Lors de notre entretien avec le cardinal Robert Sarah à Rome, en octobre dernier, le prélat a tenu à attirer notre attention sur un phénomène qu’il juge gravissime pour l’avenir de la liturgie en Afrique. En nous montrant plusieurs enregistrements, il a laissé transparaître sa douleur et son inquiétude face à certaines pratiques. À la découverte de ces images, il nous a confié avec amertume : « Ce n’est pas de la musique sacrée ça, ils vont tuer l’Église avec ça ».
🌍 ✝️ "Ils vont tuer l'Eglise avec ça": Le cardinal Robert Sarah dénonce les dérives liturgiques en Afrique
— Tribune Chrétienne (@tribuchretienne) November 22, 2025
⚡️Ce n’est pas la vitalité africaine qui s’exprime, mais une confusion entre l’expression culturelle et le langage sacré de la liturgie@Card_R_Sarah
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Les vidéos qu’il nous a présentées montrent des prêtres, et parfois des évêques, dansant devant l’autel au cours de la messe. Les gestes rythmés, les chorégraphies improvisées et les ambiances festives qui s’y déploient tranchent avec le caractère intérieur et sacré de la célébration eucharistique. Le cardinal souhaitait nous faire mesurer lui-même l’ampleur de ces dérives qu’il observe avec une profonde tristesse.
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Si l’inculturation authentique peut enrichir la liturgie, elle exige cependant un discernement rigoureux. Les scènes visionnées ne reflètent ni la ferveur africaine ni l’héritage spirituel des communautés locales. Elles traduisent plutôt un affaiblissement de la formation liturgique et une difficulté à intégrer la culture dans la célébration sans en trahir le sens.
À travers ces images, ce n’est pas la vitalité africaine qui s’exprime, mais une confusion entre l’expression culturelle et le langage sacré de la liturgie. Lorsque la dimension festive prend le pas sur le mystère célébré, la messe risque de perdre sa profondeur et sa finalité spirituelle.Le cardinal Sarah rappelle régulièrement que la messe n’est pas un espace ouvert à la créativité individuelle, mais un acte de l’Église universelle. Les évêques et les prêtres ont la mission d’en préserver la dignité, de guider les fidèles et de garantir la sobriété qui permet l’adoration véritable. Les vidéos visionnées lors de notre rencontre montrent combien cet accompagnement est nécessaire dans certaines régions.
La croissance rapide du catholicisme en Afrique appelle une formation théologique et liturgique solide. Sans cela, la célébration risque d’être absorbée par des formes extérieures, au détriment du silence, du recueillement et du caractère sacré de l’Eucharistie.
En partageant ces images avec nous, le cardinal Sarah n’entendait pas condamner un continent, mais lancer un avertissement. Son geste exprime une volonté claire : rappeler que la liturgie appartient à Dieu et qu’elle doit refléter la majesté du mystère chrétien, au-delà des sensibilités locales.Cet entretien met en lumière l’enjeu crucial d’une formation renouvelée et d’une vigilance pastorale constante. Les dérives que nous avons vues ne sont pas une fatalité. Elles appellent un retour à la beauté, à l’intériorité et à la vérité de la messe, afin que chaque célébration demeure un authentique lieu de rencontre avec le Christ.


