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Nigeria : un pasteur, une jeune mariée et vingt fidèles enlevés,le pays replonge dans la terreur des gangs armés

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Ces deux attaques surviennent dans un contexte déjà explosif. En quinze jours, plus de 400 personnes ,en majorité des enfants , ont été enlevées dans divers États du nord

L’insécurité chronique du Nigeria a franchi un nouveau cap ce week-end, avec deux attaques spectaculaires menées par des hommes armés contre des lieux de culte et des foyers de villageois. Un pasteur, sa jeune épouse, une mariée en préparation de noces, plusieurs femmes et des fidèles en pleine prière ont été kidnappés dans les États de Kogi et Sokoto. Une nouvelle démonstration de l’effondrement de la sécurité dans le nord et le centre du pays.Selon les premiers éléments, les assaillants ont fait irruption dimanche dans la nouvelle église Cherubim and Seraphim du village d’Ejiba, dans l’État de Kogi. Ils ont tiré des coups de feu, provoqué la panique parmi les fidèles puis enlevé le pasteur, son épouse et plusieurs membres de la congrégation. La scène, décrite comme « chaotique », illustre la vulnérabilité des lieux de culte, désormais régulièrement pris pour cibles.

La veille, dans l’État de Sokoto, c’est un tout autre drame qui s’est joué : une jeune mariée qui préparait sa cérémonie du lendemain a été enlevée avec ses demoiselles d’honneur, un bébé, la mère de l’enfant et une autre femme. Les médias locaux évoquent un raid « éclair », mené par un groupe lourdement armé.

Ces deux attaques surviennent dans un contexte déjà explosif. En quinze jours, plus de 400 personnes ,en majorité des enfants , ont été enlevées dans divers États du nord

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Les enlèvements massifs font désormais partie du quotidien, au point que certaines écoles ferment leurs portes, incapables de garantir la sécurité des élèves. Le 21 novembre, plus de 300 élèves et enseignants ont été enlevés à l’école catholique Saint Mary’s de Papiri. Deux cent soixante-cinq d’entre eux seraient encore portés disparus.Les motivations derrière cette vague de kidnappings restent débattues. La plupart des analystes évoquent des groupes criminels attirés par la manne des rançons. Mais un porte-parole de la présidence nigériane soutient que certaines attaques portent la signature de groupes djihadistes opérant dans le nord. Cette ambiguïté renforce l’inquiétude : le pays semble se trouver face à un mélange instable de banditisme armé et de terrorisme diffus.

Le porte-parole de l’État de Kogi, Kingsley Fanwo, a confirmé l’attaque d’Ejiba mais reconnaît que les autorités ignorent encore le nombre exact de victimes. Il affirme que les forces de sécurité « font ce qu’elles doivent faire », une formule souvent répétée mais qui peine à rassurer des populations rurales abandonnées à elles-mêmes.Car c’est bien là la dimension la plus préoccupante : la vulnérabilité totale des villages isolés. Écoles, églises, maisons isolées… tout devient un terrain de chasse pour des groupes armés qui agissent impunément. Le gouvernement a interdit le paiement des rançons, mais chacun sait qu’elles continuent d’être versées, faute d’alternative, alimentant un véritable marché de l’enlèvement.

La crise nigériane a pris un tour international lorsque le président américain Donald Trump a accusé Abuja de « laisser tuer les chrétiens », évoquant l’hypothèse de déployer des troupes américaines si la situation ne s’améliorait pas. Les autorités nigérianes répliquent que toutes les communautés,chrétiennes comme musulmanes, sont frappées par cette violence aveugle. Mais ces dénégations ne suffisent pas à masquer l’évidence : le Nigeria est aujourd’hui l’un des pays où les chrétiens paient le plus lourd tribut à l’insécurité généralisée.

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