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À Cracovie, un tournant discret mais discuté : le pape Léon XIV choisit le cardinal Grzegorz Ryś pour le diocèse de Jean-Paul II

Cardinal Grzegorz Ryś  - capture écran
Cardinal Grzegorz Ryś - capture écran
La nomination du cardinal Grzegorz Ryś à la tête de l’archidiocèse de Cracovie suscite des réactions contrastées. Pasteur apprécié mais réputé progressiste, il prend la succession d’un évêque au style plus affirmé, dans un diocèse dont l’héritage reste étroitement lié à saint Jean-Paul II

Le 26 novembre dernier, le Vatican a annoncé que le pape Léon XIV avait accepté la démission de l’archevêque Marek Jędraszewski, 76 ans, et nommé pour lui succéder le cardinal Grzegorz Ryś. Le contexte de cette transition n’est pas anodin. L’archidiocèse de Cracovie reste l’un des centres névralgiques du catholicisme européen, marqué par l’empreinte de Karol Wojtyła, future figure majeure de l’Église universelle.L’archevêque Jędraszewski, connu pour ses positions claires et son attachement à la tradition, laissait une Église locale parfois divisée mais solidement ancrée dans le legs doctrinal de Jean-Paul II. Le choix d’un successeur au profil très différent ouvre une période d’interrogations légitimes parmi les fidèles les plus attachés à cette continuité.

Né à Cracovie et formé dans l’atmosphère spirituelle de l’époque Wojtyła, le cardinal Ryś connaît parfaitement la réalité de ce diocèse. Son parcours académique et pastoral y est reconnu. Toutefois, son ministère à Łódź depuis 2017 a mis en lumière un style très particulier, davantage tourné vers des initiatives synodales, des consultations fréquentes et une gouvernance plus participative.

Ces choix pastoraux, appréciés par une partie des fidèles, laissent d’autres catholiques plus prudents, estimant que certaines réformes de diocèses polonais doivent être conduites avec discernement et dans un esprit de continuité doctrinale.

L’établissement d’une commission indépendante chargée d’examiner les cas d’abus a été salué pour sa rigueur, mais son approche générale, plus réformatrice, a parfois été perçue comme éloignée de la culture ecclésiale traditionnelle du pays.Dès son premier discours après sa nomination à Cracovie, le cardinal Ryś a tenu à rappeler son inspiration ecclésiale :« C’est le pape François qui m’a enseigné la compréhension de l’Église. De lui, j’ai appris tout ce en quoi je crois concernant l’Église. Je ne peux pas imaginer une autre Église que celle que François nous a enseignée. »

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Ces propos, bien que loyaux envers le successeur de Pierre, ont ravivé certaines inquiétudes chez les fidèles les plus attachés à l’esprit de Jean-Paul II, qui craignent que des orientations trop rapides ou trop marquées par des approches progressistes ne bousculent l’équilibre pastoral de Cracovie.Il ne s’agit pas de contester la légitimité du choix pontifical, mais de constater que cette nomination place à la tête du diocèse une figure dont les priorités pastorales ne correspondent pas toujours à celles traditionnellement associées à Cracovie.

Depuis plusieurs années, l’Église polonaise se distingue par son attachement profond à la doctrine, à la liturgie et à l’anthropologie héritée de Jean-Paul II. Dans ce contexte, certaines des orientations portées par le pape François ont été reçues avec réserve. Le cardinal Ryś, l’un des rares évêques polonais à défendre ouvertement ces orientations, se retrouve aujourd’hui à la tête du diocèse le plus symbolique du pays.Le chroniqueur Austen Ivereigh le qualifie de « Mr. Synode », ce qui décrit un style de gouvernement davantage fondé sur l’écoute et la consultation. Si cette méthode peut apporter une dynamique collaborative, elle risque aussi, selon certains observateurs conservateurs, de créer une forme d’incertitude sur la direction doctrinale à long terme du diocèse.L’arrivée du cardinal Ryś ne remet pas en cause l’attachement de l’Église polonaise à la tradition catholique ni la fidélité exemplaire du pays au Saint-Siège.

Cependant, elle ouvre une période où son style pastoral sera attentivement observé, notamment par les prêtres et les fidèles soucieux de préserver l’héritage théologique et spirituel de saint Jean-Paul II.Cracovie entre ainsi dans une nouvelle étape. Le défi pour le nouvel archevêque sera de concilier son approche personnelle, tournée vers le dialogue, avec l’identité forte et structurée d’un diocèse historiquement lié à la clarté doctrinale et au sens de la mission hérités de l’un des plus grands papes du XXᵉ siècle.

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