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Équateur : l’Église alerte sur les dérives d’un projet de loi sur la PMA

Intérieur de la cathédrale de  Guayaquil ( Equateur) - DR
Intérieur de la cathédrale de Guayaquil ( Equateur) - DR
Derrière le débat, c’est toute une idéologie mondialisée qui cherche à imposer la marchandisation de la vie, comme le montre le projet de légalisation de la GPA porté par Gabriel Attal

L’archidiocèse de Guayaquil ( la plus grande ville de l’Équateur) , a publié hier jeudi 10 septembre, une note exprimant de fortes réserves sur le projet de loi organique concernant la reproduction humaine assistée, actuellement débattu à l’Assemblée nationale équatorienne. Selon l’analyse, certaines dispositions portent directement atteinte à plusieurs principes constitutionnels, notamment la protection de la vie dès la conception, le droit à l’identité des enfants et l’intégrité des mères.

La Pastorale souligne que la Constitution équatorienne garantit, à l’article 45, « la protection de la vie dès le moment de la conception ». Elle rappelle également l’article 66.28, qui consacre le droit à l’identité, ainsi que l’article 66.3, qui protège l’intégrité personnelle des femmes enceintes. Pour l’Église locale, le texte présenté à l’Assemblée pourrait donc entrer en contradiction avec ces garanties essentielles.Le document publié par l’archidiocèse détaille plusieurs points sensibles. La sélection et l’élimination d’embryons sont considérées comme une discrimination génétique qui violerait l’article 45 de la Constitution. Le don anonyme de gamètes limiterait le droit des enfants à connaître leurs origines biologiques (art. 66.28) et fragiliserait la définition constitutionnelle de la famille (art. 67). La gestation pour autrui est dénoncée comme une pratique exploitant les femmes vulnérables et niant le lien mère-enfant, se heurtant à l’article 66.29.b qui interdit la traite des êtres humains. Enfin, la reproduction post mortem soulèverait des dilemmes éthiques sur l’intérêt supérieur de l’enfant et son droit d’être entendu (art. 45).

L’archidiocèse insiste sur la nécessité d’un examen « juridique et éthique approfondi » avant toute adoption du texte. Pour l’Église, ces pratiques ne sont pas de simples solutions techniques à l’infertilité, mais des choix de société engageant la dignité de la personne humaine et l’avenir des familles.

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L’archidiocèse de Guayaquil s’étend sur une superficie de 2 292 km² et regroupe les fidèles catholiques de rite latin du canton de Guayaquil, dans la province du Guayas. Son siège se trouve dans la ville de Guayaquil, où se dressent la cathédrale Saint-Pierre-Apôtre, la basilique mineure de Nuestra Señora de la Merced et le sanctuaire national de la Divine Miséricorde. L’archidiocèse compte 163 paroisses réparties en sept vicariats épiscopaux portant les noms de saints du XXe siècle tels que Jean-Paul II, Jean XXIII ou Paul VI. Il exerce également une autorité métropolitaine sur les diocèses suffragants de Babahoyo, Daule, San Jacinto et Santa Elena.

Le 6 octobre 2024, le pape François a annoncé la création comme cardinal de Mgr Luis Cabrera Herrera, archevêque de Guayaquil, faisant de lui le sixième cardinal équatorien de l’histoire, signe de l’importance grandissante de cette Église locale au sein de la communion universelle.

Rappelons que la quasi-totalité des Amérindiens d’Équateur fut convertie au catholicisme à la suite de la colonisation espagnole, menée par les conquistadores et les missionnaires. Le catholicisme est devenu religion d’État en 1863, avant que le mouvement libéral engagé à partir de 1889 n’entraîne une séparation partielle entre l’Église et l’État. Un décret de 1904 plaça même l’institution ecclésiale sous le contrôle direct des autorités, avec confiscation de ses biens et instauration d’une liberté totale de culte. Aujourd’hui encore, l’Équateur demeure un pays profondément croyant : selon le CIA World Factbook, environ 95 % de la population se déclarait catholique en 2009. La proportion actuelle des chrétiens est estimée entre 90 et 91 %, dont 74 à 80 % de catholiques et 10 à 14 % de protestants et évangéliques.

Les populations amérindiennes de l’Oriente conservent cependant certains éléments de spiritualité précolombienne, souvent mêlés de pratiques catholiques dans un syncrétisme religieux. Les autres religions présentes dans le pays restent marginales : judaïsme (environ 300 fidèles), islam (environ 150), bouddhisme et bahaïsme, tandis que l’athéisme et l’agnosticisme concernent environ 5 à 10 % des habitants.

La piété populaire demeure très vivante, notamment à travers de grands pèlerinages. Le plus connu est celui du sanctuaire de Notre-Dame de la Présentation à El Quinche, près de Quito, qui rassemble chaque mois de novembre des milliers de fidèles venus de tout le pays.

Dans un pays résolument catholique la mise en garde de Guayaquil rejoint un débat plus large. En Europe, l’ancien Premier ministre français Gabriel Attal a récemment relancé l’idée d’une légalisation « encadrée » de la GPA. Présentée comme « éthique » et non lucrative, cette proposition illustre une tendance idéologique qui traverse les continents : réduire la vie à un objet de désir et la filiation à un contrat.De nombreux observateurs, y compris au sein de l’Église, établissent un parallèle entre la marchandisation de la naissance et d’autres dérives contemporaines où l’être humain est utilisé comme un instrument. Derrière le langage rassurant, c’est une logique individualiste qui s’impose, au détriment de l’enfant, toujours premier concerné.

De l’Équateur au Canada, en passant par l’Europe, les débats sur la PMA, la GPA, l’avortement ou l’euthanasie révèlent la diffusion d’une même idéologie mortifère qui place le désir individuel au-dessus de la dignité humaine. L’Église, fidèle à sa mission, rappelle que toute vie est un don de Dieu et qu’elle doit être accueillie, jamais fabriquée ni marchandisée.

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