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Mort de Brigitte Bardot, une catholique libre et dérangeante

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"Je m’en fous qu’on se souvienne de moi, mais ce que je voudrais, c’est qu’on se souvienne du respect dû aux animaux" : icône mondiale du cinéma, elle laisse derrière elle un parcours paradoxal, profondément marqué par une enfance catholique et une relation personnelle, souvent rugueuse, au sacré

Brigitte Bardot est décédée ce dimanche matin 28 décembre 2025, à l’âge de 91 ans, à Saint-Tropez (Var), où elle vivait depuis la fin des années 1950.La disparition de Brigitte Bardot marque la fin d’un destin hors normes. Rarement une personnalité française aura autant concentré les regards, les passions et les jugements. Star planétaire dès les années 1950, elle fut aussi, très tôt, un point de fracture dans une France encore largement structurée par la morale catholique.Née et élevée dans une famille très catholique, du 16eme arrondissement de Paris, Brigitte Bardot reçut une éducation religieuse complète. Première communion, communion solennelle, confirmation, catéchisme, messe dominicale en famille, cette immersion précoce dans la foi a durablement façonné son rapport au sacré.

Elle ne l’a jamais reniée. Dans sa propriété de La Garrigue, elle avait aménagé un petit sanctuaire personnel ( dédié à la Saint Vierge) , orné d’images pieuses et de statues, signe d’une foi vécue de manière intime, loin des cadres institutionnels.

Dans les années 1950 et 1960, son irruption sur les écrans bouleversa l’ordre moral établi. Après le film Et Dieu… créa la femme, elle fut perçue par une partie des milieux catholiques comme un symbole de scandale moral, incarnant une liberté des mœurs jugée incompatible avec les valeurs chrétiennes. Son image, son corps, son indépendance dérangeaient une société qui supportait mal qu’une femme refuse les rôles assignés et s’affranchisse des normes dominantes.Cette rupture initiale a longtemps pesé sur le regard porté sur Brigitte Bardot, y compris au sein du monde catholique. Elle est restée associée, dans l’imaginaire collectif, à une transgression des repères traditionnels, ( adultère , pratique de l’IVG ) devenant malgré elle l’un des visages d’une modernité en opposition frontale avec l’anthropologie chrétienne alors dominante.

Cette tension n’a toutefois jamais effacé l’autre dimension majeure de sa vie, son engagement total pour la défense des animaux. Elle ne les considérait pas comme des biens ou des ressources, mais comme des créatures à respecter et à protéger. Ainsi déclarait-elle : « Je m’en fous qu’on se souvienne de moi, mais ce que je voudrais, c’est qu’on se souvienne du respect dû aux animaux. »


Cette phrase est extraite d’un film documentaire sorti le 3 décembre dernier. Le film, intitulé tout simplement BARDOT, revient sur la figure du cinéma français et retrace avec justesse et un certain brio le destin d’une femme libre et engagée à la fois. ( A voir : BARDOT : BANDE ANNONCE )

Cet engagement, souvent qualifié de radical, est devenu l’un des piliers de son héritage public. Nombreux y ont reconnu, consciemment ou non, une intuition profondément chrétienne, celle du respect de la Création et des plus vulnérables, même si elle s’est tenue à distance du langage et des structures ecclésiales.

En 2023, elle s’exprimait sans détour sur Noël, qu’elle qualifiait de « la plus sacrée des fêtes chrétiennes, la naissance de Jésus Christ, la naissance d’une religion, la naissance du catholicisme ». Elle dénonçait en parallèle « la débauche de luxe et le tralala impudique du commerce » qui, selon elle, en avait vidé le sens. Elle affirmait alors : « Moi, je célébrerai Noël en famille avec mes animaux. »Sa foi restait charnelle, personnelle, presque instinctive. Évoquant la Vierge Marie, elle confiait : « Elle m’a beaucoup protégée dans ma vie, sinon je ne serais plus là. » Elle disait aussi avoir une affection particulière pour saint François d’Assise, qu’elle considérait comme son « guide, son phare et son courage ». Et dans un entretien accordé à Famille Chrétienne, elle résumait sa relation au Christ par une formule simple et directe : « Moi, j’ai confiance en Jésus ! »

Ses prises de position publiques, notamment ses critiques très dures envers le pape François, qu’elle accusait de ne pas se soucier suffisamment des chrétiens d’Orient, ont choqué, y compris parmi les catholiques. Elles témoignaient cependant d’un rapport passionnel, conflictuel mais réel à l’Église, nourri davantage par l’attachement que par l’indifférence.La mort de Brigitte Bardot clôt un parcours qui ne fut ni lisse ni consensuel. Elle laisse la figure profondément paradoxale d’une femme marquée par la foi catholique, devenue symbole de scandale, puis engagée avec une radicalité rare au nom de ce qu’elle considérait comme juste.

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