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Jimmy Lai reconnu coupable à Hong Kong, la justice punit un démocrate, un journaliste et un catholique

Jimmy Lai - capture Facebook
Jimmy Lai - capture Facebook
Après cinq années de détention provisoire, la justice de Hong Kong a établi la culpabilité de l’éditeur catholique et figure prodémocratie Jimmy Lai. La peine sera fixée ultérieurement, mais le verdict marque déjà une étape décisive dans la reprise en main politique, médiatique et religieuse de l’ancienne colonie britannique

Le tribunal de Hong Kong a reconnu coupable, le 15 décembre, Jimmy Lai, entrepreneur, éditeur de presse et figure du mouvement pro-démocratie. Âgé de 78 ans, fondateur du quotidien Apple Daily, aujourd’hui interdit, il est poursuivi en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à la suite des manifestations de 2019.Selon l’accusation, l’ancien magnat des médias aurait orchestré deux complots visant à solliciter des sanctions ou un blocus de la part de pays étrangers contre Hong Kong et la Chine. Le parquet lui reproche également 161 publications qualifiées de séditieuses, accusées d’avoir incité à la défiance envers les autorités. Jimmy Lai a nié l’ensemble des accusations et plaidé non coupable durant le procès, mais le tribunal a retenu les chefs d’inculpation.

La peine n’a pas encore été prononcée et fera l’objet d’une audience ultérieure. En vertu de la loi sur la sécurité nationale, Jimmy Lai encourt une peine pouvant aller jusqu’à la prison à vie, une perspective lourde compte tenu de son âge, de son état de santé et de ses conditions de détention particulièrement strictes depuis 2020.

Plusieurs observateurs soulignent que ce verdict dépasse le seul cadre judiciaire. Le média italien La Bussola insiste sur la dimension religieuse du dossier. Converti au catholicisme en 1997, Jimmy Lai n’a jamais dissimulé sa foi ni son attachement aux valeurs chrétiennes de vérité et de liberté. Dans un contexte de contrôle renforcé des religions par les autorités chinoises, cette identité catholique assumée contribue à faire de lui une figure particulièrement dérangeante.La présence du cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong et proche de Jimmy Lai, dans la salle d’audience, a renforcé cette lecture. Le prélat, lui-même poursuivi par le passé, est devenu un symbole de la résistance de l’Église locale face aux pressions politiques. Sa présence soulignait la portée à la fois politique, médiatique et religieuse de ce verdict.

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Sur le plan international, la reconnaissance de culpabilité a suscité de vives réactions. Le Royaume-Uni, dont Jimmy Lai possède la nationalité, a dénoncé des poursuites judiciaires à caractère politique et appelé à sa libération. Son fils, Sebastien Lai, a exhorté Londres à faire de ce dossier une priorité diplomatique, estimant que tout rapprochement avec Pékin devrait passer par la libération de son père.Des représentants des États-Unis, de l’Union européenne et de la France assistaient à l’audience. Pékin, de son côté, a réaffirmé son soutien total aux autorités hongkongaises dans la défense de la sécurité nationale, rejetant les critiques occidentales comme des tentatives de diffamation.

Pour les organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse, ce verdict constitue un tournant. Amnesty International estime qu’il sonne comme le glas de la liberté de la presse à Hong Kong. Reporters sans frontières évoque une décision illégale, tandis que le Comité pour la protection des journalistes parle d’un verdict parodique.Sans que la peine ait encore été prononcée, la reconnaissance de culpabilité de Jimmy Lai apparaît déjà comme un signal fort : à Hong Kong, le journalisme indépendant, l’opposition politique et l’expression religieuse non alignée sont désormais traités comme des menaces pour la sécurité de l’État.

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