Il est l’une des grandes figures spirituelles du XIVᵉ siècle, un pape de prière et de réforme, marqué par l’austérité bénédictine et le sens du devoir. Le bienheureux Urbain V, 200ᵉ successeur de saint Pierre, régna de 1362 à 1370, à une époque troublée pour l’Église, alors installée en Avignon.Né vers 1310 au château de Grisac, en Gévaudan, l’actuelle Lozère, Guillaume de Grimoard est issu d’une famille profondément enracinée dans cette terre rude et croyante. Très tôt, il choisit la vie monastique et entre chez les bénédictins du Saint-Sauveur de Chirac, dépendant de Saint-Victor de Marseille. Il y mène une vie exemplaire, faite de régularité, d’étude et de fidélité à la règle de saint Benoît.
Brillant intellectuel, il poursuit de hautes études à Montpellier et à Toulouse, puis enseigne à Montpellier, Toulouse, Paris et Avignon. Sa réputation de science et de droiture l’amène à exercer de lourdes responsabilités dans l’Église, comme vicaire général de Clermont et d’Uzès, puis comme abbé de Saint-Germain d’Auxerre et de la prestigieuse abbaye Saint-Victor de Marseille. Il est également envoyé comme légat pontifical à Naples par le pape Innocent VI.
C’est à Naples qu’il apprend, le 28 septembre 1362, son élection au souverain pontificat. Intronisé à Avignon le 31 octobre, il est consacré évêque et couronné le 6 novembre, sans faste, fidèle à la sobriété monastique qu’il ne quittera jamais. Il choisit le nom d’Urbain, en référence aux papes saints qui l’avaient précédé.
Son pontificat s’inscrit dans une période sombre de l’histoire de l’Église. Urbain V s’y engage avec une énergie remarquable. Il œuvre à la réforme des mœurs, à la promotion des études, au soutien des universités, à l’apaisement des conflits et à la recherche de l’unité avec les chrétiens d’Orient. Moine par vocation, pape par obéissance, il conserve un mode de vie simple, presque austère.Son acte le plus marquant demeure le retour du Siège apostolique à Rome. En 1367, il quitte Avignon et rétablit la papauté dans la Ville éternelle, réalisant un geste attendu et salué dans toute la chrétienté. Mais les luttes de factions et l’instabilité romaine l’obligent à revenir en Avignon en 1370, malgré les supplications, notamment celles de sainte Brigitte de Suède.
Trois mois plus tard, le 19 décembre 1370, sentant sa fin proche, Urbain V demande à quitter le palais pontifical. Il se fait transporter dans une modeste maison, ouverte à tous, afin de mourir comme un simple chrétien. Ce dernier geste, profondément évangélique, scelle la cohérence d’une vie donnée à Dieu.D’abord inhumé à Notre-Dame des Doms à Avignon, son corps est transféré dix-huit mois plus tard à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, dont il avait été l’abbé. Très vite, sa mémoire est honorée en France et en Italie. Le pape Pie IX signera le décret de béatification le 10 mars 1870.
La Lozère, fière d’avoir vu naître ce pape de sainteté et d’érudition, conserve un attachement particulier à sa figure. Une statue en bronze, érigée devant la cathédrale de Mende qu’il avait fait construire, fut solennellement bénie le 28 juin 1874. Le chemin Urbain V, aujourd’hui itinéraire de grande randonnée reliant Nasbinals à Avignon, rappelle encore son passage et son héritage.Le poète Pétrarque, son contemporain, résumait ainsi la stature spirituelle d’Urbain V : « Ô grand homme, sans pareil dans notre temps et dont les pareils en tous temps sont trop rares ». Une parole qui résonne encore, à la mesure d’un pape qui voulut servir l’Église dans l’humilité, la fidélité et la paix.
Avec Nominis


