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RETROSPECTIVE ANNÉE 2025 : d’un pape à l’autre, d’une Église fracturée à une Église apaisée

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La mort du pape François, survenue en avril 2025, a marqué la fin d’une époque dans l’histoire récente de l’Église universelle. L’élection de Léon XIV, au cœur de l’Année jubilaire, a ouvert une nouvelle phase, placée sous le signe du rassemblement, du rééquilibrage doctrinale et d’une volonté affirmée d’unité, dans le respect de toutes les sensibilités qui traversent aujourd’hui l’Église catholique

De l’entrée effective dans le Jubilé 2025 à Rome jusqu’à l’élection d’un nouveau pape au printemps, l’année 2025 s’est imposée comme une année charnière pour l’Église catholique. Janvier 2025 marque l’enracinement concret du Jubilé ouvert le 24 décembre 2024 par l’ouverture de la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Dans les diocèses du monde entier, des églises jubilaires sont désignées, des pèlerinages organisés et des démarches de conversion proposées, structurées autour du thème de l’espérance.

Le 1er janvier, à l’occasion de la Journée mondiale de la paix, le pape François publie son message annuel, appelant à la responsabilité morale des États face aux conflits armés, à la protection des populations civiles et au refus de la banalisation de la guerre. Du 18 au 25 janvier, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens rappelle que l’Année sainte ne peut être dissociée du désir d’unité visible entre les baptisés.

Sur le plan international, le 20 janvier 2025 marque l’investiture de Donald Trump comme président des États-Unis. La cérémonie comporte des références explicites à la Bible et à Dieu. Le 21 janvier, le président assiste au National Prayer Service à la cathédrale nationale de Washington. Dans les semaines suivantes, plusieurs temps de prière impliquant des responsables religieux sont rendus publics à la Maison-Blanche, signalant une visibilité accrue du fait religieux dans la sphère institutionnelle américaine.

En février 2025, l’attention de l’Église se concentre sur la santé du pape François. À partir du 14 février, il est hospitalisé au Policlinico Gemelli de Rome. Les bulletins médicaux successifs évoquent une infection respiratoire sévère, puis une pneumonie bilatérale nécessitant plusieurs ajustements thérapeutiques. Dans de nombreux diocèses à travers le monde, des intentions de prière sont proposées pour la santé du pontife. Cet épisode rappelle la fragilité humaine du ministère pétrinien et place l’Église dans une attitude de recueillement, au cœur même de l’Année jubilaire.

Le mois de mars 2025 est marqué en France par le premier anniversaire de l’inscription dans la Constitution de la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse, votée en mars 2024. Aucune nouvelle réforme constitutionnelle n’intervient en 2025, mais cette date ravive les débats publics. La question de la clause de conscience des soignants refait surface. Les évêques rappellent que la liberté de conscience constitue un principe fondamental, tout en réaffirmant l’enseignement constant de l’Église sur le caractère sacré de la vie. Parallèlement, les discussions préparatoires autour de la fin de vie prennent de l’ampleur, annonçant les débats parlementaires de l’automne sur l’euthanasie appelé pudiquement « l’aide active à mourir ».

Le 21 avril 2025, lundi de Pâques, le pape François meurt à 7 h 35 à la Maison Sainte-Marthe.

L’annonce est faite par le cardinal Kevin Farrell, camerlingue. Des messes de requiem sont célébrées dans le monde entier. Les hommages soulignent l’ampleur d’un pontificat marqué par une forte présence internationale, des réformes institutionnelles et des débats pastoraux et doctrinaux parfois vifs et controversés. La vacance du Siège apostolique s’ouvre conformément aux normes canoniques. La Curie romaine fonctionne au ralenti, tandis que le calendrier du Jubilé est maintenu, situation rare dans l’histoire contemporaine de l’Église.

Les 7 et 8 mai 2025, les cardinaux électeurs se réunissent en conclave. Le 8 mai, le cardinal Robert Francis Prevost est élu pape et choisit le nom de Léon XIV, devenant le premier pape originaire des États-Unis.

Les premières prises de parole du nouveau pontife mettent l’accent sur la centralité du Christ et la responsabilité pastorale des évêques. Plusieurs responsables de dicastères sont confirmés provisoirement afin d’assurer la stabilité de la gouvernance romaine.

Le mois de juin 2025 est marqué par les premiers actes structurants du nouveau pontificat. Le 13 juin, Léon XIV préside un consistoire ordinaire public consacré aux causes de canonisation. Il fixe notamment la canonisation de Carlo Acutis et de Pier Giorgio Frassati au 7 septembre, mettant en avant des figures de sainteté laïque et accessibles. Dans le même temps, des consultations internes sont engagées sur l’organisation de la Curie romaine, sans réforme immédiate annoncée, mais avec une volonté affichée de clarification des responsabilités.

Durant l’été 2025, la dynamique jubilaire se poursuit. En juillet, les pèlerinages se multiplient à Rome et dans les diocèses. Fin juillet et début août, la capitale italienne accueille le Jubilé des jeunes. Des centaines de milliers de participants venus de tous les continents prennent part aux célébrations, catéchèses et temps de prière.

Léon XIV y insiste sur la cohérence entre foi professée et vie quotidienne, ainsi que sur l’enracinement sacramentel.

Dans plusieurs pays européens, dont la France, l’année 2025 confirme une stabilité, voire une légère hausse, des baptêmes d’adultes, tandis que les ordinations sacerdotales demeurent globalement modestes, avec de fortes disparités régionales.

Le 7 septembre 2025, la canonisation de Carlo Acutis et de Pier Giorgio Frassati attire une attention médiatique mondiale. Ces figures sont présentées comme des modèles de sainteté vécue dans la modernité. La rentrée pastorale est marquée, dans de nombreux diocèses, par un accent mis sur la formation des laïcs, la catéchèse des adultes et la consolidation des communautés locales.

