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Finistère : Trois ans après les incendies, la chapelle Saint-Michel de Brasparts a été de nouveau vandalisée

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Cette chapelle, qualifiée de « chapelle des bergers », fut aussi témoin des siècles d’histoire de la Bretagne

Trois ans après avoir miraculeusement échappé aux flammes des Monts d’Arrée, la chapelle Saint-Michel de Brasparts a été la cible d’un nouvel acte de vandalisme. Selon Ouest-France, dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 novembre, un miroir a été brisé en plein cœur de ce lieu emblématique du Finistère. Une plainte a été déposée, et une enquête est en cours, confiée à la brigade de gendarmerie de Châteaulin.

Perchée à 381 mètres d’altitude, au sommet du mont Saint-Michel de Brasparts, la petite chapelle du XVIIe siècle domine depuis des siècles les tourbières du Yeun Elez et les landes des monts d’Arrée. Sauvée in extremis lors des incendies de 2022, elle symbolise la résistance d’un territoire façonné par la foi et la rudesse des éléments. Restaurée avec soin grâce notamment au soutien du mécène breton François Pinault, elle avait rouvert ses portes à l’été 2023, ornée d’un mobilier liturgique dessiné par le designer Ronan Bouroullec. L’une de ces œuvres a aujourd’hui été endommagée.

Le président du Département du Finistère, Maël de Calan, a annoncé que la collectivité déposerait plainte : « Cette chapelle est restée parfaitement intacte pendant trois ans, alors qu’elle est ouverte en permanence, signe que la population en prend soin. » Le miroir brisé sera remplacé « en lien avec l’artiste qui l’a créé et l’évêché ».Philippe Jamault, délégué diocésain, s’est pour sa part dit « révolté » par cette profanation d’un lieu de prière et de silence. Pour beaucoup de fidèles, cet acte dépasse la simple dégradation matérielle : il touche à la mémoire spirituelle de la Bretagne, à ce sommet où, depuis des générations, les hommes se tournent vers le ciel.

Le mont Saint-Michel de Brasparts n’est pas seulement un site touristique. Il est un haut lieu de foi et de légende, porteur d’une mémoire spirituelle ancienne. Selon les historiens, la chapelle actuelle aurait succédé à un ancien temple celte voué au culte solaire, dont la tradition locale garde encore la trace. Jacques Cambry, écrivain et voyageur breton du XVIIIe siècle, décrivait déjà ce sommet comme « consacré sans doute au Soleil dans les temps les plus reculés », devenu ensuite le sanctuaire chrétien de saint Michel Archange.Construite entre 1672 et 1677, la chapelle fut consacrée le 29 septembre, jour de la fête de saint Michel. Elle devint très vite un lieu de pèlerinage fréquenté par les bergers des monts d’Arrée et les paysans des alentours. Des récits anciens racontent que le pape Innocent XI accorda une indulgence aux pèlerins qui s’y rendaient, et que plusieurs miracles furent reconnus. Malgré la Révolution et les guerres, le site fut reconstruit en 1820, puis à nouveau restauré à plusieurs reprises au fil des siècles.

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L’histoire du mont est jalonnée de symboles forts : les processions de la Saint-Michel en mai et en septembre, les pardons d’autrefois où les pèlerins montaient pieds nus, les ex-voto suspendus pour les malades ou les enfants guéris. Pendant la Première Guerre mondiale, des foules de fidèles vinrent y prier pour la paix et pour le retour des soldats.Cette chapelle, qualifiée de « chapelle des bergers », fut aussi témoin des siècles d’histoire de la Bretagne. Pendant l’Occupation, les Allemands y installèrent un système de radionavigation militaire, dont les vestiges subsistent encore autour du sanctuaire. Et plus récemment, les terribles incendies de l’été 2022 menacèrent de réduire en cendres ce monument de foi. Le feu, visible depuis l’espace, détruisit plus de 2 200 hectares de lande. Mais la chapelle, contre toute attente, fut épargnée, devenant un signe d’espérance pour toute une région.

Aujourd’hui encore, le mont Saint-Michel de Brasparts est un lieu de prière, mais aussi un lieu de rencontre entre la nature et le religieux. Les randonneurs, les pèlerins, les cyclistes et même les parapentistes s’y côtoient, unis par la beauté du paysage et la force silencieuse de la chapelle. Chaque année, la transhumance des moutons sur ses pentes perpétue un lien ancien entre l’homme, la terre et le sacré.Ce lieu, parfois appelé « mont Kronan » dans la tradition druidique, fascine depuis toujours. Il inspire écrivains, musiciens et artistes : de Youenn Gwernig à Gilles Servat, de nombreux chants célèbrent cette « montagne des anges » où le ciel semble à portée de main.Le vandalisme du 5 novembre n’est donc pas une simple affaire de miroir brisé. Il est ressenti comme une atteinte à un patrimoine millénaire, un geste blessant envers un lieu qui unit croyants et non-croyants dans la contemplation. Mais la réponse ne se fera pas dans la colère.« Que les cœurs qui montent à Brasparts s’unissent dans la prière et la réparation », confiait un fidèle, les yeux tournés vers la statue de l’Archange.

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