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À Buenos Aires, un sommet international s’interroge sur les abus dans l’Église et donne la parole à d’anciennes membres de l’Opus Dei

José María Escrivá de Balaguer - DR
José María Escrivá de Balaguer - DR
L’Opus Dei a contesté les accusations portées contre lui, affirmant que les faits présentés ne correspondent pas à la réalité vécue au sein de la prélature et soulignant sa volonté de coopération avec les autorités judiciaires

Le 16 décembre 2025, à Buenos Aires, une rencontre internationale consacrée aux abus dans l’Église catholique s’est tenue à l’initiative de l’organisation ECA Global. Ce sommet a rassemblé journalistes d’investigation, avocats, universitaires, victimes et anciens membres de différentes réalités ecclésiales, venus de plusieurs pays pour échanger sur des situations vécues et sur les réponses apportées par les institutions civiles et religieuses.

Au cours de cette rencontre, plusieurs femmes ayant appartenu à l’Opus Dei ont pris la parole. Parmi elles figurait Visitación Villa Mayor, ancienne numéraire auxiliaire, qui s’est exprimée publiquement pour l’une des premières fois depuis le dépôt d’une plainte en Argentine. Elle a évoqué son parcours personnel et les conditions dans lesquelles elle affirme avoir vécu durant les années passées au sein de structures liées à la prélature.Originaire du Paraguay, Visitación Villa Mayor a expliqué avoir quitté son pays à l’adolescence pour l’Argentine avec l’intention de poursuivre des études. Issue d’une famille modeste de dix enfants, elle a relaté avoir exercé des tâches domestiques dans différents centres. Elle a déclaré avoir pris conscience, avec le temps, du caractère contraignant de sa situation, notamment en la comparant à celle de personnes extérieures à l’institution. Elle a également indiqué avoir été déplacée entre le Paraguay et l’Argentine pendant plusieurs années avant de pouvoir quitter ces structures.

Ces témoignages s’inscrivent dans une procédure judiciaire en cours devant le tribunal fédéral n° 3 de Buenos Aires, concernant la situation de 43 anciennes numéraires auxiliaires. En juillet 2025, Mariano Fazio, responsable de haut rang de l’Opus Dei, a été mis en cause par la justice argentine dans le cadre de cette affaire.

L’Opus Dei a contesté les accusations portées contre lui, affirmant que les faits présentés ne correspondent pas à la réalité vécue au sein de la prélature et soulignant sa volonté de coopération avec les autorités judiciaires.

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Fondé en 1928 en Espagne par José María Escrivá de Balaguer, canonisé par l’Église catholique, l’Opus Dei a pour mission de promouvoir la recherche de la sainteté dans la vie ordinaire, notamment à travers le travail, la vie familiale et l’engagement social. Présente dans de nombreux pays, la prélature est connue pour ses activités de formation spirituelle, ses initiatives éducatives, la création d’écoles et d’universités, ainsi que pour des projets sociaux destinés à des populations défavorisées, en particulier en Amérique latine.La rencontre de Buenos Aires a également donné la parole à des intervenants venus du Mexique, d’Espagne, du Chili, du Paraguay, du Guatemala et d’Irlande, illustrant la diversité des contextes et des expériences évoquées. Le journaliste péruvien Pedro Salinas a notamment souligné l’intérêt de disposer d’espaces de dialogue permettant d’entendre les personnes concernées tout en respectant les cadres juridique et ecclésial.

Organisé par ECA Global, le sommet s’est tenu quelques semaines après que des représentants de cette organisation ont été reçus par le pape Léon XIV. Sans anticiper les conclusions des procédures judiciaires ni les discernements ecclésiaux à venir, cette rencontre a eu pour objectif de favoriser l’échange d’informations et la réflexion sur des situations complexes, dans un esprit de recherche de vérité et de respect des personnes et des institutions.

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