L’automne 2025 met en lumière la situation des chrétiens exposés à la violence et aux persécutions dans le monde.

Les données publiées par l’Agence Fides indiquent que 17 missionnaires et agents pastoraux ont été tués au cours de l’année. Dix de ces victimes se trouvent en Afrique, soit environ 59 % du total. Le Nigeria concentre 5 morts, parmi lesquels des prêtres et deux séminaristes. Le Burkina Faso compte 2 catéchistes laïcs assassinés. Le Kenya, la Sierra Leone et le Soudan enregistrent chacun un prêtre tué, ce dernier ayant été mortellement blessé par un éclat d’obus dans une zone de conflit. Le continent américain recense 4 victimes, soit environ 23 % du total, dont deux religieuses assassinées en Haïti, un prêtre au Mexique et un prêtre aux États-Unis. En Asie, 2 missionnaires ont été tués, représentant environ 12 %, dont un prêtre au Myanmar, premier prêtre catholique mort depuis le début de la guerre civile, et un laïc engagé dans l’éducation catholique aux Philippines. En Europe, un prêtre est recensé en Pologne, soit environ 6 % du total.

La Chine constitue en 2025 un autre visage de la persécution, moins visible mais durable. Aucun chiffre de morts n’est avancé pour l’année, mais les restrictions administratives et politiques à l’encontre des communautés chrétiennes se poursuivent. Le contrôle des lieux de culte, la surveillance des activités pastorales, les pressions exercées sur les prêtres et les évêques, notamment ceux liés à l’Église non reconnue par l’État, demeurent une réalité documentée. Les restrictions imposées à l’enseignement religieux et aux activités impliquant des mineurs confirment la continuité d’une politique de contrôle étroit de la vie ecclésiale.

Entre 2000 et 2025, 626 missionnaires et agents pastoraux ont été tués dans le monde. Le Nicaragua illustre une autre forme de persécution. En 2025, aucune mort n’y est recensée, mais plus de 260 responsables chrétiens ont été expulsés du pays depuis 2018, avec la poursuite des fermetures d’œuvres éducatives et des entraves à la formation sacerdotale.

En France, l’Église catholique se trouve tout au long de l’année au cœur de débats publics persistants et d’un climat de tension autour de sa visibilité, de la place de la religion catholique et de son héritage historique national. Pour l’année 2024, dernier exercice entièrement consolidé par le ministère de l’Intérieur, 1 013 actes antichrétiens ont été recensés sur l’ensemble du territoire national. Ces faits représentent environ 31 % de l’ensemble des actes antireligieux enregistrés en France cette année-là.

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Pour l’année 2025, les chiffres définitifs annuels ne sont pas encore publiés à la fin décembre. En revanche, les données officielles du premier semestre sont connues. Entre janvier et juin 2025, 401 actes antichrétiens ont été recensés, contre 354 sur la même période en 2024, soit une augmentation de 13,3 %. Ces faits sont constitués à environ 80 % de dégradations ou destructions de biens, à environ 12 % de profanations, à environ 6 % de vols et à environ 2 % d’incendies ou de tentatives d’incendie. Les églises catholiques représentent plus de 90 % des lieux chrétiens touchés, proportion liée à leur nombre et à leur implantation territoriale.

À l’approche de Noël 2025, plusieurs décisions de justice ordonnent le retrait de crèches installées dans des bâtiments publics, relançant le débat sur la laïcité et la place des symboles chrétiens dans l’espace public. Parallèlement, l’enseignement catholique fait l’objet de plusieurs enquêtes administratives, dont certaines sont jugées abusives dans leur méthode, sur la gouvernance, le contrôle des établissements sous contrat et la prévention des abus. Sur le plan bioéthique, le débat parlementaire sur l’aide active à mourir s’ouvre à l’automne. Les évêques de France alertent sur ce qu’ils considèrent comme une rupture anthropologique majeure et soulignent le retard pris dans le développement des soins palliatifs.

À l’échelle européenne, l’année 2025 confirme une marginalisation culturelle persistante du christianisme. Plusieurs débats récurrents touchent indirectement les chrétiens, notamment les restrictions imposées aux symboles religieux dans l’espace public, les discussions autour de l’objection de conscience dans les domaines médicaux et éducatifs, ainsi que la contestation de certains éléments du patrimoine religieux au nom d’une interprétation stricte de la laïcité et de la neutralité culturelle. Ces dynamiques, variables selon les pays, traduisent une tension durable entre héritage chrétien et recomposition idéologique des cadres culturels européens.

Du 27 novembre au 2 décembre 2025, Léon XIV effectue son premier voyage apostolique, en Türkiye puis au Liban. Ce déplacement met l’accent sur le dialogue œcuménique, la liberté religieuse et la situation des chrétiens d’Orient, confrontés à l’instabilité politique et à l’émigration.

Noël 2025 constitue le premier Noël de Léon XIV comme pape. Dans ses messages, il appelle à ne pas céder à l’indifférence face aux souffrances du monde. À la fin du mois de décembre, l’Église entre dans la phase finale du Jubilé. La Porte sainte de la basilique Saint-Pierre, ouverte le 24 décembre 2024, doit être scellée le 6 janvier 2026, marquant la clôture liturgique de l’Année sainte.

L’année 2025 apparaît ainsi comme une année de transition majeure pour l’Église catholique, marquée par le passage d’un pontificat à un autre, par une Année jubilaire vécue dans un monde traversé de fractures, et par une Église appelée à tenir ensemble fidélité doctrinale, engagement pastoral et lucidité face aux réalités contemporaines.

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