Mardi 23 septembre, lors d’une conférence de presse organisée au groupe scolaire Saint-Vincent-de-Paul à Paris, Guillaume Prévost, nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique, a d’abord regretté « l’empilement de polémiques stériles, des guéguerres entre discipline positive et sanction réparatrice, des argumentaires sans fin sur le sexe des anges ». Et de marteler : « Mettre en exergue ces conflits c’est une manière de fuir nos responsabilités. » Rendant hommage aux enseignants engagés dans une « relation éducative singulièrement tourmentée », il a plaidé pour une « revalorisation salariale » et appelé la société à chercher « les terrains d’entente » qui permettraient de renouveler l’éducation. L’Enseignement catholique, a-t-il rappelé, avec ses 7 500 établissements, « a un rôle à jouer et une expertise à partager », notamment à travers « l’affirmation ouverte et apaisée d’un projet pleinement ouvert à tous, pleinement universel et donc pleinement chrétien ».
Il a insisté sur la confiance accordée par les familles : « L’Enseignement catholique est un collectif qui va bien et même très bien et dont la singularité repose sur la confiance. » Selon lui, ce dynamisme se traduit notamment au collège : « Les familles nous font confiance, particulièrement au moment délicat de l’entrée en 6e, où nos effectifs augmentent de 50 %. Ce n’est pas une fuite du public mais bel et bien un choix. Celui de la proximité, de structures à taille humaine qui valorisent la relation ainsi que l’alliance avec les familles. »
Abordant la question des abus, il a reconnu avec gravité : « Ce qui s’est passé à Bétharram – ces abus, ce dévoiement de l’autorité – est sérieux, très sérieux. Les jeunes blessés et leurs parents ont été trahis à l’endroit même de la promesse que nous leur faisions. Cette trahison nous engage à une responsabilité accrue. » Pour lui, « il ne s’agit pas d’un catalogue de mesures, mais de poser un regard global sur ces drames ». Il a rappelé la création de cellules d’écoute dans les diocèses, les protocoles de signalement en lien avec les procureurs, la constitution d’un réseau de référents et les démarches de justice restaurative. Et il a salué « le courage de plusieurs diocèses, notamment celui de Nantes, qui ont choisi de révéler publiquement des histoires douloureuses ».Guillaume Prévost a ensuite mis en garde contre la fragilisation de l’autorité : « Suicides d’élèves, agressions entre pairs, abus : autant de signaux d’une perte de légitimité de l’autorité éducative. » Il a poursuivi : « Il ne faut pas que la remise en cause de l’autorité éducative conduise à son effacement. Nous ne pouvons pas laisser les enfants seuls, en prise directe avec une société de consommation qui les prend pour cible. »
Sur la laïcité et la liberté de conscience, Guillaume Prévost a tenu des propos volontairement percutants : « Allez-vous dans un resto chinois pour commander des pizzas ? Considérez-vous qu’emmener vos enfants à une messe de mariage d’amis contrevient à leur liberté ? »
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Et de préciser : « Nos enseignants, agents publics de l’État mais pas fonctionnaires, ne sont pas soumis au principe de neutralité. Ils peuvent témoigner de leur foi sans prosélytisme, proposer des temps d’intériorité, et même faire des maths chrétiennes en convoquant la métaphysique d’Aristote ! »Enfin, le secrétaire général a dénoncé les inégalités de financement qui fragilisent de nombreux établissements :
« Un élève de l’Enseignement catholique coûte 50 % moins cher au contribuable qu’un élève du public. Mais moins la puissance publique finance l’Enseignement catholique, plus celui-ci est de facto réservé aux riches. »
En conclusion, il faut rappeler que l’Enseignement catholique demeure, pour des millions de familles, un choix fondamental. Non pas une échappatoire mais une expression concrète de la liberté religieuse et de la liberté éducative. C’est une richesse pour la société française qu’il existe des établissements capables de conjuguer exigence académique, liberté pédagogique et projet chrétien. Certains voudraient réduire cette réalité à ses seuls drames, pointer sans relâche les blessures du passé et ignorer la vitalité présente. Or la vérité est simple : l’école catholique, malgré ses faiblesses et ses épreuves, reste un espace de liberté et de responsabilité où les familles peuvent inscrire leurs enfants par conviction, et non par défaut.
C’est ce droit qu’il faut défendre, car il engage non seulement l’avenir de l’éducation, mais aussi la liberté de conscience et la liberté religieuse dans notre pays.
Vidéo de l’intervention