Héritières d’une longue tradition bénédictine née de saint Benoît et ravivée par Thérèse de Bavoz, elles poursuivent une mission où le travail devient prière et la beauté, témoignage de Dieu.Sur les collines paisibles du Roannais, l’Abbaye Saint-Joseph et Saint-Pierre de Pradines veille depuis plus de deux siècles, discrète et fidèle, enracinée dans la tradition bénédictine. Derrière ses murs empreints de silence et de ferveur, les sœurs bénédictines unissent prière et travail selon la règle de saint Benoît : Ora et labora, prie et travaille.
Et c’est dans cette harmonie entre contemplation et action qu’elles perpétuent un art singulier : la création de faire-part de mariage.

Dans leurs ateliers sobres et lumineux, les sœurs de Pradines font de chaque faire-part une œuvre de foi. Le mariage, rappellent-elles, n’est pas un simple événement social : c’est un sacrement, un engagement solennel devant Dieu. Dès lors, il mérite d’être annoncé avec soin, avec beauté et avec prière. Les Ateliers de l’Abbaye produisent une large gamme de créations : faire-part de mariage sur papiers Rives, Van den Velde ou Rivoli, livrets de messe, menus, marque-places et cartes de remerciement. Chaque réalisation est soignée, élégante, et porte discrètement la marque d’un travail accompli dans le silence et la prière. Ce travail artisanal, bien loin des logiques industrielles, devient une offrande. “Tout travail a une dimension spirituelle”, expliquent les sœurs. Dans chaque encre déposée, dans chaque pli formé, elles célèbrent la beauté du sacré.
Pour comprendre l’âme de Pradines, il faut remonter jusqu’à saint Benoît de Nursie, né vers 480 en Ombrie, au cœur de l’Italie. Étudiant à Rome, il quitte la ville pour vivre dans la solitude d’une grotte à Subiaco, mû par un seul désir : plaire à Dieu seul. Purifié par la prière et l’ascèse, il attire des disciples et fonde la communauté du Mont Cassin, où il rédige sa célèbre Règle des moines. Fruit de sagesse et d’expérience, tissée d’Écriture Sainte, cette règle trace un chemin de vie équilibré entre prière, travail et charité fraternelle. De là, la tradition bénédictine rayonne dans toute l’Europe, se transmettant de génération en génération, jusqu’à atteindre le Lyonnais au VIIe siècle, puis, des siècles plus tard, Pradines.La fondatrice de l’abbaye de Pradines, Thérèse de Bavoz (1768-1838), naît dans le Duché de Savoie. À seize ans, elle entre à l’Abbaye Saint-Pierre de Lyon. Mais en 1792, la Révolution ferme les monastères. Fidèle à sa vocation, Thérèse refuse de prêter le serment constitutionnel imposé au clergé. Elle vit alors dans la clandestinité avec quelques sœurs et connaît la détention pendant la Terreur. En 1795, à la demande d’un prêtre réfractaire, elle se consacre à l’éducation des enfants dans la région du Forez. Avec une poignée de compagnes, elle fonde une communauté austère, souvent surveillée, mais animée d’une foi indéfectible.
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Lorsque le climat politique s’apaise, elle installe sa communauté dans le château délabré de Pradines, alors en ruine. Les débuts sont rudes : les autorités religieuses et civiles peinent à comprendre la vocation contemplative. Seules les communautés enseignantes ou hospitalières sont alors tolérées. Mais Thérèse ne renonce pas. Dix années de patience et de prière lui vaudront enfin la reconnaissance de son projet : le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, autorise la fondation d’une communauté bénédictine. En 1818, l’abbaye de Pradines naît officiellement.Sous l’impulsion de Thérèse de Bavoz, la vie monastique bénédictine connaît un renouveau. La fondatrice participe à la réimplantation de plusieurs communautés, notamment La Rochette et Notre-Dame de Jouarre, où quelques moniales avaient survécu à la tourmente révolutionnaire. Cette fécondité spirituelle se poursuit jusqu’à nos jours : en 1960, les bénédictines de Pradines répondent à l’appel de l’évêque de Bouaké et fondent une maison en Côte d’Ivoire, signe que leur mission dépasse les frontières.
Aujourd’hui encore, la communauté vit au rythme de la prière et du travail. Les sœurs assurent les multiples services du monastère : cuisine, couture, jardin, infirmerie, entretien, accueil des hôtes et administration. Mais l’imprimerie reste un lieu central, à la fois source de revenus et espace spirituel. Les bénéfices permettent à la communauté de subvenir à ses besoins, d’entretenir les bâtiments et de soutenir les sœurs âgées, tout en gardant l’esprit du détachement et de la simplicité évangélique.
La communauté invite également les fidèles à la prière : l’église de l’abbaye est ouverte chaque jour de 6h15 à 21h30, et les offices sont accessibles à tous. Les visiteurs peuvent aussi découvrir une salle d’exposition sur la vie monastique et visiter la boutique, où sont présentés les produits des ateliers.Dans un monde souvent pressé et bruyant, les sœurs de Pradines rappellent, à travers leur labeur silencieux, que la beauté du travail manuel peut être une louange. En choisissant un faire-part confectionné dans leurs ateliers, les futurs époux posent un geste de foi : celui de confier à des mains priantes l’annonce d’une grâce divine. À Pradines, le papier devient prière, et l’artisanat devient évangile.
Abbaye Saint-Joseph et Saint-Pierre de Pradines
1285 route du Rhins, 42630 Pradines
Tél. : 04 77 64 80 06
communaute@abbayedepradines.com
Église ouverte tous les jours de 6h15 à 21h30 – participation libre aux offices.
Salle d’exposition : 9h30 à 12h, 14h à 16h45, 17h30 à 19h.


