Ce jeudi matin, dans la Salle Paul VI, le pape Léon XIV a accueilli en audience les participants au jubilé de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Devant des centaines de Chevaliers et Dames venus du monde entier, le Saint-Père a livré un discours sur la mission séculaire de cet Ordre catholique dédié à la Terre Sainte.Léon XIV a d’abord rappelé la vocation fondatrice de l’Ordre : « Vous êtes nés pour garder le Saint-Sépulcre, pour prendre soin des pèlerins et pour soutenir l’Église de Jérusalem. » Ce lien avec les origines du christianisme, a-t-il souligné, reste vivant à travers l’action humble et fidèle des membres, particulièrement leur soutien concret au Patriarcat latin de Jérusalem, à ses écoles, œuvres caritatives et initiatives humanitaires.
L’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem puise ses racines dans la tradition médiévale des chevaliers qui se faisaient adouber sur le tombeau du Christ, au cœur même de la basilique du Saint-Sépulcre. Né d’un profond désir de servir et de témoigner de la foi, cet engagement s’est transformé au fil des siècles en une mission spirituelle et caritative placée sous l’autorité des souverains pontifes. Depuis la restauration du Patriarcat latin de Jérusalem par le pape Pie IX en 1847, l’Ordre a reçu pour mission spécifique de soutenir l’Église catholique en Terre Sainte, par la prière, l’aumône et le pèlerinage. Les chevaliers et dames œuvrent à l’entretien des écoles, hôpitaux, œuvres sociales et initiatives pastorales du Patriarcat, dans un esprit de fidélité au Christ ressuscité et de solidarité avec les communautés chrétiennes locales.
Présent aujourd’hui sur tous les continents, l’Ordre demeure un instrument vivant de communion entre Rome et Jérusalem, unissant la ferveur spirituelle des origines à un engagement concret au service de la paix et de la charité dans la terre même où le Christ a vaincu la mort.
La mission de l’Ordre du Saint-Sépulcre s’enracine dans les paroles du Christ : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie » (Actes 1, 8). Fidèles à cet appel, les chevaliers et dames de l’Ordre consacrent leur vie spirituelle et leurs ressources au soutien concret des chrétiens de Terre sainte, en unissant la charité, la prière et le témoignage. Héritiers d’une longue tradition de service, ils poursuivent aujourd’hui une triple mission : apporter une aide matérielle et financière aux institutions du Patriarcat latin de Jérusalem, manifester une présence fraternelle par leurs pèlerinages et visites régulières, et entretenir un lien spirituel constant avec les communautés locales.
L’aide matérielle de l’Ordre, entièrement destinée aux œuvres du Patriarcat, permet le fonctionnement d’écoles, d’hôpitaux, de dispensaires et de centres sociaux ouverts à tous, sans distinction de religion. Par son action, l’Ordre contribue non seulement au maintien de la présence chrétienne en Terre sainte, mais aussi à la coexistence pacifique entre chrétiens, musulmans et juifs. Les chevaliers et dames, qui assument eux-mêmes les frais de gestion, envoient chaque année près de douze millions d’euros pour soutenir ces initiatives, avec une attention particulière portée à l’éducation, à la francophonie et à la santé.
Les membres de l’Ordre ne se contentent pas d’un soutien à distance : ils se rendent régulièrement en Terre sainte, vivant ainsi leur vocation de pèlerins au service des vivants. Chaque chevalier est invité à se rendre au moins une fois dans sa vie sur les lieux saints, non comme un simple visiteur, mais comme un témoin fraternel et consolateur.
Ces pèlerinages, véritables temps de communion, soutiennent aussi la vie économique et sociale des chrétiens locaux, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’artisanat. Enfin, la mission de l’Ordre est profondément spirituelle. Les chevaliers et dames puisent leur engagement dans la prière et dans les sacrements, unissant leurs intentions à celles des chrétiens de Jérusalem, de Bethléem et de Nazareth. En France, ils se rassemblent régulièrement pour prier Marie, Reine de Terre sainte, et participer à des messes célébrées pour leurs frères du Proche-Orient. Comme leurs prédécesseurs qui veillaient sur le tombeau du Christ, ils demeurent aujourd’hui des gardiens de la foi et des témoins de l’espérance, servant l’Église par la prière, la présence et la charité active.
