Le 5 février 2025, Monseigneur Philippe Christory, évêque de Chartres, a lancé un appel à témoignages concernant des abus sexuels commis dans les années 1980 au sein de son diocèse. Ce texte fait état de deux femmes victimes, qui ont dénoncé des actes perpétrés par un prêtre décédé il y a moins de dix ans. Le diocèse invite donc d’autres éventuelles victimes à se manifester, assurant un accueil respectueux et discret.
Cet appel soulève une question qui s’impose dès que l’on évoque des abus aussi anciens : la prescription des faits. En effet, les actes d’abus qui remontent à plus de trois décennies sont aujourd’hui, dans bien des cas, frappés par la prescription légale. En ce sens, les victimes ne pourront plus obtenir réparation devant la justice pénale, et ce même si leur souffrance reste bien présente. Un phénomène similaire vient d’être observé dans les accusations liées à l’abbé Pierre, et la Conférence des évêques de France a eu l’air surprise d’avoir fait ce grand déballage pour rien…
Le diocèse de Chartres s’engage à écouter et à accompagner les victimes, mais la question qui se pose est celle de l’impact réel de cet appel à témoignages. L’évêque de Chartres évoque une cellule d’écoute mise en place depuis 2016, mais il demeure difficile de savoir si cette initiative suffira à réparer des années de silence, voire de négligence.
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Le prêtre décédé, aujourd’hui au centre de cet appel à témoignages, ne pourra jamais être poursuivi ou jugé à cause du temps passé. La question de la prescription, bien présente dans ce contexte, met en lumière les limites d’un exercice de vérité qui, aussi nécessaire soit-il, risque de ne pas aboutir à une réelle justice pour les victimes.
La vérité, aussi difficile qu’elle soit à entendre, pourrait être perçue ici comme une démarche davantage symbolique qu’efficace. De plus, les mesures de prévention et de formation annoncées par Monseigneur Christory sont bienvenues, mais leur impact concret sur la restauration de la confiance au sein du diocèse reste incertain.
Si la démarche de l’évêque de Chartres reflète une volonté sincère d’affronter un passé douloureux et d’y remédier, elle soulève également la question de l’efficacité à long terme, avec le risque qu’un zèle démesuré de certains crée une véritable paranoïa chez les prêtres, voire des situations de chantage à l’abus dans certains cas. Il est crucial de veiller à ce que les prêtres, qui sont à 99 % des hommes intègres et honnêtes dans leur sacerdoce, ne deviennent pas les victimes d’une certaine dictature de la vérité et d’un défouloir généralisé, où l’on risquerait de leur imposer une culpabilité collective injustifiée.
L’intention de purifier l’Église et d’assurer la justice ne doit pas tourner en une chasse aux sorcières, où des innocents se retrouvent pris dans des mécanismes de suspicion constante, nuisant à leur vocation et à la sérénité de leur ministère.