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Un show à l’américaine avec Pharrell Williams place Saint-Pierre : le signe d’une Église qui court après le monde

image @Disney - DR
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Samedi 13 septembre 2025, Karol G, bientôt attendue sur la scène du Crazy Horse à Paris, avait chanté place Saint-Pierre aux côtés de Pharrell Williams pour la clôture de la 3ᵉ Rencontre mondiale de la Fraternité.

Entre drones, Disney+ et pop stars, le Vatican avait misé samedi dernier sur un show spectaculaire à l’américaine.
L’événement avait été présenté comme une étape du Jubilé 2025. Disney+ en avait assuré la diffusion mondiale et annoncé une affiche impressionnante : Pharrell Williams avec la chorale Voices of Fire, Andrea Bocelli, John Legend, Jennifer Hudson, Karol G, Clipse, Il Volo, Teddy Swims, Jelly Roll, BamBam, Angélique Kidjo, Ariana Bergamaschi, et la chorale du diocèse de Rome dirigée par Mgr Marco Frisina. Ils avaient été accompagnés de l’Orchestre Nova Opera, du BBE All-Star Band et d’un chœur international, sous la direction musicale d’Adam Blackstone. Plus de 250 000 personnes s’étaient rassemblées place Saint-Pierre, avec un spectacle de drones et de lumières « inspirés de la Chapelle Sixtine ». Disney+ avait proposé l’événement en direct, avant d’en assurer le replay mondial.

Mais derrière les applaudissements et la mise en scène, une question demeurait : l’Église ne risquait-elle pas de confondre la joie chrétienne, enracinée dans la croix et la résurrection, avec la folie d’un entertainment à l’américaine ? Le tube planétaire Happy de Pharrell Williams incarnait un optimisme léger, une bonne humeur contagieuse. Mais la joie chrétienne n’était pas une ambiance ni un slogan. Elle naissait du Christ crucifié et ressuscité, elle demeurait dans l’épreuve et résistait aux ténèbres.

En troquant cette profondeur pour un refrain facile, l’Église risquait de réduire son message millénaire à une simple exhortation à « se sentir bien ».

Le danger ? Produire des « fidèles de l’instant », présents dans l’émotion collective, absents dans les desseins de Dieu. L’histoire l’avait montré : les messes-spectacles des années 1970 avaient suscité de l’enthousiasme éphémère mais peu de conversions durables. L’émotion attirait, seule la vérité convertissait. De même que le vrai-faux « pèlerinage LGBT », largement médiatisé, n’avait jamais été évoqué ni salué (à leur grand regret) par le pape Léon XIV, on pouvait s’interroger : son entourage discernait-il la différence entre la retenue, la discrétion mais aussi la force du Saint-Père, et le carnaval médiatique qui s’était préparé autour de lui ? L’écart était frappant. Là où le pape choisissait le silence et la profondeur, ses collaborateurs semblaient séduits par l’éphémère et le spectaculaire.

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La confusion était d’autant plus grande que Pharrell Williams était un soutien officiel et affiché de la cause LGBT. En 2017, il avait condamné publiquement des propos homophobes tenus par une chanteuse gospel, affirmant qu’il fallait choisir « l’inclusion et l’empathie ». Invité sur le plateau d’Ellen DeGeneres, il avait également proclamé son soutien à « l’égalité pour tous », y compris le mariage homosexuel. Ces positions, largement relayées, posaient problème : quel message le Vatican envoyait-il en plaçant une telle personnalité au centre de la scène de Saint-Pierre ? À minima de l’ambiguïté, au pire du scandale.

La communication officielle parlait déjà d’un « embrassement global », d’un moment d’unité entre peuples, religions et cultures. Pharrell Williams, dans son discours, avait exhorté à « choisir la grâce, choisir la curiosité, jusqu’à ce qu’elles deviennent contagieuses ». Des personnalités comme Naomi Campbell, Graça Machel Mandela ou encore les prix Nobel Kailash Satyarthi et Nadia Murad étaient venues prendre la parole.

Tout cela avait donné l’impression d’un forum onusien transformé en concert Disney+. Mais la mission de l’Église était-elle de répéter les slogans consensuels de la culture globale, ou bien d’annoncer la vérité du salut par la croix du Christ ?

Le spectacle de samedi avait illustré le triomphe du bruit : musiques, slogans, images spectaculaires. Mais Dieu parlait autrement : dans le silence de la prière, dans la beauté de la liturgie, dans l’adoration eucharistique. C’était là que se vivait la rencontre véritable, qui change une vie, bien au-delà d’un concert planétaire. Présenter Karol G, Pharrell Williams et un show de drones comme prélude au Jubilé 2025 avait donné l’image d’une Église qui cherchait à séduire les foules au lieu de proclamer la vérité. Or, une Église qui court après le monde perd sa force prophétique.

Ni Pharrell Williams, ni Karol G, ni Disney+ n’avaient sauvé l’Église. Elle ne l’était pas par l’euphorie d’un show à l’américaine, ni par des slogans idéologiques, mais par sa fidélité au Christ, la force de la Parole et la beauté silencieuse de la liturgie. L’Église n’avait pas vocation à imiter le monde, mais à l’éclairer à contre-courant, avec la lumière qui ne s’éteint jamais.

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