Il y a encore, au cœur de la France rurale, des hommes discrets qui rappellent que la foi peut inspirer les plus beaux gestes. Ce sont nos confrères du journal La Montagne qui rapportent l’histoire émouvante de Raymond Landy, 92 ans, originaire de La Chapelle-sur-Aveyron, dans le Loiret. Cet ancien agriculteur, sans fortune ostentatoire, a décidé de donner un million d’euros pour sauver l’église Saint-Loup-et-Saint-Roch, son église, celle de son enfance, aujourd’hui fragilisée par le temps.
L’évêque d’Orléans, Monseigneur Jacques Blaquart, a tenu à être présent lors de la cérémonie de lancement des travaux, le samedi 25 octobre, pour saluer ce bienfaiteur et bénir ce projet qu’il voit comme « un signe de la Providence ». Car sans ce don colossal, jamais les travaux de restauration, estimés à 1.380.000 euros, n’auraient pu être engagés.La petite commune de 620 habitants, avec un budget d’investissement annuel de 138.000 euros, ne pouvait espérer sauver seule son église. « Ce désespoir s’est transformé en espoir », a rappelé le maire, Christian Chevallier, visiblement ému. Il a évoqué les vingt années de dégradations : une charpente affaiblie, une toiture déformée, puis la voûte intérieure fissurée provoquant des chutes de plâtre. Les paroissiens priaient désormais sous des filets de protection, témoins de la fragilité du lieu.
Grâce au don de Raymond Landy, ces travaux longtemps attendus ont enfin pu être lancés. Une plaque sera apposée sur le mur de l’édifice pour rappeler le geste de deux frères : « Les travaux de restauration de la charpente et de la toiture ont été réalisés grâce au don de Roger et Raymond Landy. »
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Né à la ferme du Chesnoy, à La Chapelle-sur-Aveyron, le 30 octobre 1933, Raymond Landy est un enfant du pays. Ses parents exploitaient 64 hectares de terre, une douzaine de vaches, une centaine de moutons et quatre chevaux. Dès l’âge de 14 ans, Raymond travaillait à la ferme familiale avec son frère Roger. L’histoire de leur vie se confond avec celle du village : l’exode de 1940, le retour à la terre, le service militaire au 4e régiment de zouaves de Tunis, puis la blessure au combat.De retour à la ferme, Raymond reprend le travail auprès de son frère. En 1960, il passe son permis et s’achète sa première voiture. « Vous en aurez trois dans votre vie : une 2 CV, une 4L et une Clio. Trois voitures en 65 ans, on peut dire que vous savez faire durer les mécaniques ! », a plaisanté le maire, saluant la sobriété de ce villageois exemplaire.
Raymond Landy n’a pas fondé de famille, mais il a toujours servi la commune. Trois mandats de conseiller municipal, dix années comme pompier volontaire, ancien combattant et porte-drapeau, membre fidèle de l’Amicale de la Chapelle. Une vie humble, donnée aux autres, à sa terre et à son église.
Aujourd’hui, Raymond vit à la maison de retraite de Châtillon-Coligny, où le maire vient chaque semaine lui rendre visite pour lui donner des nouvelles du chantier. L’architecte du patrimoine, Antoine Leriche, a exprimé le souhait de « le voir présent dans dix-huit mois pour l’inauguration des travaux ».
La Montagne précise que dans ce dossier, l’État apportera 200.000 euros, le Département 80.000, et la commune, avec la Fondation du patrimoine et la Fondation pour la sauvegarde de l’art français, 100.000 euros. Mais c’est bien le geste de Raymond Landy qui a rendu tout cela possible, déclenchant une chaîne de solidarité et d’espérance dans ce coin paisible du Loiret.Dans un monde où l’on parle souvent d’abandon du patrimoine religieux, cet acte d’un homme simple résonne comme un rappel profond : nos églises ne sont pas des ruines du passé, mais les témoins vivants de notre foi et de notre histoire. Et parfois, il suffit d’un cœur généreux pour que la Providence trouve un chemin.


