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« L’identité chrétienne n’est pas un ornement » : le pape Léon XIV revendique une identité forte, enracinée dans la foi

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Lors de son voyage en Turquie, le pape Léon XIV a invité toutes les confessions chrétiennes, pour l’année 2033, à se rassembler pour faire mémoire des deux mille ans de la mort du Christ. L’unité n’est possible que si chacun demeure fidèle à ce qu’il est

Aujourd’hui, dès qu’un chrétien affirme ce qu’il croit, on l’accuse d’être « identitaire ». On voudrait l’amener à renier ce qu’il est, au nom d’une inclusion qui finit par dissoudre toute conviction. C’est à cette dérive qu’a répondu le pape Léon XIV le 22 novembre dernier, devant les éducateurs réunis à Madrid, en rappelant avec clarté : « L’identité chrétienne n’est pas un sceau décoratif ou un ornement, mais le noyau même qui donne sens, méthode et finalité au processus éducatif »

Cette phrase prononcée par le Souverain pontife condense tout un enseignement. L’identité chrétienne n’est pas un supplément, elle n’est pas une couleur que l’on ajoute à une école ou à une paroisse pour lui donner un parfum religieux. Elle est la source, le principe, la boussole. Léon XIV l’a dit explicitement : « Pour l’éducation chrétienne la boussole est le Christ. Sans sa lumière, la même mission éducative se vide de signification et devient un automatisme ». Si l’on perd de vue cette orientation, la mission éducative dérive. L’identité chrétienne n’est pas un repli, c’est un élan. Elle n’est pas une réaction, c’est une vocation. Elle éduque, transmet, donne vie.Comme illustration concrète de sa vision, lors de sa visite en Turquie en novembre 2025, le pape Léon XIV s’est rendu à la Mosquée Bleue d’Istanbul. Il y a ôté ses chaussures, signe de respect pour le lieu, mais a choisi de ne pas prier malgré l’invitation de l’imam. Ce geste marquait un équilibre recherché : respect du lieu et des personnes, sans confusion des rites.

Le pape témoignait ainsi de son identité chrétienne, sans provocation mais sans renoncement. Un chrétien peut dialoguer sans cesser d’être chrétien.

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Plus largement dans le débat public actuel, l’accusation d’« identitarisme » vise ceux qui ne demandent rien d’autre que la liberté d’être eux-mêmes. Il suffit aujourd’hui de rappeler l’enseignement de l’Église pour être considéré comme suspect. Sur l’avortement, par exemple, le Catéchisme catholique est clair : « La vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue dès le moment de la conception » (CEC 2270) et « l’avortement direct […] est gravement contraire à la loi morale » (CEC 2271). Cet enseignement ne vise pas à exclure qui que ce soit, mais à affirmer le droit inviolable de tout être innocent à la vie. Pourtant, il devient de plus en plus difficile de l’exprimer publiquement sans être menacé de sanctions ou de poursuites, comme si la foi elle-même devait être reléguée au silence.

Certaines sensibilités politiques vont jusqu’à affirmer qu’être chrétien « n’est pas compatible avec la République ». N’est-ce pas plutôt l’inverse ? Une société libre est celle où chacun peut affirmer paisiblement ce qu’il est. Refuser aux chrétiens le droit d’exprimer leur conviction au nom de la liberté revient à réduire cette liberté à une idéologie. C’est une étrange logique : au nom de l’ouverture, on demande à un croyant de se fermer. Au nom de la tolérance, on exige qu’il s’efface. Comme si la foi devait se cacher pour pouvoir exister.

Pourquoi alors cette suspicion ?

Parce qu’une idéologie diffuse a inventé une équation étrange : affirmation de la foi égale exclusion, fidélité à la tradition égale fermeture, identité chrétienne égale identitarisme. Le renversement est complet. Il repose sur une confusion volontaire entre deux réalités : l’identité chrétienne, qui reçoit, accueille et construit, et la posture identitaire, qui rejette, s’isole et exclut. Dans cette confusion, on demande aux catholiques de renoncer à eux-mêmes, de taire ce qu’ils croient, alors que l’identité chrétienne ne refuse personne : elle refuse seulement d’abandonner le Christ.

Au nom de l’inclusion et de la laïcité , on efface les crucifix, on gomme les références, on refuse les crèches de Noel , on demande aux écoles catholiques d’abandonner ce qu’elles sont. Les écoles catholiques ne demandent à personne de croire, elles demandent seulement la liberté d’enseigner selon leur foi. Là où se vit une identité chrétienne authentique, l’éducation devient un instrument de paix et de soin de la création. Nous sommes loin d’un discours de repli. L’identité chrétienne est relation, fidélité, communion. Dès les origines, l’Église a accueilli Grecs et Juifs, pauvres et riches, savants et simples. Ce qui fonde cette identité, ce n’est pas la peur, c’est la rencontre. La foi ne se ferme pas, elle se donne pour servir. Mais aimer demande de savoir qui l’on est. Sans racines, pas de fruits.

La parole de Léon XIV remet au centre la vérité des choses : l’identité chrétienne n’est pas un supplément, elle est l’âme. Elle est le noyau, la source, la ligne de force. Si elle disparaît, tout le reste se vide. La question est simple : voulons-nous encore un christianisme vivant, ou seulement un christianisme décoratif ? L’identité chrétienne n’exclut pas, elle engendre. Elle n’élimine pas l’autre, elle l’accueille. Elle n’est pas décorative, elle est essentielle à la France.

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