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Le pape Léon XIV a reçu en audience l’évêque de Huacho : le « dossier péruvien » s’impose dans l’agenda du souverain pontife

Monseigneur Antonio Santarsiero Rosa-  DR
Monseigneur Antonio Santarsiero Rosa- DR
Reste une interrogation : comment le pape Léon XIV entend-il employer l’expérience de Monseigneur Santarsiero ?

Le Pérou est sans conteste une épine dans la chaussure du pape Léon XIV en ce début de pontificat. Après avoir accepté la démission controversée de Monseigenur Ciro Quispe Lopez, le Saint-Père a reçu aujourd’hui, jeudi 25 septembre 2025, Monseigneur Antonio Santarsiero Rosa, évêque de Huacho au Pérou. Deux événements rapprochés qui soulignent combien le dossier péruvien s’impose déjà à l’agenda du nouveau pape.

Mercredi 24 septembre, le Bureau de presse du Saint-Siège annonçait la démission de Mgr Ciro Quispe Lopez, prélat de Juli. Âgé de seulement 52 ans, l’évêque a quitté ses fonctions bien avant l’âge canonique de la retraite. Accusé dans la presse péruvienne d’inconduites sexuelles et de mauvaise gestion financière, il a toujours nié les faits. La décision de Léon XIV, sans explication publique détaillée, est perçue à la fois comme un geste de rigueur et comme un « signe d’opacité ». Ce terme revient souvent dans les commentaires, car la visite apostolique ordonnée en 2024 par le pape François pour examiner les accusations n’a jamais rendu ses conclusions publiques. Le fait de clore l’affaire par un simple communiqué, sans les éléments retenus ni sur les raisons exactes de la démission, laisse planer le doute : s’agit-il d’un acte courageux face à des accusations sérieuses, ou d’un règlement discret d’un dossier embarrassant ?

Aujourd’hui, jeudi 25 septembre, le pape Léon XIV a reçu en audience MonseigneurAntonio Santarsiero, évêque de Huacho qu’il a côtoyé durant ses années épiscopales passées au Pérou. Né en 1947 en Italie et membre de la congrégation des Oblats de saint Joseph (O.S.I.), il a été missionnaire au Pérou pendant plusieurs décennies avant d’être nommé évêque de Huacho en 2004. Pasteur d’expérience, il est reconnu pour son engagement pastoral mais aussi pour un style franc et parfois polémique.Durant la pandémie de COVID-19, il s’était illustré en revendiquant la construction d’une usine d’oxygène à Huacho au Pérou, minimisant la contribution du peuple et critiquant sévèrement les autorités régionales. Ses propos avaient suscité un vif débat, certains saluant sa détermination, d’autres jugeant son attitude arrogante. Contrairement à d’autres évêques péruviens, il n’a cependant pas été associé aux scandales d’abus qui ont marqué l’Église du pays.

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Cette succession d’événements entre une évêque démissionnaire et le lendemain l’ audience d’un prélat d’experience met en lumière le poids de la question péruvienne dans l’agenda papal, lui-même ancien évêque de Chiclayo. Elle rappelle aussi l’urgence d’une parole claire : « La tolérance zéro doit aller de pair avec la transparence », insistent plusieurs voix catholiques. Pour Léon XIV, la manière dont il expliquera ou non ses choix pèsera lourd dans la crédibilité et la suite de son pontificat naissant.

Reste une interrogation : comment le pape Léon XIV entend-il employer l’expérience de Monseigneur Santarsiero ?

Évêque enraciné depuis plus de vingt ans au Pérou, il connaît intimement les tensions sociales, politiques et pastorales qui traversent l’Église locale, il connait également la réalité des affaires de l’Eglise péruvienne. En le recevant aujourd’hui, le pape semble vouloir s’appuyer sur ce regard de terrain, au moment même où sa propre gestion des affaires péruviennes est scrutée. Car depuis son élection au trône de Saint Pierre, les critiques n’ont pas manqué de rappeler les dossiers sensibles qui « mettent en cause » l’ancien évêque de Chiclayo : accusations de lenteur ou d’opacité dans le traitement d’affaires d’abus, ou encore polémiques autour du Sodalitium Christianae Vitae. Pour certains observateurs, l’acceptation rapide de la démission de Mgr Quispe Lopez sans publication des résultats de la visite apostolique apparaît comme une erreur du souverain pontife. Le risque est en effet de donner l’impression que les décisions se prennent dans les couloirs du Vatican, à huis clos, plutôt qu’à la lumière d’une vérité dérangeante mais nécessaire.

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