Un prêtre catholique a été grièvement blessé par balle la veille de Noël dans le sud du Nigeria, un nouvel épisode de violence qui s’inscrit dans un climat sécuritaire toujours instable pour l’Église locale et pour l’ensemble de la population.Le père Raymond Njoku, vicaire de la paroisse Saint Kevin à Igbaku, a été attaqué le 24 décembre au soir à Ogbaku, dans la zone administrative locale de Mbaitoli, dans l’État d’Imo. Selon une source du presbytère archidiocésain d’Owerri, le prêtre rentrait à son domicile vers 20 heures lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur lui.
Les assaillants circulaient à bord d’un véhicule de type SUV. D’après les informations recueillies localement, ils seraient liés à un gang criminel impliqué dans des enlèvements, qui aurait tenté peu auparavant, sans succès, de kidnapper une autre personne dans la même zone. Le véhicule du prêtre a été touché par plusieurs balles.Des paroissiens sont immédiatement intervenus pour lui porter secours et l’ont transporté en urgence vers un hôpital voisin, où il a reçu des soins médicaux. Son état, jugé grave dans un premier temps, s’est ensuite stabilisé.L’archevêque d’Owerri, Lucius Iwejuru Ugorji, a confirmé par la suite que le père Njoku est en voie de guérison. « Nous remercions Dieu qu’il ait survécu à cette attaque mortelle », a déclaré le prélat, soulignant la violence des tirs essuyés par le véhicule du prêtre.
Cette attaque, survenue dans le sud du pays, intervient dans un contexte national plus large marqué par une dégradation continue de la sécurité. Depuis plus d’une décennie, le Nigeria est confronté aux exactions de groupes armés tels que Boko Haram, des factions affiliées à l’État islamique, ainsi qu’à des violences liées à la criminalité organisée et aux enlèvements contre rançon.Ce climat d’insécurité a récemment été mis en lumière au niveau international après une frappe aérienne américaine menée dans le nord ouest du Nigeria contre des combattants liés à l’État islamique. Dans un message publié le 25 décembre sur son réseau Truth Social, le président des États Unis, Donald Trump, a présenté cette opération comme une réponse aux violences infligées à des chrétiens, affirmant que ces groupes djihadistes avaient pris pour cible des fidèles chrétiens.
Le commandement militaire américain pour l’Afrique, AFRICOM, a confirmé qu’une frappe aérienne avait été menée à la demande des autorités nigérianes, sur la base de renseignements jugés crédibles et en coordination avec les forces locales. Des habitants de la région de Sokoto ont rapporté de fortes explosions, tandis que les autorités nigérianes ont rappelé que l’opération ne visait aucune communauté religieuse en tant que telle, dans un pays multiconfessionnel confronté à une menace terroriste persistante.
Selon plusieurs organisations non gouvernementales, le Nigeria figure parmi les pays les plus dangereux au monde pour les chrétiens. L’ONG Open Doors indique que plus de 3 100 chrétiens auraient été tués pour leur foi en 2024.
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Les autorités nigérianes contestent toutefois cette lecture et privilégient une analyse sécuritaire ou communautaire des violences, sans reconnaître l’existence d’une persécution religieuse.Sur le terrain, les responsables ecclésiaux font état d’églises détruites, de prêtres enlevés ou assassinés, de populations déplacées et d’un sentiment croissant d’abandon parmi les fidèles. La récente libération d’élèves d’écoles catholiques enlevés, ainsi que les appels répétés à la prière et à la solidarité lancés par les évêques, témoignent de la gravité de la situation.
La blessure du père Raymond Njoku, survenue en un temps liturgique central pour les chrétiens, rappelle ainsi la fragilité persistante de l’Eglise au Nigeria et des communautés chrétiennes dans un pays où la violence armée, sous des formes multiples, continue de peser lourdement sur la vie pastorale et sur la liberté religieuse.


