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Comment l’intelligence artificielle se met au service des vitraux de la cathédrale de Chartres

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À Chartres, l’art sacré entre dans une nouvelle ère, le Centre international du Vitrail mise sur l’intelligence artificielle pour révéler au grand public les secrets des célèbres verrières de la cathédrale. Un projet audacieux qui conjugue foi, beauté et innovation technologique

À Chartres, le Centre international du Vitrail fait entrer la lumière médiévale dans l’ère numérique. Avec son projet ambitieux De l’Écrin à l’Écran, l’institution chartraine unit science et foi pour rendre lisible et accessible le plus vaste ensemble de vitraux médiévaux conservé au monde. Grâce à l’intelligence artificielle, les 176 verrières et les 2 600 m² de vitraux de la cathédrale, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, pourront bientôt être explorés sous un jour nouveau.Chaque année, plus d’un million de visiteurs, dont 400 000 étrangers, viennent admirer la cathédrale de Chartres. Beaucoup, fascinés par la beauté des vitraux, peinent pourtant à en saisir le sens symbolique et biblique. Faute d’un outil d’interprétation simple, la plupart s’en remettent à des guides ou à des livrets. Le Centre international du Vitrail (CIV), fondé en 1980, a voulu répondre à cette attente en conjuguant innovation technologique et vocation spirituelle.

Le projet De l’Écrin à l’Écran, dont le budget global s’élève à 250 000 euros, repose sur trois volets complémentaires : une application mobile intelligente, une salle numérique immersive au musée du vitrail, et une base de données open source dédiée à la recherche et à la conservation.

L’application, gratuite et disponible en français, anglais et allemand, permettra d’identifier un vitrail à partir d’une simple photo. Grâce à un système de reconnaissance d’image fondé sur le Deep Learning, elle sera capable de reconnaître instantanément une verrière, quelles que soient la lumière ou l’angle de vue.

Fonctionnant sans connexion internet, elle offrira une expérience fluide et inclusive, accessible à tous les publics. L’utilisateur pourra agrandir les détails, lire les récits bibliques associés et sauvegarder ses vitraux préférés.

Cette application repose sur une base de plus de 4 000 images haute définition annotées, représentant plus de 5 000 personnages et 700 scènes narratives issues de l’Ancien et du Nouveau Testament. Elle offrira un véritable parcours catéchétique et historique à travers la cathédrale. Le CIV souhaite en faire un outil éducatif accessible aux familles, pèlerins, enseignants et groupes scolaires. En France, 92 % des enfants disposent aujourd’hui d’un téléphone : le Centre espère transformer cet objet du quotidien en moyen de transmission du patrimoine et de la foi.

Au musée du vitrail, situé dans l’ancien cellier gothique de Loëns, une salle immersive accueillera le visiteur après sa découverte de la cathédrale. Équipée de huit grands totems numériques, elle permettra de retrouver les vitraux en très haute résolution, de zoomer sur les détails, de consulter des vidéos explicatives et de comprendre la construction des verrières. Un espace spécifique sera réservé aux enfants et aux personnes à mobilité réduite.Le troisième pilier du projet est la base de données open source. Elle rassemblera l’ensemble des informations iconographiques, historiques et techniques relatives aux vitraux de Chartres, offrant un accès libre aux chercheurs, universités et musées. En partenariat avec Sorbonne Université, l’École nationale des chartes, le CNRS et l’Institut de recherche sur le patrimoine, le CIV veut ainsi constituer la première encyclopédie numérique du vitrail. À terme, la technologie pourra être déployée dans d’autres cathédrales françaises et européennes.

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Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la mission du Centre, qui forme chaque année de nombreux artisans et chercheurs. Depuis sa fondation, le CIV a accueilli 42 000 visiteurs par an, formé 2 500 stagiaires aux métiers du verre et organisé plus de 50 expositions internationales. Reconnu par la DRAC Centre-Val de Loire, il travaille en étroite collaboration avec la Ville de Chartres, le Département d’Eure-et-Loir, la Région Centre-Val de Loire et des mécènes tels que Saint-Gobain.

Le financement repose sur un modèle mixte : aides publiques, mécénat privé et campagne participative sur KissKissBankBank, dont l’objectif est fixé à 10 000 euros. Cette collecte permettra notamment de finaliser l’algorithme de reconnaissance visuelle et de lancer la première version de l’application. La phase de développement technique est prévue entre fin 2024 et début 2025, pour une mise en service à l’été 2026.Pour François Bousquet, membre du comité scientifique du Centre, ce projet dépasse la seule innovation technologique : « La lumière des vitraux change selon les heures, mais elle révèle toujours le mystère. En la rendant plus lisible, l’intelligence artificielle ne remplace pas la foi, elle en prolonge la contemplation. »

En alliant patrimoine, science et spiritualité, De l’Écrin à l’Écran redonne vie à la vocation première des vitraux : instruire et émerveiller. À Chartres, la lumière devient à la fois sujet d’étude et chemin d’élévation. L’écran, loin de remplacer l’écrin, en révèle la splendeur et renouvelle le regard porté sur un art qui, depuis huit siècles, fait dialoguer la beauté et la vérité.

Pour en savoir plus ou soutenir le projet :
https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/vitraux-de-chartres-expliquer-et-transmettre-les-histoires-qu-ils-portent

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