Lors de l’audience accordée aux pèlerins venus pour les canonisations du 19 octobre, le pape Léon XIV a pris la parole dans la salle Paul VI du Vatican pour saluer les fidèles venus du monde entier. Il a souligné que la canonisation des sept nouveaux saints est un signe de l’universalité de l’Église et de la vitalité de la communion des croyants à travers les cultures et les époques.Le Saint-Père a mis en lumière la figure de l’évêque arménien Ignace Maloyan, mort en martyr pour avoir refusé de renier sa foi. Il a évoqué son courage face à la persécution et rappelé que, même menacé de mort, il n’abandonna pas son peuple, préférant rester aux côtés de ceux qui lui étaient confiés. Le pape a rapproché ce témoignage du destin collectif du peuple arménien, soulignant sa fidélité constante au Christ malgré les épreuves de l’histoire. Il a décrit les Arméniens comme un peuple « qui grave la croix dans la pierre comme signe de sa foi solide », voyant dans cette image une expression de constance et de paix. Léon XIV a exprimé le souhait que l’intercession du nouveau saint porte des fruits de réconciliation et de paix pour tous, en particulier pour les nations encore marquées par les blessures de la division et de la guerre.
L’évocation du martyre arménien prend une portée particulière à un moment où les chrétiens d’Orient demeurent confrontés à la menace permanente de leur identité . En rappelant la fidélité de Maloyan et la profondeur de la foi arménienne, le pape invite à ne pas oublier ces racines spirituelles qui ont soutenu des générations dans la souffrance. Son propos s’inscrit dans une continuité avec les appels répétés du Saint-Siège à la défense des minorités religieuses et à la reconnaissance des martyrs de la foi.
Dans la suite de son intervention, Léon XIV a évoqué les autres figures canonisées : le catéchiste papou Pierre To Rot, exemple de fermeté dans la foi pendant la Seconde Guerre mondiale ; José Gregorio Hernández et Carmen Rendiles, témoins vénézuéliens de la charité quotidienne ; la salésienne Maria Troncatti, missionnaire en Équateur ; Vincenza Maria Poloni, fondatrice des Sœurs de la Miséricorde ; et Bartolo Longo, apôtre du Rosaire.
Le pape a conclu en appelant les pèlerins à imiter ces saints dans leur fidélité et leur service, affirmant que la sainteté se manifeste dans la vie ordinaire, au cœur du travail, de la famille et du soin des plus fragiles.
Texte intégral traduit en français
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. La paix soit avec vous !
Chers frères et sœurs,
je suis heureux de vous rencontrer au lendemain de la canonisation des sept nouveaux saints auxquels vous êtes, pour diverses raisons, très attachés. Je salue chacun de vous, en particulier les cardinaux, les évêques, les supérieures religieuses et les autorités civiles présentes ici. L’événement joyeux et solennel que nous avons célébré hier nous rappelle que la communion de l’Église implique tous les fidèles, dans l’espace et dans le temps, dans chaque langue et culture, nous unissant comme peuple de Dieu, corps du Christ et temple de l’Esprit Saint.
Les hommes et les femmes que nous avons proclamés saints hier sont pour nous tous des signes lumineux d’espérance, car ils ont offert leur vie dans l’amour du Christ et de leurs frères.
Nous partageons tous la joie du peuple arménien bien-aimé, en contemplant la sainteté de l’évêque martyr Ignace Maloyan. Pasteur selon le cœur du Christ, il n’abandonna pas son troupeau dans les temps difficiles, mais l’encouragea pour fortifier sa foi. Lorsqu’on lui demanda de renier sa foi en échange de la liberté, il choisit sans hésiter son Seigneur, jusqu’à verser son sang pour Dieu.
Cela me fait penser avec affection au peuple arménien, qui grave la croix dans la pierre comme signe de sa foi ferme et solide. Que l’intercession du nouveau saint renouvelle le zèle des croyants et apporte des fruits de réconciliation et de paix pour tous.
Nous voyons la foi profonde du peuple de Papouasie-Nouvelle-Guinée reflétée en saint Pierre To Rot, qui nous offre un exemple inspirant de constance et de force dans la prédication de l’Évangile face aux difficultés et aux menaces. Bien qu’il fût un simple catéchiste, il fit preuve d’un courage extraordinaire en risquant sa vie pour poursuivre son apostolat en secret, interdit par les forces d’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors que ces autorités autorisaient la polygamie, saint Pierre To Rot défendit fermement la sainteté du mariage. « Ce temps est très mauvais pour nous et nous avons tous peur. Mais Dieu notre Père est avec nous et veille sur nous. » Que son exemple nous encourage à défendre la vérité, même au prix du sacrifice, en comptant toujours sur Dieu dans nos épreuves.
Les évêques du Venezuela ont publié le 7 octobre une lettre à l’occasion de la joie de voir deux enfants de leur terre élevés aux autels : saint José Gregorio Hernández et sainte Carmen Rendiles. Ils ont invité tous les Vénézuéliens à s’unir comme fils d’une même patrie et à réfléchir sur le présent et l’avenir à la lumière des vertus que ces saints ont vécues héroïquement : la foi, l’espérance et la charité.
Dieu était présent dans leur vie et la transformait, faisant d’une existence ordinaire une lampe qui, dans le quotidien, illuminait les autres. Si Dieu est notre récompense éternelle, nos luttes ne peuvent se clore dans des buts éphémères. La charité, quant à elle, naît de l’accueil et du partage du don reçu : elle donne le vrai sens de la vie et nous invite à la construire dans le service, envers les malades, les pauvres, les plus petits.
Louons aussi le Seigneur pour sainte Maria Troncatti, religieuse salésienne, qui consacra sa vie aux peuples indigènes de l’Équateur. Alliant compétence médicale et passion pour le Christ, elle soigna les corps et les cœurs avec la force de la foi et de la prière. Son œuvre infatigable est un exemple de charité qui transforme les difficultés en occasions de don total.
Dans sa providence, Dieu a donné à l’Église sainte Vincenza Maria Poloni, fondatrice des Sœurs de la Miséricorde. Son charisme témoigne de la compassion de Jésus envers les malades et les exclus. Nourrissant l’engagement social d’une profonde spiritualité eucharistique et d’une dévotion mariale, sainte Vincenza nous encourage à persévérer dans le service quotidien aux plus fragiles : c’est précisément là que fleurit la sainteté de vie.
Cette transformation que la grâce de Dieu opère dans le cœur trouve un exemple intense en saint Bartolo Longo. Converti d’une vie éloignée de Dieu, il consacra toutes ses énergies aux œuvres de miséricorde, promouvant la foi et l’amour de Marie par la charité envers les orphelins, les pauvres et les désespérés. Le sanctuaire de Pompéi conserve son zèle d’apôtre du Rosaire. Je recommande cette prière à tous : prêtres, religieux, familles et jeunes. En contemplant les mystères du Christ avec le regard de Marie, nous assimilons chaque jour l’Évangile et apprenons à le pratiquer.
Chers pèlerins, je vous souhaite de retourner dans vos terres le cœur rempli de gratitude et du désir d’imiter les nouveaux saints. Leur intercession vous accompagne et leur exemple vous inspire. De tout cœur, je vous donne ma bénédiction apostolique. »
Source Vatican