Alors que la France s’apprête à rouvrir le débat sur la fin de vie, la nomination de Stéphanie Rist au ministère de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées suscite déjà des réactions. Médecin et députée du Loiret, la nouvelle ministre s’est déclarée favorable à la légalisation de l’euthanasie, une position qui interroge au regard de l’enseignement de l’Église et de la mission même du soin.
Âgée de 52 ans, Stéphanie Rist est rhumatologue au CHU d’Orléans. Diplômée de la faculté de médecine de Tours et titulaire d’un master en gestion et politique de santé à Sciences Po Paris, elle a toujours maintenu un lien étroit avec le terrain médical, même après son entrée en politique. Élue députée de la première circonscription du Loiret en 2017, elle a porté plusieurs réformes importantes. Parmi elles, la loi Rist de 2021, qui encadre l’intérim médical et limite les dérives salariales dans les hôpitaux, une proposition de loi facilitant l’accès direct aux kinésithérapeutes et infirmiers, et la réforme des retraites de 2023, qu’elle a rapportée à l’Assemblée nationale.
En avril 2025, elle a également remis un rapport sur la prise en charge de la ménopause, confirmant son engagement dans les questions de santé publique. En 2022, elle confiait à France 3 vouloir « améliorer l’accès aux soins sur nos territoires », un enjeu majeur dans sa région du Centre-Val de Loire, la moins bien dotée de France métropolitaine en médecins généralistes.
Stéphanie Rist s’est déclarée favorable à une loi permettant aux patients de choisir leur fin de vie, rejoignant la position du président Emmanuel Macron sur l’aide active à mourir.
Pour ses partisans, cette évolution législative constituerait une avancée en matière de liberté individuelle. Pour ses opposants, notamment dans le monde médical et religieux, elle pose une question essentielle : jusqu’où peut aller la liberté de disposer de sa vie sans fragiliser le lien de solidarité envers les plus vulnérables ? Cette prise de position, désormais portée au sommet de l’État, s’inscrit dans un débat de société complexe, où s’affrontent des conceptions opposées de la dignité humaine et du rôle du médecin.
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L’Église catholique, tout en reconnaissant la légitimité de l’accompagnement des personnes en fin de vie, rejette toute action qui aurait pour but de provoquer délibérément la mort. Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle que « quelle qu’en soit la forme, l’euthanasie directe met fin à la vie de personnes handicapées, malades ou mourantes. Elle est moralement inacceptable » (CEC §2277) :« La compassion véritable ne consiste pas à supprimer celui qui souffre, mais à l’accompagner dans la lumière de l’amour. » Ces paroles invitent au discernement, non à la polémique, et rappellent la vocation du soin comme acte de présence et d’amour.
La première tâche de la nouvelle ministre sera de défendre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, avant d’aborder, sans doute, la réforme de la fin de vie annoncée par le chef de l’État. Ce texte pourrait ouvrir la voie à l’euthanasie sous couvert de « liberté », bouleversant ainsi le socle éthique sur lequel repose la médecine française. Derrière le langage de la compassion et de la modernité, beaucoup redoutent l’instauration d’un droit à donner la mort qui transformerait profondément la relation entre le médecin et le patient.
Pour de nombreux fidèles , la question n’est plus seulement morale mais civilisationnelle. Le risque est celui d’une société qui, au nom de la maîtrise de soi et du refus de la souffrance, en vient à considérer la vie comme une variable dépendant du consentement ou de l’utilité. L’Église, elle, rappelle inlassablement que toute existence, même marquée par la maladie ou la dépendance, demeure porteuse d’une dignité inaliénable.La nomination de Stéphanie Rist intervient ainsi à un moment où la France semble tentée de franchir une ligne de non-retour. En confiant à une ministre acquise à la cause de l’euthanasie la responsabilité de la santé publique, le gouvernement prend un parti clair dans un débat qui touche au cœur même de l’humanité. La société française devra choisir : rester fidèle à une tradition de soin fondée sur le respect absolu de la vie, ou consentir, au nom d’une fausse compassion, à faire de la mort un acte médical ordinaire.