C’est une présentée comme un geste de laïcité, mais qui s’inscrit comme un nouvel épisode dans la mise à distance de l’héritage chrétien qui a pourtant fondé la nation québécoise.Le mardi 2 décembre 2025, le conseil municipal de Québec a adopté à l’unanimité le retrait du crucifix accroché depuis près de huit décennies dans la salle du conseil de l’hôtel de ville. L’objet, présent depuis les années 1940 et témoin discret de l’histoire politique de la cité, sera retiré avant Noël au nom de « l’inclusivité » et de la laïcité institutionnelle.
Pour les élus, le vote n’a été qu’une formalité. Pourtant, il touche un symbole majeur. Le crucifix n’était pas un simple élément de décor : il incarnait une mémoire collective, un lien avec l’histoire profondément chrétienne du Québec, dont les racines s’enracinent bien avant la naissance même de la ville moderne.Depuis la fondation de Québec en 1608, la présence chrétienne a structuré la vie sociale, culturelle et éducative de la province.
Les premières écoles, les premiers hôpitaux et les œuvres de charité ont été créés par des communautés religieuses. Sainte Marie de l’Incarnation, François de Laval et des générations de missionnaires ont façonné le paysage spirituel et civique de la région.
Dans la salle du conseil, le crucifix rappelait silencieusement cette continuité. Il représentait un héritage auquel s’identifient encore de nombreux Québécois, même dans une société sécularisée.Le retirer revient à effacer un marqueur identitaire historique plus qu’à adapter l’espace politique aux exigences modernes.
Le maire Bruno Marchand a confirmé le même jour que le crucifix ne serait pas exposé ailleurs dans l’hôtel de ville, même dans une vitrine patrimoniale.
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Cette précision a surpris : dans de nombreuses institutions, un tel symbole est déplacé, mais conservé et contextualisé.À Québec, le choix a été tout autre : faire disparaître l’objet sans alternative patrimoniale.Ce geste alimente l’impression que la laïcité, parfois présentée comme espace neutre, se transforme en outil d’effacement sélectif, visant avant tout les symboles chrétiens historiquement majoritaires.Que la décision ait été prise début décembre ne passe pas inaperçu.Alors que les chrétiens se préparent à célébrer la naissance du Christ, la capitale de l’Amérique française acte le retrait d’un symbole essentiel de son histoire religieuse. L’ironie du calendrier n’échappe à personne.
Si les élus municipaux voient dans ce retrait un signe d’ouverture, beaucoup y lisent au contraire une fracture culturelle, révélatrice d’un malaise plus profond : celui d’une société qui peine à assumer son propre passé.
Cette décision s’inscrit d’ailleurs dans une continuité préoccupante pour de nombreux observateurs. Depuis plusieurs années, le Québec s’engage résolument dans ce que Jean-Paul II appelait la culture de la mort, le pays affichant aujourd’hui l’un des taux d’euthanasie, pudiquement rebaptisée « aide médicale à mourir », les plus élevés au monde, un record que certains responsables politiques présentent comme un progrès sociétal. Le retrait du crucifix, symbole du caractère sacré de toute vie humaine, apparaît ainsi comme le miroir d’une dérive plus large, où l’on efface non seulement les racines chrétiennes, mais aussi la vision de l’homme qu’elles portent. Dans ce contexte, le geste posé à Québec ne semble plus isolé, il devient le signe révélateur d’un glissement moral profond, inquiétant pour l’avenir même de la société.
Ce qui s’est joué le 2 décembre 2025 dépasse largement la question d’un objet sur un mur.C’est une vision de l’identité québécoise qui s’exprime , et pour un nombre croissant de citoyens, le retrait du crucifix sonne comme un avertissement : l’héritage chrétien du Québec, loin d’être valorisé, semble désormais relégué au rang de vestige gênant.


