Et ses compagnons, martyrs à Paris (IIIe siècle)
En ce jeudi 9 octobre, l’Église célèbre la mémoire de saint Denis, premier évêque de Paris, et de ses compagnons Éleuthère et Rustique, martyrs au IIIᵉ siècle. Leur témoignage de foi demeure une pierre fondatrice de l’histoire chrétienne de la France et un symbole de fidélité à l’Évangile jusqu’au don total de la vie.
Selon le récit de Grégoire de Tours, Denis fut envoyé en Gaule vers l’an 250 par le pape, accompagné de six autres évêques missionnaires, pour annoncer la foi chrétienne. Il s’établit à Lutèce, l’actuelle Paris, où il devient le premier évêque. C’est là qu’il prêche l’Évangile avec zèle, au point de subir la persécution et le martyre, probablement sous les règnes de Dèce (250) ou de Valérien (258).
Le nom de saint Denis apparaît pour la première fois vers 520 dans La Vie de sainte Geneviève, qui évoque la dévotion de la sainte envers le martyr qu’elle appelait son « père dans la foi ». C’est elle qui aurait obtenu du clergé parisien la construction d’une église sur sa tombe, au vicus Catulliacus, à environ huit kilomètres au nord de la Seine, lieu où s’élève aujourd’hui la basilique Saint-Denis. Un demi-siècle plus tard, le martyrologe hiéronymien mentionne la déposition de Denis et de ses compagnons au 9 octobre, tandis que saint Venance Fortunat atteste déjà la diffusion de son culte jusqu’à Bordeaux.Dès le VIIᵉ siècle, une abbaye s’élève près du tombeau du martyr. Sous Dagobert Ier, elle devient un haut lieu du royaume des Francs et le sanctuaire des rois de France. Cette abbaye contribue à la diffusion du culte de saint Denis et à l’enracinement de sa légende. Vers 835, l’abbé Hilduin identifie Denis de Paris avec Denys l’Aréopagite, le disciple de saint Paul mentionné dans les Actes des Apôtres. Cette confusion, bien que non fondée historiquement, élève la figure de saint Denis au rang de théologien mystique et universel, marquant durablement la spiritualité médiévale.
L’iconographie chrétienne représente souvent saint Denis portant sa tête décapitée entre ses mains, un symbole fort. Cette image exprime la vérité théologique selon laquelle la tête, le Christ, ne peut être séparée de son corps, l’Église. Ce geste légendaire, dit-on, aurait conduit le saint de Montmartre jusqu’au lieu de sa sépulture à Saint-Denis, marquant ainsi le territoire de la foi à travers Paris.
Saint Denis demeure le patron de la ville de Paris et du département de la Seine-Saint-Denis. Son exemple rappelle la vocation missionnaire de l’Église en France : annoncer le Christ dans un monde souvent indifférent ou hostile, avec courage et espérance. Son culte, enraciné depuis plus de dix-sept siècles, témoigne d’une foi capable de traverser les âges. Dans le silence de la basilique Saint-Denis, les pèlerins continuent aujourd’hui de se recueillir sur la tombe du premier évêque de la capitale, fondateur spirituel d’une tradition chrétienne toujours vivante.
Avec Nominis