À Châtellerault, dans le département de la Vienne, la paroisse Saint-Jean-Baptiste a découvert dimanche matin son église souillée. Selon nos confrères de La Nouvelle République, des vêtements souillés et des excréments ont été retrouvés dans la nef, au pied d’un pilier. La police a été alertée et une enquête a été ouverte. Pour les enquêteurs, il pourrait s’agir d’un « acte gratuit ou du fait d’un inconscient ». Une phrase désormais familière, presque automatique, qui revient à chaque fois que de tels faits surviennent dans nos églises.Cette explication, commode et rassurante, permet d’éviter de nommer les choses. Pourtant, il s’agit bel et bien d’un acte antichrétien. Lorsqu’un lieu de culte est profané, lorsqu’un sanctuaire consacré à la prière devient le théâtre de souillures délibérées, il ne s’agit pas d’un simple désordre ou d’une « incivilité ». C’est une atteinte au cœur même de la foi, un geste dirigé contre ce que représente l’Église : la présence du sacré, le signe du Christ au milieu des hommes.
Depuis plusieurs années, la France connaît une multiplication d’actes visant les églises catholiques. Le ministère de l’Intérieur en recense chaque année plusieurs centaines : croix brisées, statues décapitées, tabernacles fracturés, objets liturgiques volés, murs tagués d’insultes ou de slogans idéologiques. Ces atteintes au culte chrétien se produisent souvent dans le silence ou la discrétion. Les médias nationaux y consacrent rarement plus de quelques lignes, et les autorités parlent prudemment de « dégradations » ou de « vandalisme », comme si l’on craignait de reconnaître la dimension spirituelle du geste.Pourtant, lorsque d’autres lieux de culte sont pris pour cible, l’émotion est immédiate, la condamnation unanime, les mots précis et forts. Pourquoi, alors, cette pudeur de langage lorsqu’il s’agit des églises catholiques ? Pourquoi cette difficulté à nommer le mal pour ce qu’il est ?
En niant la réalité d’un acte antichrétien, on nie aussi la blessure infligée à des millions de croyants et l’offense faite à un patrimoine commun, fruit de plusieurs siècles d’histoire.
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À Châtellerault, comme ailleurs, les fidèles se sentent blessés, mais aussi délaissés. Les églises, souvent laissées ouvertes pour accueillir la prière ou la visite, deviennent vulnérables. Et lorsque ces lieux sont souillés, c’est non seulement la foi d’une communauté qui est atteinte, mais aussi l’âme de la France, qui s’est construite autour de ces pierres, de ces clochers, de ces autels.Il ne s’agit pas d’entretenir la peur ni de jeter la suspicion. Mais le silence et la banalisation sont une seconde profanation. Nommer ces actes, c’est déjà commencer à leur résister. Tant que l’on continuera à parler d’« actes gratuits », on refusera de voir que, dans bien des cas, ils traduisent un rejet du christianisme, de son héritage, et de la place qu’il occupe encore dans la conscience nationale.
Le diocèse de Poitiers devrait prochainement s’exprimer sur cette affaire et l’on attends la date de la Messe de réparation, une de plus …


