Il y a une différence essentielle entre la théologie et l’idéologie. La théologie est la connaissance de Dieu à travers la Révélation, l’étude des Écritures et de la Tradition de l’Église. Elle n’est pas une invention humaine mais la réception, dans la foi et l’intelligence, de ce que Dieu Lui-même a révélé. En ce sens, elle est immuable, car la Parole de Dieu ne change pas.L’idéologie, au contraire, est une construction de l’esprit humain, toujours marquée par des intérêts politiques, sociaux ou culturels. Elle n’est pas une vérité révélée mais un produit du temps, une opinion collective façonnée par les modes intellectuelles.Aujourd’hui, le drame est que l’on cherche à transformer la théologie en idéologie. Ce qui relève de la vérité éternelle est ramené au rang de simple courant de pensée parmi d’autres.
La Parole de Dieu devient alors attaquable comme n’importe quelle opinion, relativisée et diluée dans un pluralisme où tout se vaut.
Dans ce contexte, quiconque rappelle les vérités immuables de l’Église se voit aussitôt stigmatisé. Comme il existe des « fichés S », on pourrait bientôt imaginer des « fichés C » : des catholiques sous surveillance simplement parce qu’ils proclament la foi de toujours. Se déclarer catholique et exprimer la doctrine intégrale de l’Église attire désormais animosités, caricatures et même haine.
De nombreux laïcs, intellectuels, journalistes, voire certains religieux, veulent réécrire la doctrine pour l’adapter à l’air du temps. Et malheur à ceux qui résistent : ils sont aussitôt qualifiés d’ultraconservateurs et accusés d’être des militants politiques non respectables. Pourtant, sur des sujets comme la famille, le mariage, l’avortement, l’euthanasie ou la procréation artificielle, la Sainte Écriture est claire. La foi chrétienne n’est pas une option parmi d’autres, mais une lumière qui définit l’anthropologie même de l’homme.
Le pape Léon XIV l’a encore rappelé hier : les « menaces contre la dignité de la famille » s’accumulent et l’Église ne bougera pas sur les unions de même sexe ni sur le sacerdoce féminin. Jour après jour, le Saint-Père enchaîne les mises au point, mais cela ne semble pas suffire à calmer ceux qui veulent imposer à l’Église une adaptation forcée à l’air du temps.La malhonnêteté intellectuelle consiste à transformer cette vérité révélée en simple opinion. Une opinion en vaut une autre, dit-on, mais c’est oublier que l’homme ne se construit pas lui-même : il reçoit de Dieu son être, sa dignité et sa vocation. Ainsi s’installe une confusion redoutable, entretenue par ceux qui ne maîtrisent pas la richesse des Écritures, des Pères de l’Église et du Magistère.
Les idéologies contemporaines , qu’il s’agisse de la théorie du genre, du féminisme radical, de l’athéisme militant, de l’écologisme absolutisé, de l’avortement, de l’euthanasie, de la procréation artificielle ou encore du divorce érigé en norme , ne connaissent pas vraiment l’homme tel qu’il est, créé à l’image de Dieu. Elles ont construit une représentation artificielle et abstraite de l’être humain, coupée de la réalité, et cherchent à l’imposer comme un modèle universel. Ce qui est en vérité un poison nous est présenté comme une nourriture saine.
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Dans cette vision falsifiée, l’homme et la femme seraient identiques en tout, toute orientation sexuelle serait équivalente à une autre, le sexe biologique n’aurait plus aucune valeur puisqu’il pourrait être changé à volonté, et la personne humaine vaudrait autant, voire moins, que les animaux, les plantes ou les glaciers. L’homme ne serait plus une personne dès sa conception, ce qui justifierait qu’on puisse le supprimer ou le fabriquer en laboratoire. Sa dignité serait conditionnée par son état de santé ou ses capacités physiques, et il perdrait de sa valeur s’il est malade, dépendant ou souffrant. Enfin, le mariage ne serait plus compris comme une vocation durable entre un homme et une femme, mais comme une option parmi d’autres, révocable à souhait.
Une telle erreur sur la nature véritable de la personne humaine conduit nécessairement à une morale tout aussi erronée, où le bien et le mal ne sont plus fondés sur la vérité de l’homme, mais sur les désirs changeants de la société.
C’est dans ce climat de confusion morale que surgit une autre dérive tout aussi grave : la diabolisation systématique de ceux qui refusent de se plier à cette vision falsifiée de l’homme et demeurent fidèles à la foi catholique.Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle forme de diabolisation des catholiques.Dans certains milieux, dans certains médias, seuls sont tolérés des « catholiques » déjà passés à la machine du relativisme, ceux qui acceptent de reformuler la foi à la lumière de « l’esprit du monde ».Le reste est systématiquement discrédité au nom d’un humanisme dont l’objectif est clair : effacer Dieu.
À cet égard, les musulmans ont un mérite : leur crainte de Dieu structure leur foi et leur vie, sans compromission ni relativisme. Ils croient, point final. Les catholiques, eux, devraient retrouver cette fermeté de l’adhésion et se garder de tout « modernisme » qui n’est qu’une remise en cause de la Parole de Dieu.On regrette ainsi que certains combats, pourtant justes et nécessaires – comme la lutte contre les abus dans l’Église – soient instrumentalisés pour servir d’autres idéologies. Ce mélange des genres ne fait qu’ajouter à la confusion et contribue à la stigmatisation de ceux qui, simplement, veulent rester fidèles à l’Évangile.