et ses compagnons de la légion thébéenne (+ v. 287)
À la fin du IIIe siècle, sous le règne de l’empereur Maximien, un épisode marquant de l’histoire de l’Église naissante s’est déroulé à Agaune, dans l’actuel Valais suisse. C’est là que, selon la tradition, saint Maurice et ses compagnons de la légion thébéenne ont donné leur vie plutôt que de renier leur foi.Maximien, associé à Dioclétien dans l’empire, entreprend à partir de 286 une répression contre les chrétiens. Pour renforcer ses troupes, il fait venir de Thèbes, en Égypte, une légion entière composée de quelque six mille soldats. Leur fidélité au Christ entre en conflit direct avec les exigences impériales. Refusant de sacrifier aux idoles et de prendre part à des persécutions injustes, Maurice, décurion de la légion, et ses hommes subissent l’exécution.
Les récits divergent sur l’ampleur du massacre. Certains auteurs évoquent l’extermination totale de la légion. D’autres, comme saint Eucher de Lyon un siècle et demi plus tard, insistent plutôt sur le témoignage d’un groupe de soldats conduits par Maurice, Exupère, Candide et Victor. Tous trouvent la mort pour avoir affirmé :
« Empereur, nous sommes tes soldats, mais aussi les serviteurs de Dieu. À toi, nous devons le service militaire, à Lui une conscience pure. »
Dès le IVe siècle, une basilique est édifiée sur le lieu du martyre. Le culte de saint Maurice connaît un essor rapide : les reliques sont transférées à Angers, où il devient le patron du diocèse. Au fil des siècles, sa mémoire se répand dans de nombreuses régions : Vienne, Grenoble, Annecy, Autun, mais aussi dans le Cotentin avec le culte de saint Candide.La figure de Maurice inspire artistes et fidèles. Matthias Grünewald, Le Greco et d’autres maîtres ont représenté son sacrifice, mettant en valeur la fidélité chrétienne face aux ordres contraires à la conscience. Dans la tradition militaire catholique, il demeure un modèle d’obéissance à l’autorité légitime, mais aussi de refus courageux de l’injustice.
Aujourd’hui encore, l’abbaye de Saint-Maurice en Suisse perpétue la mémoire de ces martyrs dont le témoignage, au-delà de la légende, rappelle que la foi vécue avec cohérence peut conduire jusqu’au don total de soi.
Avec nominis
