L’abbaye Notre-Dame de Bon Secours trouve ses origines dans les bouleversements de la Révolution française. En 1790, l’interdiction des vœux religieux force les communautés cisterciennes à l’exil. Sous l’impulsion de Dom Augustin de Lestrange, des moines et moniales se réfugient en Suisse, puis jusqu’en Russie. Après la chute de Napoléon, les religieuses peuvent regagner la France et fondent plusieurs monastères, notamment à Vaise, Maubec, Blagnac et Bonneval.
En 1991, la communauté s’installe définitivement à Blauvac, dans une ancienne maison de maître rénovée pour accueillir la vie monastique. Située au pied du mont Ventoux, l’abbaye s’enracine depuis plus de trente ans dans le diocèse d’Avignon.La communauté compte aujourd’hui seize sœurs cisterciennes de la Stricte Observance. Leur vie quotidienne suit l’alternance entre prière et travail, selon la devise bénédictine Ora et labora. La journée est rythmée par les offices célébrés dans l’église abbatiale, construite en 2005 dans le style sobre des abbayes provençales. Sept fois par jour, les cloches appellent à la prière, du chant des Vigiles avant l’aube jusqu’au Salve Regina du soir. Les offices sont ouverts aux visiteurs, qui peuvent venir se recueillir ou participer à la prière de la communauté.

Depuis 1909, la fabrication des hosties constitue la principale activité de l’abbaye et sa principale source de revenus.
L’atelier, fondé le 30 mai 1909, n’a jamais cessé de fonctionner. Au fil des décennies, il s’est modernisé tout en respectant les normes alimentaires et de sécurité les plus récentes. Ce savoir-faire se transmet de sœur à sœur, chacune participant à une étape de la production selon ses compétences. Le travail autour de la pâte, de la cuisson, de la découpe et du conditionnement rassemble la communauté dans une activité collective où prière et précision se rejoignent.La fabrication des hosties est un art discret, exigeant et profondément symbolique. Le processus commence avec des blés tendres cultivés en Drôme provençale, selon les principes d’une agriculture raisonnée. Ces blés, moulus sans additifs, produisent une farine d’une grande pureté. Mélangée uniquement à de l’eau, conformément à la législation canonique, elle forme une pâte sensible à la température et à l’humidité.Les plaques sont cuites en grands rectangles fragiles, puis placées en salle d’humidification où elles passent la nuit pour devenir souples. Elles sont ensuite découpées selon différents diamètres : 3,2 cm pour les fidèles, 7 ou 8 cm pour les célébrants, jusqu’à 20 cm pour les concélébrations. Les hosties destinées aux ostensoirs ou de très grand format sont découpées à la main. Après la coupe, un séchage progressif permet d’éviter toute déformation.
L’abbaye a choisi un conditionnement rigoureux pour assurer la meilleure conservation de ses produits. Les hosties pour fidèles sont placées dans des blisters recyclables de 500 unités, celles pour les célébrants dans des pots de 50, et celles de concélébration dans des sachets de 10. Les grands formats sont préparés à la demande. Chaque emballage répond aux normes en vigueur et porte un étiquetage complet, avec code-barres et date limite d’utilisation optimale.
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Ce travail relie les sœurs à de nombreuses paroisses et communautés religieuses en France. Il crée aussi un réseau d’échanges fraternels entre monastères producteurs et partenaires du monde agricole. Comme le rappelle la prière de l’offertoire du Missel romain, ce pain est vraiment le fruit de la terre et du travail des hommes :
« Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie. »
Fidèle à cet héritage, la communauté de Blauvac est aujourd’hui reconnue comme l’une des spécialistes françaises de la fabrication d’hosties. Ce savoir-faire, transmis depuis plus d’un siècle, demeure au cœur de la vie économique et spirituelle du monastère.

À côté de cette activité principale, les sœurs ont développé d’autres productions qui contribuent à leur autonomie : les gourmandises de l’abbaye (nougats, guimauves, crosties, amaretti), la Blandinine (baume naturel à base de marron d’Inde) ainsi qu’une sélection de thés et de rooibos. Ces produits, comme les hosties, sont proposés dans le magasin du monastère.Le magasin de l’abbaye est ouvert toute l’année et présente les fabrications des sœurs mais aussi des oreillers en plumettes d’oie ! L’abbaye qui dispose également d’une hôtellerie ouverte à ceux qui souhaitent vivre quelques jours de silence, de prière ou de retraite spirituelle. Les hôtes peuvent participer aux offices, partager la lectio divina ou simplement profiter de la nature environnante. Des retraites sont organisées à certaines périodes de l’année, notamment à Noël et à Pâques.
Placée sous la protection de la Vierge Marie, la communauté invoque Notre-Dame de Bon Secours comme patronne et protectrice. Ce vocable exprime la confiance des sœurs en la Providence et en l’intercession maternelle de Marie. Chaque 24 mai, l’abbaye célèbre solennellement sa fête patronale, rassemblant amis, fidèles et visiteurs du diocèse.En plus de ses activités spirituelles et artisanales, la communauté entretient des liens étroits avec la population locale. Par son magasin, ses retraites et sa participation aux événements régionaux, elle s’inscrit dans la vie du territoire tout en préservant le silence nécessaire à la vie contemplative. Aujourd’hui encore, l’abbaye Notre-Dame de Bon Secours incarne la continuité de la tradition cistercienne : unir la prière et le travail, dans la simplicité et la fidélité à l’Évangile.
Site : https://abbaye-blauvac.com


