Par Philippe Marie
Hier dimanche nous avons ouvert la nouvelle année liturgique avec le début du temps de l’Avent, ce temps sacré que l’Église nous offre pour revenir à l’essentiel et préparer nos cœurs à la venue du Christ. Pourtant, chaque année, dès la mi-novembre, les rayons des supermarchés débordent de calendriers de l’Avent aux couleurs criardes. Chocolats, gadgets, figurines sous licence, friandises industrielles, tout concourt à transformer ce temps spirituel en un simple prétexte commercial.
L’Avent devient un produit d’appel, un objet marketing. On ouvre sa petite case pour une dose rapide de sucre, comme on consulte une notification machinale, et l’on ose encore appeler cela préparer Noël.
L’Église rappelle pourtant clairement le sens véritable de ce temps liturgique. Le Catéchisme affirme : « Par la célébration de l’Avent, l’Église actualise l’attente du Messie ; elle participe à la longue préparation de la première venue du Sauveur et renouvelle l’ardent désir de son second Avènement » (CEC 524). L’Avent ne se réduit donc ni à un compte à rebours gourmand ni à l’excitation entretenue par une friandise quotidienne. Il est un temps de veille, de conversion, de maturation intérieure. Il invite à ouvrir son cœur avant d’ouvrir des cases en carton.
Dans les familles chrétiennes, ce temps doit témoigner d’une simplicité lumineuse : une prière devant la crèche, une bougie allumée chaque dimanche, un petit effort discret offert à Dieu, une attention portée à un voisin isolé, un geste d’affection donné avec gratuité. Ce sont ces attitudes qui préparent véritablement à la venue du Christ. Rien à voir avec l’habitude conditionnée d’un chocolat par jour, ni avec l’accumulation de produits qui saturent déjà le regard et le cœur.
Le calendrier de l’Avent commercial appartient à une logique opposée à celle de l’Évangile.
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Il entretient l’impatience alors que l’Avent enseigne l’espérance. Il stimule la consommation quand l’Avent appelle à la sobriété. Il flatte le désir immédiat alors que l’Avent invite à la profondeur. Offrir un chocolat n’est évidemment pas un mal en soi, mais utiliser le mot Avent pour désigner une série de friandises relève d’un détournement du sacré. On ne peut acheter un temps liturgique.Redécouvrir le vrai Avent, c’est reprendre possession de sa vie intérieure. C’est accepter que ce temps ne peut être vécu dans la dispersion, mais dans un mouvement du cœur orienté vers Dieu. C’est offrir à nos enfants et à nous-mêmes un chemin qui nourrit réellement l’âme. Ce n’est peut-être pas le plus facile, mais c’est assurément le plus fécond.
Un cœur préparé accueille Noël autrement. Une famille qui prie ensemble vit ce mystère dans une paix que rien ne peut imiter. Et la plus belle surprise de l’Avent ne se trouve jamais derrière une porte en carton, mais dans la joie simple et exigeante de l’attente du Christ.


