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MARIE CO-RÉDEMPTRICE : Une nouvelle cacophonie théologique du préfet de la Doctrine de la Foi, le cardinal Fernández

Cardinal Fernández , préfet du dicastère pour la Doctrine de la Foi - DR
Cardinal Fernández , préfet du dicastère pour la Doctrine de la Foi - DR
Cet apparatchik du pontificat de feu le pape François semble continuer à s’égarer dans le flou doctrinal, et les explications alambiquées…

À peine croyait-on que la transition pontificale pourrait ramener un peu de clarté dans l’appareil doctrinal que le cardinal Victor Manuel Fernández démontre une fois encore que la confusion demeure son mode de gouvernance. Après les épisodes chaotiques concernant les bénédictions de couples homosexuels et le règlement inextricable sur les phénomènes surnaturels, voici désormais la question du titre Corédemptrice, que le préfet souhaite bannir des documents officiels tout en l’autorisant entre amis. C’est la journaliste Diane Montagna qui a obtenu ces éclaircissements pour le moins surprenants. Le terme serait interdit dans la liturgie et les textes officiels, mais pourrait être utilisé dans un cadre privé, à condition d’avoir lu et intégré la Mater populi fidelis. Une distinction artificielle qui entretient davantage l’ambiguïté qu’elle ne la dissipe. On ignore d’ailleurs ce qu’il adviendra des instituts religieux fondés sur ce titre, tels que les Filles de Marie Très Sainte Corédemptrice, dont le nom même semble désormais embarrassant pour le Dicastère.

Diane Montagna

La Note doctrinale prétendait protéger les fidèles simples d’une théologie mal comprise. Ironiquement, elle autorise justement ces fidèles à continuer d’utiliser l’expression Corédemptrice, tandis que les documents officiels devront recourir au terme inédit Mater populi fidelis, inconnu de la piété populaire.

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Le contraste est saisissant. Le peuple pourra exprimer la doctrine traditionnelle, mais l’Église institutionnelle n’osera plus la nommer. Une division étrange entre le langage de la foi vécue et celui de la bureaucratie doctrinale.Le cardinal Fernández prétend ne proscrire que le mot, pas la doctrine. Il affirme même que la Mater populi fidelis insiste sur la coopération singulière de Marie à la Rédemption. En réalité, l’expression n’apparaît qu’une seule fois, et sans jamais préciser la nature de cette coopération. Or le Magistère ordinaire a toujours été clair. Pie XII, dans Mystici Corporis, décrit la participation de Marie comme active, immédiate et universelle. Jean-Paul II, lors de son homélie à Guayaquil en 1985, parle explicitement d’un rôle corédempteur, affirmant que Marie fut spirituellement crucifiée avec son Fils. La Note doctrinale élude ces précisions essentielles et semble réduire une tradition théologique solide à une formule minimale, presque décorative.

Autre problème non négligeable, celui des experts consultés. Le cardinal Fernández affirme avoir travaillé avec beaucoup de mariologues et de spécialistes en christologie. Pourtant le média La Bussola précise que Maurizio Gronchi, consultant du DDF, dit exactement l’inverse, expliquant qu’aucun mariologue n’a accepté de collaborer. Aucun représentant du Marianum ni de la Pontificia Academia Mariana Internationalis n’était présent lors de la présentation du document, ce qui ressemble fort à un désaveu silencieux. Le théologien Salvatore Maria Perrella souligne même que la Note aurait dû être pensée et rédigée par des personnes compétentes. Le contraste entre la version officielle et la réalité est saisissant.Cette nouvelle affaire confirme que l’approche doctrinale, incarnée par le Préfet Fernandez sous le pontificat précédent, risque de continuer de produire ses effets… Plutôt que de définir clairement, on renomme, on contourne, on reformule. Pendant ce temps, la foi du peuple chrétien demeure intacte. Le titre Corédemptrice continuera naturellement de vivre dans les foyers, les groupes de prière et les paroisses rurales, indépendamment des hésitations romaines. Et si la tendance se poursuit, on finira peut-être par découvrir que la seule manière de savoir ce que Rome veut vraiment dire est de ne surtout pas lire ce qu’elle écrit.

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