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« Jésus-Christ est le seigneur et propriétaire du Venezuela » : Nicolás Maduro, de plus en plus isolé, s’en remet au sacré pour tenter de se légitimer

Nicolas Maduro - capture écran
Nicolas Maduro - capture écran
L' appel de Nicolas Maduro apparaît moins comme un acte spirituel sincère que comme une tentative de galvaniser une base évangélique à un moment critique

Nicolás Maduro traverse l’une des périodes les plus fragiles de son exercice du pouvoir et certainement une fin de règne. Confronté à une pression militaire américaine croissante, à un isolement diplomatique sans précédent et à une crise intérieure interminable, le dirigeant vénézuélien s’est une nouvelle fois réfugié dans le registre religieux. Le mardi 18 novembre 2025, lors d’un événement organisé au Palacio de Miraflores avec des pasteurs évangéliques, il a déclaré que « Jésus-Christ est le seigneur et propriétaire du Venezuela », cherchant à sacraliser sa position à un moment où son autorité politique s’affaiblit visiblement.

La proclamation qu’il a prononcée était solennelle :
« Moi, Nicolás Maduro Moros, volontairement depuis le Palais de Miraflores, déclare aujourd’hui mardi 18 novembre de l’année 2025 que je réaffirme comme seigneur et propriétaire du Venezuela notre Seigneur Jésus-Christ et je donne tout l’honneur et la gloire à l’Esprit Saint. Et je déclare que le seul Dieu réel et véritable est le Dieu tout-puissant. »Maduro a également qualifié Miraflores de « palais du peuple » et d’« autel divin », transformant le siège du pouvoir exécutif en un espace sacralisé destiné à renforcer l’image d’un dirigeant investi d’une mission hautement spirituelle plutôt que celle d’un président-dictateur hautement contesté.

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Cependant le président du Vénézuela s’en prend régulièrement à l’Église catholique, l’un des derniers repères moraux du pays. La canonisation de José Gregorio Hernández et de Carmen Rendiles a révélé une rupture totale entre la hiérarchie ecclésiale et le régime. Les cardinaux Baltazar Porras et le secrétaire d’état du Vatican Pietro Parolin ont dénoncé l’effondrement institutionnel, la répression et la militarisation croissante. Le pouvoir a répondu par des attaques directes, allant jusqu’à empêcher le cardinal Porras de se déplacer pour une messe. Malgré ces tensions, l’Église demeure une voix essentielle appelant à la justice, à la liberté et à la dignité humaine.

Rappelons que cette déclaration intervient alors que les États-Unis renforcent massivement leur présence militaire dans les Caraïbes. Le Pentagone a confirmé le déploiement du porte-avions Gerald R. Ford, de cinq mille militaires, de sous-marins nucléaires et d’avions F-35 dans la région. Elle s’ajoute à une série d’opérations visant à intercepter des embarcations suspectées de transporter de la drogue depuis les côtes du Venezuela. Les tensions montent et les organisations de défense des droits humains dénoncent des « exécutions extrajudiciaires », tandis que Washington affirme vouloir aussi combattre les cartels de la drogue.

Dans ce contexte explosif, l’appel de Nicolas Maduro au religieux apparaît moins comme un acte spirituel sincère que comme une tentative de galvaniser une base évangélique à un moment critique

. Le pays subit une inflation chronique, des pénuries persistantes et un exode massif. Au lieu de proposer des solutions, le régime multiplie les proclamations sacrées qui détournent l’attention de la gestion catastrophique du pays.Pour de nombreux observateurs, la déclaration consacrant Jésus « propriétaire du Venezuela » ne révèle qu’une chose, l’isolement grandissant du dirigeant. En cherchant une légitimité transcendante, le président Maduro évite une fois de plus d’assumer ses responsabilités politiques. Le sacré devient un refuge face à une réalité qui s’aggrave pour la population.

Plus la crise s’enfonce, plus le palais Miraflores semble parler le langage de la ferveur proclamée. Mais l’invocation religieuse ne suffit pas à masquer l’image d’un président qui appelle le ciel à la rescousse faute d’avoir su gouverner son pays.

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