En ce mois de juin 2025, le sang coule à nouveau sur les terres d’Afrique, mêlé à la poussière des routes, aux larmes des fidèles et au silence des martyrs. Tandis que les chancelleries occidentales détournent les yeux, la Sainte Église, elle, subit de plein fouet l’assaut des ténèbresTerrorisme islamique, banditisme, pillages, haine anti-chrétienne : le visage du mal change, mais sa cible demeure. La Croix. Qu’elle soit portée au cou d’un prêtre, dressée sur une église de brousse ou gravée dans le cœur des laïcs fidèles, elle dérange, elle irrite, elle est aujourd’hui pourchassée de l’Ouganda au Nigeria.
Le 3 juin, jour où l’Église célèbre les Martyrs de l’Ouganda, un attentat-suicide visant la basilique de Munyonyo a été déjoué de justesse. Deux terroristes, équipés de ceintures explosives, ont été neutralisés par la police à l’approche du sanctuaire, alors que des millions de pèlerins s’y pressaient. Le symbole est saisissant : là où 45 chrétiens furent tués entre 1885 et 1887 pour leur foi, d’autres ont tenté, 140 ans plus tard, de faire couler à nouveau le sang. L’Église ougandaise vit debout, et les martyrs veillent encore.Mais c’est surtout au Kenya et au Nigeria que la situation devient insoutenable. Deux prêtres kenyans ont été assassinés en mai, l’un par empoisonnement, l’autre abattu en pleine rue. Le diocèse pleure, les religieuses ferment leurs structures dans la vallée du Kerio, et les écoles se vident. Un État en décomposition, une Église livrée aux prédateurs, un peuple chrétien abandonné.
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Au Nigeria, le mal porte des noms bien connus : Boko Haram, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), et les milices peules armées. Leur objectif est clair : éradiquer la présence chrétienne dans le nord et le centre du pays. Un prêtre, le père Alphonsus Afina, a été enlevé le 1er juin alors qu’il rentrait d’une messe. Plus au sud, ce sont des villages entiers qui sont la proie des flammes : 42 morts dans le Benue fin mai, des dizaines de maisons et d’églises incendiées, des paroisses fermées. Un évêque nigérian n’a pas hésité à déclarer : « La Nigeria devient un immense obitoire. »
Et pourtant, au cœur de cette nuit africaine, la lumière ne s’éteint pas. Comme l’a souligné le père Solomon Patrick Zaku, directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires : « Malgré les attaques, les fidèles continuent de venir à la messe. » Dans les ruines des églises, sur les routes ensanglantées, dans les maisons endeuillées, le peuple chrétien tient bon. La Messe continue, l’Évangile est proclamé, le pardon offert.
L’Afrique catholique est aujourd’hui le front d’une guerre silencieuse, que peu veulent voir et que l’Occident tolère trop facilement
Il serait temps que les gouvernements européens, si prompts à dénoncer d’hypothétiques atteintes à la laïcité, ouvrent les yeux sur les persécutions réelles que subissent nos frères. Il serait temps que les chrétiens d’Occident s’unissent dans la prière, le jeûne et le soutien matériel à ces Églises du sang.Les martyrs de l’Ouganda ne sont pas morts pour un symbole, mais pour une vérité qui les a brûlés jusqu’au bout : le Christ seul est Roi. À Munyonyo, à Maiduguri, à Makurdi, cette vérité est proclamée dans la douleur, mais aussi dans une fidélité qui nous interpelle. Que faisons-nous, nous qui vivons encore en paix, pour ceux qui donnent leur vie pour l’Évangile ?