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Diocèse de Nice : « Fiat voluntas tua », quand des voix évoquent un vicaire général omniprésent

à gauche Monseigneur Jean-Philippe Nault,  le vicaire général, le père Cyril Geley, ( à droite)
à gauche Monseigneur Jean-Philippe Nault, le vicaire général, le père Cyril Geley, ( à droite)
Selon plusieurs témoignages, le malaise ne viserait pas tant l’influence prêtée au vicaire général que le sentiment qu’il s’octroierait certains avantages tout en refusant, dans le même temps, des dépenses jugées élémentaires aux prêtres de terrain, une situation qui interroge le sens donné à la charité et à l’équité

« Fiat voluntas tua ». Que ta volonté soit faite. Telle est la devise épiscopale de Jean-Philippe Nault, évêque de Nice depuis sa nomination le 9 mars 2022. Né en 1965 à Paris, membre de la Société Jean-Marie-Vianney, ordonné prêtre en 1998, il a été notamment recteur de la basilique d’Ars avant d’être nommé évêque de Digne, Riez et Sisteron en 2014, puis transféré à Nice en 2022. Une devise empruntée au Notre Père, appelant à l’abandon confiant de sa propre volonté à celle de Dieu. Mais, selon des propos qui circulent avec insistance, des sources qui n’ont pas souhaité dévoiler leur identité par peur des représailles , certains y voient aujourd’hui, non sans ironie, une clé de lecture du fonctionnement interne du diocèse. Car, murmurent-ils, encore faudrait-il savoir de quelle volonté il est question.

Depuis plusieurs semaines, notre rédaction reçoit des messages. Ils ne se présentent ni comme des enquêtes, ni comme des révélations étayées, mais comme des récits indirects, des confidences, parfois des indignations. Leur tonalité est vive, leur vocabulaire souvent excessif, et leur statut clairement assumé, celui de rumeurs que nous rapportons comme telles, sans les endosser.

Ces récits convergent autour d’une même perception, celle d’un diocèse dont la gouvernance effective serait, selon ces voix critiques, largement exercée par le vicaire général, le père Cyril Geley, 48 ans, ordonné il y a bientôt vingt ans, ayant accompli une large part de son ministère à Grasse. Monseigneur Jean-Philippe Nault y apparaît en creux, décrit comme peu enclin à l’exercice de l’autorité, ou du moins laissant une grande latitude à son entourage immédiat.Le vocabulaire employé par certains correspondants ne souffre aucune mesure. Ils évoquent une « iniquité absolue », parlent de « scandales » et décrivent, toujours selon leur perception, des avantages matériels qui seraient accordés au vicaire général. Ainsi, racontent-ils, des dépenses jugées confortables auraient été consenties pour l’aménagement de son logement personnel tandis que, dans le même temps, des demandes de travaux bien plus modestes formulées par d’autres prêtres du diocèse auraient été écartées.

Certains vont plus loin encore dans la mise en scène verbale, allant jusqu’à affubler le vicaire général d’un surnom emprunté au registre mafieux, « capo di tutti capi » « le chef de tous les chefs », expression que nous citons pour ce qu’elle est, un marqueur de tension et de colère, bien davantage qu’un constat.

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D’autres messages évoquent un parcours et des aspirations. Il est ainsi raconté que le père Cyril Geley aurait, à deux reprises, été candidat à l’épiscopat,et que retoqué à deux reprises , il caresserait toujours le désir d’accéder à cette charge. Là encore ces propos rapportés nourrissent l’image d’un pouvoir jugé déjà très étendu mais qui ne demanderait qu’à s’étendre encore un peu plus…

Ces rumeurs, insistent ceux qui les relaient, n’auraient pas vocation à éclabousser l’Église, mais à alerter. Elles posent, à leurs yeux, une question de décence et de conscience. À ce jour, comme dans bien des diocèses et plus largement dans l’Église, prévaut souvent une forme d’omerta, au nom de la volonté impérieuse d’éviter tout scandale, quitte à laisser certaines injustices perdurer. Car si des comportements perçus comme contraires à l’exigence évangélique venaient un jour à être établis, c’est la crédibilité même de certains modes de gouvernement ecclésial qui serait en cause. Et de la même manière que les abus et les déviances sexuelles ont dû être nommés et dénoncés, des dérives d’ordre matériel, lorsqu’elles concernent l’usage de biens issus de la générosité des fidèles, ne sauraient être soustraites à l’exigence de vérité, tant leur portée morale apparaît, aux yeux de ceux qui s’en indignent, tout aussi grave.

Le diocèse de Nice n’est pas ici mis en accusation. Il est simplement questionné à travers les paroles de ceux qui doutent, s’inquiètent ou s’indignent. Au-delà de ce diocèse, c’est une interrogation plus large qui se fait jour, celle de la responsabilité des gouvernants de l’Église et de la cohérence entre les principes affichés et les pratiques perçues

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