Quelques jours seulement après l’audience privée du pape Léon XIV avec le jésuite américain James Martin, ardent promoteur d’une pastorale inclusive auprès des catholiques LGBT, un nouvel épisode nourrit la confusion : le 6 septembre, un millier de personnes issues de la mouvance arc-en-ciel se rassembleront place Saint-Pierre pour ce que les médias appellent déjà un « Jubilé LGBT ».Pourtant, la précision officielle est sans appel. Sur le site de l’Année Sainte, il ne s’agit que d’un « Pèlerinage de l’Association La Tente de Jonathan et d’autres associations ». Un rendez-vous associatif donc, toléré et inscrit dans l’agenda, mais qui n’a ni le poids spirituel ni la valeur canonique d’un Jubilé.
La juxtaposition de ces deux événements , l’audience avec le père Martin et le « Jubilé arc-en-ciel » , ressemble à une opération de communication savamment orchestrée. Le premier offre une caution pontificale implicite, relayée par les propos du jésuite selon lesquels il aurait entendu du pape « le même message que François ». Le second transforme un simple pèlerinage en symbole d’une ouverture historique. Ensemble, ils nourrissent l’idée que Léon XIV marcherait dans les pas de son prédécesseur en matière d’accueil des personnes LGBT.
Mais le Vatican, fidèle à sa prudence, n’a rien confirmé. Au contraire, le dernier discours officiel du pape, le 16 mai dernier devant le corps diplomatique, rappelait sans ambiguïté que « la famille, fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, est une petite mais véritable société, antérieure à toute société civile ». Une déclaration en totale rupture avec les ambiguïtés passées.
Présenter le pèlerinage du 6 septembre comme un Jubilé relève donc d’un détournement symbolique. Les organisateurs veulent donner l’impression d’une reconnaissance inédite du Vatican, alors que la nature même de l’événement reste associative et pastorale. Derrière les drapeaux arc-en-ciel et la rhétorique de l’inclusion, le risque est clair : instrumentaliser un moment spirituel majeur pour en faire une tribune militante.À ceux qui annoncent vouloir franchir la Porte Sainte en revendiquant leur homosexualité comme telle, l’Église répond avec clarté : elle accueille tout le monde, sans exception, mais l’enseignement n’a pas changé. Les personnes sont appelées à la conversion et à la sainteté comme tous les baptisés, mais l’Église ne peut approuver les comportements contraires à l’Évangile.
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Cette confusion ne laisse pas indifférente l’Église universelle. Déjà vent debout contre Fiducia supplicans, le cardinal Fridolin Ambongo avait averti que toute tentative de bénir ou de valider l’union de personnes de même sexe constituait « une rupture avec l’enseignement de l’Église ». Sa voix, qui porte bien au-delà du continent africain, exprime l’inquiétude d’une large partie des catholiques face aux pressions idéologiques occidentales.
Aujourd’hui, beaucoup de fidèles redoutent que l’Église retombe dans les ambiguïtés du passé. À l’inverse, d’autres espèrent une confirmation d’un tournant inclusif. Ce double jeu nourrit division et incertitude.La responsabilité du pape Léon XIV est donc cruciale : parler avec clarté et fermeté. Car si son pontificat devait être perçu comme la prolongation des ambiguïtés de François, ce serait toute l’Église qui entrerait en zone de turbulence. Fidélité à l’Évangile et charité pastorale ne s’opposent pas. Mais elles exigent un langage limpide, loin des coups de communication et des interprétations médiatiques.
Le « Jubilé arc-en-ciel » n’est pas un Jubilé. L’audience avec le père Martin n’a pas valeur d’enseignement magistériel. Mais ensemble, ces deux événements montrent combien certains cherchent à orienter le récit. Le moment est venu pour le successeur de Pierre de rappeler que la vérité de l’Évangile ne se négocie pas.