En recevant l’ordre du Saint Sépulcre le Souverain pontife a insisté sur la dimension vivante de cette mission : « Garder le Sépulcre du Christ ne signifie pas seulement préserver un patrimoine historique ou artistique, mais soutenir une Église faite de pierres vivantes. »
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Dans une époque marquée par la guerre et la désolation, cette fidélité au Christ ressuscité devient un témoignage de la victoire de la vie sur la mort et de la miséricorde sur la haine.Au cœur de son allocution, Léon XIV a développé trois aspects de l’espérance chrétienne, dans la lumière du jubilé qu’il a voulu placer sous le signe de la Spes non confundit (« L’espérance ne déçoit pas »).La première est celle de l’attente confiante. S’arrêter auprès du Sépulcre, a expliqué le Saint-Père, c’est croire dans un Dieu fidèle à ses promesses, même au milieu des ténèbres du monde : « Vous êtes appelés à témoigner que la vie triomphe de la mort, que l’amour triomphe de la haine. » Le pape a exhorté les membres à nourrir cette espérance par la prière, la Parole de Dieu et une vie sacramentelle intense.
La deuxième est celle du service de la charité. À l’image des femmes qui se rendent au tombeau pour oindre le corps du Seigneur, les Chevaliers et Dames sont appelés à un service concret et persévérant. Le pape les a remerciés pour leur engagement discret mais constant envers les communautés de Terre Sainte : « Grâce à votre action, une lumière s’ouvre pour ceux qui risquent d’être engloutis par la souffrance et la guerre. »Enfin, la troisième est celle de la marche vers la rencontre ultime. Léon XIV a invité ses auditeurs à considérer la course de Pierre et Jean vers le tombeau vide comme symbole du pèlerinage chrétien : « Ne vivez pas ce jubilé comme un point d’arrivée, mais comme un départ, pour vous remettre en marche vers la pleine communion avec Dieu. »
Le Saint-Père a conclu en confiant de nouveau à l’Ordre la mission d’être « gardiens du Sépulcre du Christ, dans la confiance, la charité et la joie de l’espérance », rappelant les paroles de saint Augustin : « Avance, avance dans le bien. Ne quitte pas la route, ne regarde pas en arrière, ne t’arrête pas. »Après avoir invité l’assemblée à réciter ensemble le Notre Père, Léon XIV a donné sa bénédiction apostolique à l’ensemble des membres présents.
intégralité du texte du pape Léon XIV ( traduction en français TC)
« Éminences, Excellences,
chers frères et sœurs,
C’est une joie, en cette année jubilaire, de vous rencontrer, Chevaliers et Dames de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Vous êtes venus à Rome de différentes parties du monde, et cela nous rappelle que la pratique du pèlerinage est à l’origine de votre histoire. Vous êtes nés pour garder le Saint-Sépulcre, pour prendre soin des pèlerins et pour soutenir l’Église de Jérusalem. Vous continuez encore aujourd’hui à le faire, avec l’humilité, le dévouement et l’esprit de sacrifice qui caractérisent les ordres chevaleresques, en particulier par « un témoignage constant de foi et de solidarité envers les chrétiens résidant en Terre Sainte » (saint Jean-Paul II, Discours aux participants au Jubilé de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, 2 mars 2000).
Je pense, à ce propos, à l’aide considérable que vous apportez, sans bruit ni publicité, aux communautés de Terre Sainte, en soutenant le Patriarcat latin de Jérusalem dans ses diverses activités : le séminaire, les écoles, les œuvres caritatives et d’assistance, les projets humanitaires et de formation, l’université, l’aide aux églises, avec des interventions particulières dans les moments de plus grande crise, comme ce fut le cas durant la pandémie de Covid et dans les jours tragiques de la guerre.
En tout cela, vous montrez que garder le Sépulcre du Christ ne signifie pas simplement préserver un patrimoine historique, archéologique ou artistique, pourtant important, mais soutenir une Église faite de pierres vivantes (cf. 1 P 2,4-5), née autour de ce lieu et qui, aujourd’hui encore, vit comme un signe authentique de l’espérance pascale.
