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Pourquoi un syndicat de l’enseignement catholique se démarque-t-il des propos du nouveau secrétaire général ?

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En assumant sa vision de la prière à l’école, Guillaume Prévost revendique une identité chrétienne claire. Face à lui, le SPELC appelle à une stricte distinction entre éducation et vie spirituelle

À peine nommé, Guillaume Prévost, nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, fait déjà réagir. Ses propos en faveur de la prière à l’école ont provoqué une réponse rapide du Syndicat professionnel de l’enseignement libre catholique (SPELC). Alors que certains s’attendaient à une position alignée sur celle du nouveau responsable, le syndicat a choisi de réaffirmer ses propres principes : la prière est légitime dans les établissements, mais elle doit rester un choix personnel, respectueux de la liberté de conscience, sans confusion avec la mission éducative. Ce positionnement crée une dissonance avec la ligne défendue par Guillaume Prévost, qui insiste pour sa part sur la liberté pédagogique et la place assumée de la vie spirituelle dans l’école catholique, au moment même où de nombreuses voix ecclésiales appellent également à une réaffirmation claire de l’identité chrétienne de l’enseignement.

La divergence est réelle mais révélatrice. D’un côté, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique a choisi d’assumer publiquement la question de la prière avec les élèves, en rappelant que l’école catholique ne peut se réduire à une copie de l’école publique et qu’elle doit affirmer sans complexe sa dimension spirituelle. De l’autre, le SPELC rappelle que le cadre réglementaire existe déjà et qu’il suffirait de l’appliquer. En toile de fond, une interrogation demeure : l’enseignement catholique en France a-t-il encore la volonté de proclamer clairement sa mission spirituelle, ou choisira-t-il de l’édulcorer pour éviter les critiques ?

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Lors de sa conférence de presse du 23 septembre 2025, Guillaume Prévost a tenu des propos forts et assumés : les enseignants « ont parfaitement le droit » de prier avec leurs élèves en classe, au nom de leur liberté pédagogique et de conscience. Et de préciser sans détour : « si vous estimez que si je dis un Je vous salue Marie, c’est insupportable pour vous, il ne faut pas inscrire votre enfant dans nos établissements ». Une parole franche, saluée par beaucoup comme un signe de courage et de clarté, qui replace la foi au cœur du projet éducatif catholique.

Le communiqué publié le 29 septembre 2025 par le SPELC, en cherchant à rappeler certaines règles, marque certes une volonté de clarification, mais il souligne aussi cette tension interne : entre un discours de prudence institutionnelle et la détermination de Guillaume Prévost à redonner à l’enseignement catholique son identité propre et visible.

Intégralité du communiqué du SPELC

Lettre du 29 septembre 2025 : réaction au propos de Guillaume Prévost

« L’enseignement catholique doit affirmer son projet éducatif dans le respect de la liberté de conscience.

Suite aux récents propos de Guillaume Prévost, nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique, concernant la place de la prière en cours dans nos établissements, le Spelc souhaite simplement rappeler son attachement à deux principes essentiels :

  • le respect de la liberté de conscience de chaque élève et chaque enseignant, quelles que soient ses convictions religieuses,
  • la mission fondamentale de l’école : transmettre le savoir et favoriser la citoyenneté dans un cadre inclusif.

Le Spelc considère que l’École est un lieu commun où chacun se sent accueilli dans sa singularité. La prière est un choix intime et spirituel qui relève du choix personnel. Elle ne doit pas être un élément imposé ou indirectement contraint dans le cadre de l’enseignement.

Notre position n’enlève rien à la valeur du projet éducatif de l’enseignement catholique, qui a toute sa place dans l’histoire de la culture de notre société. Nous appelons tout simplement à bien distinguer ce qui relève de l’éducation commune et ce qui appartient à la vie spirituelle de chacun.

Nous rappelons que la règlementation actuelle permet déjà la prière dans les établissements. Le contrat avec l’État demande simplement de le faire en dehors des obligations réglementaires de service (ORS). La liberté de conscience de chacun implique le volontariat et la proposition plutôt que l’obligation et l’injonction.

Dans un contexte où la cohésion sociale devient précieuse, le Spelc pense qu’il est essentiel de privilégier le dialogue, le respect mutuel et la construction d’un espace scolaire ouvert, où toutes les sensibilités peuvent coexister dans la sérénité, ce qui n’empêche pas ceux qui le souhaitent de pouvoir pratiquer leur foi en conscience.

C’est là notre vision du projet éducatif de l’Enseignement catholique.« 

communiqué

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