François Bayrou l’a souvent affirmé : il est un catholique pratiquant. Cette réalité, qui n’a jamais été un secret, semble aujourd’hui lui valoir une attention toute particulière de certains médias. Mediapart et Libération, entre autres, ont décidé de scruter ses prises de position et ses déclarations, n’hésitant pas à l’associer, à demi-mot, à une supposée complaisance vis-à-vis des scandales ayant touché l’Église.
L’actuel Premier ministre a pourtant toujours défendu une vision exigeante de la laïcité, affirmant en 2017 que «la foi n’est pas une étiquette politique ».mais voilà…François Bayrou est un catholique pratiquant et, avec son épouse, il fréquente depuis ses origines la Communauté des Béatitudes installée à Nay. Ses six enfants ont reçu une éducation chrétienne et ont été scolarisés dans l’institution Notre-Dame de Bétharram, où sa femme a enseigné le catéchisme… c’est le principal reproche que l’on semble lui faire…
Rappelons que la laïcité, c’est la liberté et non la persécution des croyants. Mais dans le climat actuel, où la parole catholique est systématiquement disqualifiée, cela ne semble plus suffire.
L’Église prise pour cible
En réalité, ce que l’on reproche à François Bayrou dépasse sa personne : c’est bien l’Église qui est encore une fois dans le viseur. À travers lui, c’est toute une institution qui, encore une fois, doit rendre des comptes, non plus seulement sur ses fautes, mais sur celles de la nature humaine dans son ensemble.
On juge au nom d’un soi-disant « devoir de vérité », on ne se contente pas d’évaluer la gestion politique de François Bayrou. On l’interroge aussi sur les scandales de Betharram, sur les accusations tardives visant l’abbé Pierre, sur les dérives passées de la communauté des Béatitudes. Comme si un homme d’État devait répondre de toutes les failles humaines ayant traversé l’Église depuis des décennies ! Comme si son catholicisme le désignait d’office comme complice d’une institution qu’il ne dirige pourtant pas.
Soyons clairs : il ne s’agit pas ici de défendre l’indéfendable. L’Église elle-même a reconnu ses erreurs et travaille à les réparer. Mais l’acharnement contre le premier ministre soulève une question essentielle : ces médias ont-ils la même intransigeance lorsqu’il s’agit d’autres religions ? Lorsqu’il s’agit des ravages d’une idéologie qui, sous couvert de progrès, piétine la vérité et la nature humaine ?
Le cas de l’abbé Pierre est, à cet égard, édifiant. Son œuvre gigantesque, son engagement au service des plus pauvres ont été jetés aux oubliettes après des accusations aujourd’hui prescrites. L’Église elle-même, toujours prompte à s’auto-flageller, n’a rien fait pour défendre celui qui fut une figure immense du catholicisme moderne.
Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières, dit-on. Mais il semble bien que nous assistions à une chasse au « mauvais catho ». Un procès permanent intenté non à un homme, mais à une foi. Seule l’Église devrait s’excuser, se justifier, être traînée dans la boue, pendant que d’autres dérives, pourtant autrement plus préoccupantes, sont passées sous silence.
Une Église qui tend l’autre joue ?
Dans sa volonté de vérité, l’Église prend parfois le bâton pour se faire battre. Elle assume ses fautes, mais en face, ses accusateurs ont-ils cette même exigence de transparence pour leurs propres errements ? Loin de servir la justice, cette inquisition médiatique risque surtout de faire tomber les plus grandes figures du catholicisme moderne au nom d’une pureté illusoire.
François Bayrou est peut-être le dernier en date à en faire les frais. Demain, qui sera le suivant ?