L’Église catholique du Nigeria est frappée une nouvelle fois. À peine quelques semaines après d’autres attaques visant des communautés chrétiennes dans le nord du pays, un nouveau drame touche le diocèse de Zaria : dans la nuit du mardi 2 décembre 2025, le père Emmanuel Ezema a été enlevé dans sa résidence du presbytère de l’église Saint-Pierre de Rumi. Pour beaucoup de fidèles, ce nouvel événement a le goût amer d’un énième “enterrement” annoncé, tant les enlèvements de prêtres se succèdent inexorablement.
Face à ce choc, le diocèse de Zaria a publié ce 3 décembre un communiqué officiel confirmant l’enlèvement et appelant immédiatement à la prière. Dans cette lettre signée par le chancelier diocésain, le père Isek Augustine, l’Église déclare :
« Nous regrettons d’annoncer officiellement l’enlèvement de notre prêtre, le révérend père Emmanuel Ezema, dans sa résidence de l’église catholique Saint-Pierre de Rumi, le mardi 2 décembre 2025, vers 23 h 30.
Nous appelons tous les hommes et femmes de bonne volonté à prier pour la libération sûre et rapide de notre prêtre et d’autres personnes des mains de leurs ravisseurs. Par l’intercession de Notre-Dame, Mère de tous les prêtres et notre mère, que notre frère et les autres nous reviennent sains et saufs. »
Cet enlèvement intervient dans un climat de violence quasi-permanente dans le nord du Nigeria. Depuis plus de dix ans, les prêtres, religieux, séminaristes et catéchistes y sont la cible de groupes armés, souvent motivés par la rançon mais opérant dans un contexte où les communautés chrétiennes sont particulièrement vulnérables. L’État de Kaduna, où se trouve le diocèse de Zaria, est l’un des foyers les plus violents : attaques de villages, routes impraticables à la tombée du jour, paroisses sous surveillance, enlèvements répétés.La Conférence épiscopale du Nigeria dénombre chaque année des dizaines d’enlèvements de prêtres. Certains sont libérés au bout de quelques jours, d’autres ne reviennent jamais. Ce cycle de violence, loin de ralentir, s’est intensifié en 2024 et 2025, au point que plusieurs diocèses ont instauré des couvre-feux internes pour protéger leurs prêtres.
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Les circonstances de l’enlèvement du père Ezema, survenu peu avant minuit, ne sont pas encore connues en détail. Mais le scénario est tristement banal : des hommes armés pénètrent dans le presbytère, enlèvent leur cible et disparaissent sans revendication immédiate. Pour les communautés chrétiennes locales, cette répétition crée une véritable fatigue morale et un sentiment d’abandon de la part des autorités civiles, malgré les promesses gouvernementales.L’Église catholique du Nigeria, forte de près de 30 millions de fidèles, continue pourtant d’assurer un service essentiel dans les domaines de l’éducation, de la santé, du secours aux pauvres et de la paix sociale. Dans les villages et les paroisses rurales, les prêtres sont souvent les seuls repères stables, d’où la violence particulière de ces attaques contre eux.
Le communiqué du diocèse de Zaria, empreint d’inquiétude mais aussi d’espérance, se conclut par une prière :
« Par l’intercession de Notre-Dame, Mère de tous les prêtres, que notre frère nous revienne sain et sauf. »Alors que les heures passent, l’Église du Nigeria, éprouvée mais fidèle, se rassemble dans la prière et l’attente. Les paroissiens de Zaria espèrent que le père Emmanuel Ezema sera libéré rapidement et pourra retrouver sa communauté, dans un pays où chaque enlèvement de prêtre laisse la douloureuse impression qu’un nouveau deuil se prépare.


