À l’occasion du 35e anniversaire de la réunification allemande, une déclaration commune a été publiée hier, mercredi 1er octobre 2025, par le président de la Conférence épiscopale allemande, Monseigneur Georg Bätzing, et la présidente du Conseil de l’Église évangélique en Allemagne, l’évêque Kirsten Fehrs.Dans ce texte, les deux responsables affirment que « depuis 35 ans, ce qui était séparé a grandi ensemble ». Ils rappellent qu’à la date historique du 3 octobre 1990, « l’Allemagne est redevenue une patrie indivise pour ses citoyens de l’Est et de l’Ouest, qui pendant plus de 40 ans ont dû vivre dans deux États séparés ».
Pour les jeunes Allemands, la division du pays « est désormais un lointain souvenir », mais d’autres constatent encore aujourd’hui que « les conditions de vie nettement différentes dans les zones autrefois séparées par le Mur demeurent bien présentes ». Les signataires reconnaissent que pour une partie de la population « les différences entre Est et Ouest ne sont plus un problème », tandis que pour d’autres, « l’unité n’est pas encore atteinte ».Ils soulignent qu’il est bon de se souvenir ensemble du temps de la séparation, de la réunification et aussi des erreurs commises en chemin. En citant le livre du Deutéronome, ils rappellent : « Rappelez-vous de tout le chemin que le Seigneur, votre Dieu, vous a fait parcourir ». Et d’ajouter : « En nous souvenant du passé, nous trouvons une orientation pour l’avenir ».
Cette déclaration a été reprise notamment par l’agence de presse catholique Agensir. Elle s’inscrit dans la continuité du travail œcuménique entrepris depuis de nombreuses années entre catholiques et protestants en Allemagne. Le choix de publier un texte commun à la veille du 3 octobre, date de la fête nationale allemande, rappelle que l’unité nationale n’est pas seulement le fruit d’une décision politique mais qu’elle reste un chemin à poursuivre, marqué à la fois par les progrès accomplis et par les blessures encore perceptibles.En évoquant à la fois les réussites et les fragilités, les signataires veulent mettre en valeur la responsabilité des Églises dans la mémoire collective. La réunification demeure un événement fondateur pour l’Allemagne contemporaine, et à travers ce message, catholiques et évangéliques affirment que « le souvenir des épreuves passées doit servir de guide pour affronter les défis présents et futurs ».
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Cette déclaration commune entre catholiques et évangéliques allemands, au-delà de sa dimension œcuménique, rappelle une vérité fondamentale : une nation qui perd la mémoire de son histoire se fragilise. La réunification de 1990 a marqué une étape décisive pour l’Allemagne contemporaine, mais elle demeure un processus toujours en construction, car l’unité ne se décrète pas seulement par des décisions politiques, elle se vit dans le quotidien des familles, des communautés et des générations.
Dans un contexte européen marqué par les tentations de relativisme et d’oubli volontaire, le rappel des racines et de la mémoire prend une valeur particulière. Reconnaître les blessures du passé, sans effacer les joies et les réussites, constitue une manière de fortifier la cohésion nationale. Comme l’ont souligné les responsables allemands, c’est en regardant lucidement en arrière que l’on peut trouver une orientation pour l’avenir.À l’heure où de nombreux pays européens semblent parfois tentés de tourner la page de leur héritage historique et spirituel, la démarche de l’Allemagne, par la voix de ses Églises, mérite d’être saluée. Elle témoigne que l’unité véritable ne se fonde pas sur l’oubli mais sur la fidélité à une mémoire partagée, capable de donner sens et stabilité aux générations présentes et futures.