bourreaux dont la dette est éternelle
La grille marxiste opposant les riches aux pauvres se retrouve tout au long de la table-ronde de la part des deux intervenants. Effectivement, un riche est beaucoup plus amené à consommer et donc à polluer. Il n’y a pas de nuance entre les riches dont le niveau de vie est beaucoup plus proche des pauvres que les ultra-riches.Mais quand-même… on croit entendre un discours politique de gauche et cela se passe dans une église !De son coté ,Philippe de Roux, est quand-même plus nuancé sur le succès des municipalités écologiques en France et aux USA dans leur engagement social et écologique. Il rassure même en encourageant à avoir des enfants, à qui il promet une vie magnifique, malgré le contexte économique et social délétère. Il pourfend ainsi le malthusianisme et les tristes héritiers contemporains de Malthus qui trouvent qu’il est irresponsable pour la planète d’avoir des enfants.C’est pourtant lui qui va terminer son propos en envisageant le pass carbone. Il déclare ainsi qu’il faut penser au crédit carbone pour rationaliser la chose car à un moment on n’aura pas le choix. Le pass sanitaire aura ainsi servi de modèle pour les plus technocrates idéologues afin d’être décliné à l’envi.
Pour couronner le tout, nous sommes invités à nous former sur ce sujet de l’écologie et à être vigilants dans les médias sur les experts qui parlent sur des sujets en dehors de leur domaine d’expertise : se méfier des CNEWS et compagnie qui nous ramènent des pseudo-experts pour dire des contre-vérités déclare Emmanuelle Huet…l’ennemi tout désigné est toujours le même .Elle termine par des consignes de vote à peine voilées en nous enjoignant de placer le critère de l’engagement écologique comme un des premiers dans notre choix politique très prochain : les municipales de 2026 qui arrivent en effet à grand pas. Déjà, un certain nombre de personnes étaient partis depuis de longues minutes : peut-être avaient-ils trop entendu de moraline, de militantisme vert et pas assez de Dieu ?
Malheuresement ces dérives ne sont pas isolées
Le scandale de Montmartre fait écho à un autre, celui du « Festival des Poussières » en Côte-d’Or, où l’idéologie militante s’est infiltrée jusque dans l’Eucharistie, avec l’autorisation donnée par l’archevêque de Dijon à des non-catholiques de communier au nom de « l’inclusivité ». Là encore, le langage de la foi est instrumentalisé pour justifier des choix purement politiques, et le cœur du mystère chrétien est abaissé au rang de symbole social.
Deux visages d’un même combat : réduire l’Évangile à une idéologie, transformer l’Église en plateforme militante, et faire de la liturgie ou du sanctuaire un simple décor pour des expériences dites d’échange
Le festival Santos comme le Festival des Poussières, c’est la même logique : une foi d’arrangements, un christianisme de compromis, où l’on s’accommode des slogans du monde au lieu de proclamer la radicalité du Christ.Ce qui s’est joué à Montmartre dépasse le cadre d’un débat. Le lieu sacré a été utilisé comme tribune idéologique. Non seulement la foi a été marginalisée, mais l’absence de prière au cœur d’une église consacrée rend cette dérive encore plus grave. Substituer l’Évangile par des slogans militants devant l’autel, c’est détourner la finalité même du sanctuaire.Et le plus inquiétant est peut-être ailleurs : on y retrouve une partie de la sphère catho caritative qui, par affinités et accointance idéologique, se reconnait, respire de la même manière et se scandalise sur les mêmes choses, toujours à la façon des Jésuites. Bref, une Église d’arrangements entre amis et de compromis avec l’Évangile, des compromis qui vont jusqu’à affirmer que l’enfer est vide… on connait la suite.
Fait aggravant, la présence d’un évêque du diocèse de Paris, Monseigneur Étienne Guillet, évêque de Saint-Denis, devenu à 48 ans le plus jeune évêque de France, la boucle est bouclée. Un évêque est là pour donner sa « sainte » bénédiction à ce meeting entre amis. Voué et rompu plus au discours idéologique qu’à l’appel à se mettre à genoux devant l’autel, il incarne cette Église de compromis; sociale mais pas doctrinale, militante mais pas salvatrice, écologiste mais pas évangélisatrice .. La bande à Santos était là, au complet… sans parler des habituelles complaisances d’une certaine presse dite » catho », suivez mon regard.
Bien sûr, la sauvegarde de l’environnement est un devoir sérieux, inscrit dans l’ordre de la création et confié à l’homme comme mission de gérance. Mais elle n’est pas le cœur de la foi. Réduire l’annonce de l’Évangile à un manifeste écologiste, c’est appauvrir radicalement la mission de l’Église. Le Christ n’est pas venu pour sauver les arbres ou les océans, mais pour sauver les âmes. L’Évangile ne se réduit pas à une écologie intégrale, aussi louable soit-elle, mais annonce la vie éternelle.Cette confusion entre foi et écologie entraîne un glissement préoccupant : le culte de Dieu se transforme en un culte de la Terre. Le vocabulaire religieux est systématiquement recyclé au profit d’une cause environnementale, présentée comme unique horizon de salut collectif. Or, s’il y a bien un danger spirituel pour notre temps, c’est celui d’une nouvelle idolâtrie. On ne prie plus pour recevoir la grâce du Créateur, on organise des marches méditatives pour communier avec la nature. On ne confesse plus ses péchés devant Dieu, on confesse sa « responsabilité » dans la crise climatique.
Le véritable « Temps » que l’Église doit proclamer, c’est le « temps du salut », le kairos de la rencontre avec le Christ ressuscité. Tout autre accent, aussi noble qu’il paraisse, ne peut être qu’une dérive lorsqu’il occulte la finalité ultime : adorer le Créateur, non la création.
Quand l’écologie devient la nouvelle religion , quand l’idéologie profane l’Église, ce n’est plus l’Église.