Face au plus grand scandale de corruption depuis dix ans, l’Église catholique des Philippines appelle les fidèles à se rendre à la messe vêtus de blanc. Ce geste de foi et de repentance, soutenu par le cardinal Pablo Virgilio David, veut rappeler que la purification morale du pays commence par la conversion du cœur.
Depuis le début du mois d’octobre, les églises des Philippines se remplissent de fidèles vêtus de blanc. Cette initiative, lancée par la Conférence épiscopale des Philippines (CBCP), s’inscrit dans une vaste mobilisation spirituelle et civique contre la corruption. À l’origine de cet appel : le cardinal Pablo Virgilio David, président de la CBCP, figure respectée du catholicisme philippin et défenseur infatigable de la transparence dans la vie publique.
« Nous demandons à tous les catholiques de porter du blanc chaque dimanche d’octobre et de novembre, et d’accrocher des rubans blancs dans leurs maisons, leurs églises et les lieux publics », a déclaré le cardinal David. « C’est le signe de notre désir de transparence, de responsabilité et de bonne gouvernance, ainsi qu’une humble prière pour que notre nation soit lavée et renouvelée dans la miséricorde de Dieu. »
Cette initiative fait suite à un gigantesque scandale de détournement de fonds publics dans des projets de contrôle des inondations, qui a indigné la population. Des milliards de pesos auraient été volés par des responsables publics et des entrepreneurs privés. Dans un pays régulièrement frappé par des typhons et des inondations meurtrières, cette affaire a été ressentie comme une trahison morale et politique.
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Le cardinal David a dénoncé un « moment décisif pour la responsabilité publique », exhortant les autorités à ne pas céder à la tentation du « blanchiment » des enquêtes en cours. « Le peuple philippin observe attentivement. Une nation ne peut pas guérir lorsque ses artères morales sont obstruées par la corruption et l’intérêt personnel », a-t-il averti dans une lettre ouverte au gouvernement.
La Conférence épiscopale avait déjà organisé, le 7 octobre, une Journée nationale de prière et de repentance, tandis que des prêtres et des évêques ont participé à la “Trillion Peso March”, une manifestation massive contre la corruption qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Quezon City le 21 septembre dernier. Le cardinal David y était présent, tenant sa crosse pastorale parmi les fidèles habillés de blanc.« Que nos vêtements blancs soient le symbole de la pureté que nous recherchons pour notre terre et pour nos cœurs », ont écrit les évêques dans leur circulaire datée du 11 octobre.
« Que cette saison de prière et de repentance nous conduise à l’espérance, à la guérison et à la restauration de notre vie commune dans la vérité et la justice. »
Depuis des siècles, l’Église catholique joue un rôle majeur dans la vie politique et morale des Philippines. Elle fut l’un des piliers de la révolution pacifique de 1986 contre la dictature de Ferdinand Marcos, et encore en 2001, lorsqu’elle soutint la destitution du président Joseph Estrada pour corruption. Aujourd’hui, le cardinal David s’inscrit dans cette lignée, rappelant que la foi chrétienne ne peut se réduire à une piété privée, mais qu’elle doit s’incarner dans la vie publique, au service de la vérité et de la justice.
Le mouvement du blanc n’est donc pas une simple campagne symbolique. Il exprime la conviction que la réforme morale d’une nation commence dans la conscience de ses citoyens. Dans un contexte marqué par la lassitude et le cynisme, cette démarche spirituelle redonne sens à la responsabilité chrétienne : la pureté du cœur doit se traduire dans la transparence des actes.Les fidèles philippins, par leur vêtement blanc, nous rappellent aussi une vérité oubliée : la foi ne se vit pas seulement dans l’intention, mais dans tout l’être ,dans les gestes, le regard, la tenue vestimentaire, et jusque dans la manière de se présenter à la messe, corps et âme unis dans la louange et dans la vérité.
