(+ 491)
Sainte Théodora d’Alexandrie (+ 491) demeure l’une des figures les plus singulières de la sainteté des premiers siècles chrétiens. Son parcours spirituel, marqué par la faute, la conversion et l’épreuve, illustre la puissance de la miséricorde divine et la fécondité de l’humilité.Mariée à Alexandrie, grand centre spirituel et intellectuel de l’Égypte chrétienne, Théodora tomba un jour dans l’adultère. Ce péché provoqua en elle un profond repentir. Décidée à changer radicalement de vie, elle choisit la voie de la pénitence. Pour se consacrer totalement à Dieu, elle revêtit l’habit masculin et se présenta dans un monastère sous le nom de Théodore.La tradition rapporte qu’elle mena au monastère une vie de grande austérité et d’obéissance. Sa vertu lui valut d’être reconnue par ses frères et d’être élevée à la charge d’abbé. Mais une épreuve inattendue vint marquer son itinéraire spirituel. Accusée par une femme d’avoir engendré un enfant, Théodora ne révéla pas sa véritable identité. Par humilité et pour protéger le secret de sa pénitence, elle accepta l’exclusion. Elle prit soin de l’enfant, l’éleva dans le silence et la patience, manifestant une charité sans faille.
Ce n’est qu’à sa mort que la communauté découvrit la vérité : le moine Théodore, injustement accusé, était en réalité Théodora, une femme convertie dont la vie cachée brillait aux yeux de Dieu. La tradition orientale a gardé la mémoire de son humilité et de sa fidélité, voyant en elle une icône de la pénitence et du pardon.Son histoire est consignée dans les recueils hagiographiques byzantins, notamment les Ménées, et son culte s’est transmis dans la tradition orientale. Son souvenir est également illustré par des manuscrits médiévaux, tel le ménologe de l’empereur Basile II au XIe siècle, conservé aujourd’hui à la Bibliothèque du Vatican.
À travers le silence face à l’injustice, la patience dans l’épreuve et la charité envers l’enfant confié à elle, Théodora incarne la force de l’Évangile. Son itinéraire rappelle que la véritable justice vient de Dieu seul et que la conversion, même après la faute, peut devenir source de sainteté.
Avec Nominis