C’est pourquoi, dans ce Jubilé de l’espérance, je voudrais, avec vous, regarder un instant cette espérance et en souligner trois dimensions.
La première est celle de l’attente confiante (cf. François, bulle Spes non confundit, 4). Se tenir près du Sépulcre du Seigneur signifie renouveler sa foi en Dieu qui tient ses promesses et dont la puissance ne peut être vaincue par aucune force humaine. Dans un monde où la violence et l’arrogance semblent triompher de la charité, vous êtes appelés à témoigner que la vie triomphe de la mort, que l’amour triomphe de la haine, que le pardon triomphe de la vengeance, et que la miséricorde et la grâce triomphent du péché. Votre présence auprès des Lieux saints doit être avant tout une « présence de foi », qui aide les hommes et les femmes de notre temps à se tenir spirituellement auprès du tombeau du Christ, là où la douleur trouve sa réponse dans la confiance et où, pour qui sait écouter, continue de résonner l’annonce : « Vous, n’ayez pas peur ! Je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici : il est ressuscité, comme il l’avait dit » (Mt 28,6). Vous pourrez accomplir cela en nourrissant votre cœur d’une vie sacramentelle intense, de l’écoute et de la méditation de la Parole de Dieu, de la prière personnelle et liturgique, et d’une formation spirituelle soigneusement entretenue au sein de l’Ordre.
La deuxième dimension de l’espérance sur laquelle je voudrais m’arrêter se manifeste dans l’image des femmes qui se rendent au Sépulcre pour oindre le corps de Jésus (cf. Mc 16,1-2). C’est le visage du service : même la mort du Maître n’empêche pas Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et Salomé de prendre soin de lui. Je vous ai déjà exprimé ma gratitude pour tout le bien que vous accomplissez, dans la continuité de votre antique tradition de service et d’assistance. En combien d’occasions, grâce à votre action, une lueur de lumière s’ouvre-t-elle pour des personnes, des familles, des communautés entières menacées d’être englouties par des drames terribles, à tous les niveaux, en particulier dans les lieux où Jésus a vécu. Votre charité les soutient, reconnaissant dans leurs besoins ces « signes des temps » que le pape François nous a invités à accueillir pour les transformer en « signes d’espérance » (cf. Spes non confundit, 8).
Mais il existe une troisième dimension de l’espérance à laquelle je veux faire référence : celle qui nous conduit à regarder vers la fin, vers le but. L’image qui nous vient à l’esprit est celle de Pierre et Jean courant vers le Sépulcre (cf. Jn 20,4-10). Le matin de Pâques, après avoir entendu les femmes, ils partent immédiatement, en hâte, dans une course qui les mènera, devant le tombeau vide, à renouveler leur foi au Christ dans la lumière de la Résurrection. Saint Paul emploie la même image lorsqu’il décrit sa vie comme une course dans un stade, non pas dépourvue d’une fin, mais orientée vers la rencontre avec le Seigneur (cf. 1 Co 9,24-27). C’est ce que représente le geste du pèlerinage, symbole de la recherche du sens ultime de la vie (cf. Spes non confundit, 5). Vous l’avez accompli vous aussi, et je vous invite à vivre votre présence ici non comme un point d’arrivée, mais comme une étape d’où repartir pour continuer la marche vers l’unique but véritable et définitif : la pleine et éternelle communion avec Dieu au Paradis. Faites-en également un témoignage pour les frères et sœurs que vous rencontrerez : une invitation à vivre les réalités de ce monde avec la liberté et la joie de ceux qui savent qu’ils sont en chemin vers l’horizon infini de l’éternité.
Très chers, aujourd’hui l’Église vous confie à nouveau la mission d’être les gardiens du Sépulcre du Christ. Soyez-le ainsi, dans la confiance de l’attente, dans le zèle de la charité, dans l’élan joyeux de l’espérance. Comme le disait saint Augustin aux chrétiens de son temps : « Avance, avance dans le bien. Ne quitte pas la route, ne regarde pas en arrière, ne t’arrête pas ! » (Sermon 256,3). Je vous bénis de tout cœur et je prie pour vous tous. Merci. »
Source Vatican