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« Un ministère nécessaire et délicat » : le pape Léon XIV rappelle l’importance de l’exorcisme dans la vie de l’Église

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« Je ne pourrai pas me reposer jusqu’à la fin du monde, tant qu’il y aura des âmes à sauver » (Sainte Thérèse de Lisieux)

Dans un message adressé au 15e congrès de l’Association internationale des exorcistes, le pape Léon XIV a rappelé l’importance du ministère de l’exorcisme dans la vie de l’Église. Le Saint-Père a encouragé les prêtres mandatés pour cette mission à l’exercer avec foi et humilité, comme œuvre essentielle de libération face aux forces du Malin.

Le message, transmis par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin aux participants réunis du 15 au 20 septembre à Sacrofano près de Rome, exprime « l’appréciation du Saint-Père pour les prêtres qui se consacrent au ministère de l’exorciste, si délicat et plus que jamais nécessaire, les encourageant à le vivre comme un ministère de libération du Malin mais aussi de consolation ». Le pape invite les exorcistes à « accompagner les fidèles réellement possédés par le démon avec la prière et l’invocation de la présence efficace du Christ, afin que, par le sacramental de l’exorcisme, le Seigneur accorde la victoire sur Satan ».La rencontre, qui a réuni environ trois cents prêtres et auxiliaires exorcistes venus des cinq continents, a permis de réfléchir aux défis actuels de ce ministère. Le président de l’AIE, Monseigneur Karel Orlita, a rappelé que l’exorcisme est un signe concret de l’amour de l’Église envers ses frères qui souffrent. Le cardinal Arthur Roche, préfet du dicastère pour le Culte divin, a souligné que la souffrance vécue par les personnes tourmentées les associe aux souffrances du Christ. Le cardinal Parolin a, de son côté, rappelé que l’exorciste n’agit pas par ses propres forces mais par un don reçu du Christ et qu’il doit l’exercer avec humilité.

Les travaux ont aussi porté sur la révision du Rituel de l’exorcisme, actualisé une première fois en 1999 sous saint Jean-Paul II. Mgr Aurelio García Macías, du dicastère pour le Culte divin, a insisté sur la nécessité d’une mise à jour qui corrige les imprécisions et souligne la centralité du Christ dans ce rite liturgique. L’exorcisme, loin d’être une pratique marginale ou folklorique, demeure une célébration liturgique exercée in persona Christi.

L’histoire de ce ministère remonte aux Évangiles, où Jésus est fréquemment montré chassant les démons, démontrant ainsi son autorité divine et l’avènement du Royaume de Dieu. Il transmet ce pouvoir à ses apôtres, comme le rapporte saint Marc, et ceux-ci poursuivent cette mission après la Résurrection, comme en témoignent les Actes des Apôtres. L’exorcisme a donc une base scripturaire solide, confirmée par la théologie catholique comme une part intégrante de la mission de l’Église. L’Ancien Testament, lui, mettait déjà en garde contre les pratiques occultes telles que la divination ou la nécromancie, qui ouvrent des brèches au démon et sont interdites par la Loi mosaïque.

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La pratique de l’exorcisme dans l’Église catholique est double. Le grand exorcisme, ou exorcisme solennel, est un rituel formel réservé aux cas de possession démoniaque et ne peut être accompli que par un prêtre mandaté par son évêque. À côté de cela, les exorcismes mineurs sont présents dans plusieurs rites, notamment le baptême, et concernent aussi la bénédiction de personnes, de lieux ou d’objets. Cette distinction manifeste la prudence pastorale de l’Église, soucieuse d’encadrer rigoureusement la pratique pour éviter tout abus.

Le père Gabriele Amorth, fondateur de l’AIE en 1994 aux côtés du prêtre français René Chenesseau, reste une figure de référence. Auteur de nombreux ouvrages, il a contribué à donner une visibilité nouvelle à ce ministère et à former plusieurs générations de prêtres. L’association, reconnue en 2014 par le Saint-Siège, poursuit ce travail de formation et d’accompagnement, répondant aux défis spirituels d’aujourd’hui, marqués par un regain d’intérêt pour l’occultisme et certaines pratiques ésotériques.Les papes récents n’ont cessé de rappeler la réalité de l’action du démon. Benoît XVI avait souligné que « le diable existe encore aujourd’hui, comme puissance perverse qui agit dans l’histoire ». François, de son côté, mettait en garde contre la tentation de relativiser ou de psychologiser uniquement les manifestations du Malin, insistant sur la nécessité d’un discernement qui tienne ensemble foi et raison. Dans cette ligne, Léon XIV reprend le flambeau en réaffirmant que l’exorcisme doit demeurer un service pastoral attentif et prudent.

L’actualité de ce ministère se lit aussi dans l’expérience des exorcistes contemporains, qui témoignent souvent de la détresse profonde des personnes qu’ils accompagnent. Les phénomènes d’oppression spirituelle ne sont pas à confondre avec les maladies psychologiques, mais l’Église veille toujours à ce que des enquêtes médicales et psychologiques précèdent toute décision de pratiquer un grand exorcisme. Cette rigueur manifeste la sagesse pastorale d’un discernement qui protège à la fois l’intégrité du rite et la dignité des personnes.En réaffirmant la nécessité de l’exorcisme, Léon XIV inscrit son pontificat dans une continuité claire : l’Église ne ferme pas les yeux sur la présence du Malin dans le monde, mais elle proclame la victoire définitive du Christ. L’exorcisme rappelle que, malgré les ténèbres, la lumière divine demeure plus forte. À travers ce ministère, l’Église accomplit une mission de protection, de libération et d’espérance, en témoignant que le mal n’a pas le dernier mot.

« Je ne pourrai pas me reposer jusqu’à la fin du monde, tant qu’il y aura des âmes à sauver » (Sainte Thérèse de Lisieux)

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