L’Église célèbre aujourd’hui les saints Crépin et Crépinien, deux frères venus de Rome au IIIᵉ siècle, devenus symboles de courage et de fidélité à l’Évangile.Selon la tradition, les deux jeunes Romains auraient quitté leur patrie pour évangéliser la Gaule. Installés à Soissons, ils gagnèrent leur vie comme cordonniers, métier qu’ils mirent au service de la mission. Ils offraient gratuitement des chaussures aux pauvres, et leur atelier devint un lieu d’accueil et de conversation où ils parlaient du Christ à ceux qui venaient se chausser.
Leur foi ardente attira bientôt l’attention des autorités romaines. Refusant de renier le Christ, Crépin et Crépinien subirent le martyre vers l’an 285, selon la tradition locale. Leur « Passion » rapporte avec une précision dramatique la cruauté de leurs supplices : leurs bourreaux auraient lacéré leur peau en lanières avant de les mettre à mort.Si la France les honore comme martyrs de Soissons, l’Angleterre revendique aussi leur souvenir, affirmant qu’ils auraient vécu dans le Kent. Shakespeare lui-même évoque leur mémoire dans Henri V et Jules César, faisant du « jour de Saint Crépin » un symbole d’héroïsme et de fraternité entre soldats.La dévotion à Crépin et Crépinien s’est répandue à travers l’Europe, particulièrement parmi les artisans cordonniers et tanneurs, qui les vénèrent comme leurs saints patrons.
Leur mémoire est encore associée à celle de saint Rufin et de saint Valère, deux évangélisateurs contemporains qui, pour annoncer l’Évangile aux paysans, s’étaient faits gardiens de greniers à blé et connurent eux aussi le martyre.Dans le diocèse de Soissons, Laon et Saint-Quentin, la fête des saints Crépin et Crépinien demeure un moment fort du calendrier liturgique. Le tableau représentant leur martyre, conservé dans l’église Saint-Martin de Chaudes-Aigues, rappelle avec force la fidélité de ces artisans devenus témoins de la foi jusqu’à l’extrême.
Un détail historique ajoute encore à leur légende : leur fête, célébrée le 25 octobre, coïncide avec la victoire d’Azincourt en 1415. Le roi Henri V d’Angleterre ordonna alors que les deux saints soient adoptés comme protecteurs du royaume, scellant ainsi leur mémoire dans la conscience chrétienne des deux nations.Aujourd’hui encore, les saints Crépin et Crépinien demeurent des modèles de vie humble, de charité fraternelle et de témoignage courageux pour le Christ.
Avec nominis


