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7 OCTOBRE : Le cardinal Parolin rappelle que « l’antisémitisme est un cancer à combattre et à éradiquer »

Cardinal Parolin - DR
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« Aucun Juif ne doit être attaqué ou discriminé en tant que Juif, aucun Palestinien en tant que potentiel terroriste»

À l’occasion du deuxième anniversaire de l’attaque du Hamas contre Israël, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, invite à rompre la logique infernale de la haine et de la vengeance qui déchire le Moyen-Orient depuis deux ans.Le 7 octobre 2023, le monde a assisté à une opération terroriste d’une ampleur inédite. Plus de deux mille miliciens du Hamas et d’autres groupes palestiniens ont pénétré en territoire israélien, tuant 1 200 personnes, civils et militaires, et enlevant environ 250 otages. Ce massacre, que le cardinal Pietro Parolin a qualifié d’« indigne et inhumain », n’est pas né du néant. Il s’inscrit dans un conflit qui s’étend sur des décennies et qui, chaque fois qu’une perspective de paix semble poindre, est ravivé par des sabotages sanglants. Cette fois encore, l’attente d’un accord entre Israël et l’Arabie saoudite a été brisée par la violence.

L’attaque du 7 octobre a marqué un tournant : jamais Israël n’avait subi une telle invasion sur son propre sol, ni été confronté à une démonstration de cruauté aussi méthodique. Le Hamas savait parfaitement que la riposte serait terrible et comptait sur la réaction d’Israël pour provoquer l’indignation internationale et l’isolement de l’État hébreu. Le calcul a en partie réussi, mais les conséquences ont été dramatiques. La logique de la mort et de la haine a alors emporté toute raison, déclenchant une guerre d’une violence inouïe.

Pour le cardinal Parolin, la riposte d’Israël n’a fait qu’ajouter à la tragédie. « Il est inacceptable et injustifiable de réduire les êtres humains à de simples “victimes collatérales” », a-t-il déclaré, évoquant « des personnes tuées alors qu’elles cherchaient un morceau de pain, des familles ensevelies sous les décombres, des malades bombardés dans les hôpitaux, des réfugiés contraints de fuir d’un endroit à l’autre d’un territoire déjà exsangue ». Et de rappeler que même la légitime défense doit « respecter le paramètre de la proportionnalité ».

Le numéro 2 du Vatican appelle à un sursaut de conscience : « Il faut retrouver le sens de la raison, abandonner la logique aveugle de la vengeance et refuser la violence comme solution. » Selon lui, la guerre actuelle « ne tient pas compte du fait qu’elle s’acharne sur une population largement sans défense, épuisée, vivant dans une zone réduite en ruines ».Le cardinal met également en garde contre la manipulation idéologique et les fausses informations qui nourrissent la haine. « Nous vivons de fake news et de simplifications de la réalité. Cela conduit certains à attribuer aux Juifs, en tant que tels, la responsabilité de ce qui se passe à Gaza. Ce n’est pas vrai : de nombreuses voix du monde juif s’élèvent contre la manière dont le gouvernement israélien agit à Gaza et dans le reste de la Palestine, où l’expansionnisme souvent violent des colons empêche la naissance d’un État palestinien. »

Il réaffirme avec force que « l’antisémitisme est un cancer à combattre et à éradiquer », tout en avertissant qu’« aucun Juif ne doit être attaqué ou discriminé en tant que Juif, et aucun Palestinien en tant que potentiel terroriste ». Pour lui, « la perverse chaîne de la haine engendre une spirale qui ne peut conduire à rien de bon ».

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Le cardinal Parolin salue par ailleurs les « initiatives positives pour la paix » et rappelle que « le rôle des chrétiens n’est pas de se renfermer dans les sacristies ». Il réaffirme le soutien du Saint-Siège à la solution des « deux peuples, deux États », déjà reconnue il y a dix ans par le Vatican, et souligne que « toute proposition qui implique le peuple palestinien dans les décisions sur son avenir et qui permet de mettre fin à cette hécatombe doit être accueillie et soutenue ».Dans un contexte où les morts se comptent chaque jour par dizaines, parfois par centaines, le cardinal confie sa douleur : « Tant d’enfants meurent dont le seul tort est d’être nés là. Nous risquons de nous habituer à cette boucherie. » Et de conclure en écho à l’appel du pape Léon XIV : « La prière ne suffira jamais, mais elle ne sera jamais inutile. Elle doit s’accompagner d’un engagement concret pour la paix, d’une mobilisation des consciences et d’un refus courageux de l’indifférence. »

Dans un conflit aussi ancien que douloureux, les paroles du cardinal Parolin rappellent qu’aucune cause ne saurait justifier la déshumanisation de l’adversaire. La paix ne se construira ni sur la vengeance ni sur la peur, mais sur la reconnaissance du droit de chaque peuple à vivre en sécurité et dans la dignité. Israël, légitimement préoccupé par sa défense, et les Palestiniens, aspirant à une patrie, ne trouveront d’avenir qu’en renonçant à la logique de la haine. C’est à cette conversion du cœur que la voix de l’Église appelle aujourd’hui, avec la force tranquille de l’Évangile.

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