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Alfred Hitchcock : le maître du suspense et sa foi catholique

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Certains ont suggéré que le catholicisme de Hitchcock était à l'origine des thèmes sombres dans ses films, où culpabilité et peur prédominent.

Alfred Hitchcock est décédé il y a plus de 40 ans, le 29 avril 1980. Le réalisateur est né et a grandi dans la religion catholique, restant pratiquant toute sa vie.

La carrière et la vie d’Hitchcock ont débuté sous le règne de la reine Victoria et se sont terminées sous la présidence de Jimmy Carter, allant de Londres à Hollywood. Il est passé du statut de créateur de titres pour les films muets à celui de l’un des réalisateurs les plus célèbres au monde. Son premier film fut le muet « Numéro 13 » (1922) et son dernier « Family Plot » (1976).

Après sa mort, Hitchcock a souvent été perçu comme un réalisateur brillant mais de sang-froid, avec des relations difficiles avec ses acteurs et une tendance à ne pas reconnaître le mérite de ses collaborateurs pour la création de la « marque » Hitchcock. Bien que son travail soit admiré, il restait une figure énigmatique et peu aimée.

Les récentes représentations cinématographiques d’Hitchcock ont renforcé cette image sinistre, le dépeignant comme aussi troublant que ses œuvres, utilisant des chocs mêlés d’humour noir.

L’énigme de Hitchcock réside dans les indices dispersés dans ses films, particulièrement en ce qui concerne son catholicisme. Né et élevé dans la foi catholique, influencé par ses ancêtres irlandais et les jésuites londoniens, Hitchcock a épousé Alma, qui s’est convertie avant leur mariage en 1926. Leur fille unique, Patricia, a été élevée dans la foi catholique, la famille étant souvent vue à l’église du Bon Pasteur à Beverly Hills. Néanmoins, sa foi reste en grande partie mystérieuse.

Certains ont suggéré que le catholicisme de Hitchcock était à l’origine des thèmes sombres dans ses films, où culpabilité et peur prédominent. Ses héros sont souvent accusés à tort ou cachent des secrets sombres, contrôlés par des entités impitoyables. Son univers cinématographique est rempli de tromperies et de faux-semblants, reflet peut-être de sa propre vie et de sa foi.

Hitchcock a été catholique pratiquant toute sa vie, sans jamais critiquer l’Église. Il a fait quelques plaisanteries, mais rien de scandaleux. Il s’est marié à l’Oratoire Brompton de Londres en 1926, après qu’Alma ait suivi un cours de foi. Leur fille Patricia a été mariée à l’église et a élevé ses enfants dans la foi catholique. Un fait révélateur est qu’à Paris dans les années 1920, Hitchcock a assisté à une messe dès son arrivée.

Dans ses films, le MacGuffin* est un leurre pour tromper le public. Hitchcock aimait induire le public en erreur, les laissant dans des impasses. Cette habileté à manipuler pourrait bien être la clé pour comprendre sa foi.

Hitchcock était un homme privé, protégeant sa foi du monde. Sa foi, comme ses MacGuffins*, restait cachée jusqu’à la fin. En 2012, un article du P. Mark Henninger, prêtre jésuite ayant connu Hitchcock à la fin de sa vie, suggérait qu’Hitchcock avait trouvé une paix finale dans sa foi. Le prêtre raconte comment, dans ses dernières années, la messe était célébrée régulièrement chez les Hitchcock, et comment le réalisateur pleurait en recevant la Sainte Communion.

*Le MacGuffin est un prétexte au développement d’un scénario. C’est presque toujours un objet matériel et il demeure généralement mystérieux au cours de la diégèse, sa description est vague et sans importance. Le principe date des débuts du cinéma mais l’expression est associée à Alfred Hitchcock, qui l’a redéfinie, popularisée et mise en pratique dans plusieurs de ses films. L’objet lui-même n’est que rarement utilisé, seule sa récupération compte.

Les Œuvres Catholiques de Hitchcock : « I Confess » et « The Wrong Man »

Alfred Hitchcock, le maître du suspense, a réalisé deux films qui se distinguent par leur profondeur catholique : « I Confess » et « The Wrong Man ». Ces deux filmssont des exemples parfaits de la manière dont Hitchcock prenait certains de ses travaux très au sérieux, en y intégrant des thèmes catholiques profonds.

I Confess et The Wrong Man sont reconnus pour être parmi les films les moins « amusants » de la carrière hollywoodienne de Hitchcock, une observation faite par Glenn Kenny dans un essai pour RogerEbert.com. L’humour noir typique de Hitchcock est quasiment absent de ces œuvres, qui se concentrent plutôt sur les thèmes de l’innocence accusée à tort et la culpabilité transférée.

Ce n’est pas par hasard que ces deux films, que Hitchcock prenait si à cœur, sont aussi ses œuvres les plus ouvertement catholiques. Entre ces deux films, Hitchcock a réalisé plusieurs films en couleur, mais a choisi de tourner I Confess et The Wrong Man en noir et blanc, accentuant leur gravité et leur sobriété.

Le thème de l’innocent accusé à tort traverse l’ensemble de la filmographie de Hitchcock. Dans I Confess, le protagoniste, un prêtre dévoué interprété par Montgomery Clift, se retrouve incapable de se défendre contre une accusation de meurtre à cause du sceau de la confession. Comme le Christ, le père Logan assume silencieusement la culpabilité d’autrui.

The Wrong Man, basé sur une histoire vraie, raconte l’histoire de Manny Balestrero, joué par Henry Fonda, un homme accusé à tort en raison de sa ressemblance avec un criminel. Manny, catholique pratiquant, utilise son chapelet et des images religieuses pour trouver la force de surmonter son épreuve. La foi joue un rôle central, culminant dans une scène puissante où une prière mène à une délivrance divine.

Les deux films montrent les protagonistes piégés par des secrets qui, bien que non criminels, les rendent vulnérables aux accusations. Ces récits mettent en lumière la culpabilité universelle et la fragilité de l’innocence humaine.

Ces œuvres ne se contentent pas de présenter des histoires de fausses accusations ; elles explorent également la manière dont la foi et la morale catholiques influencent les personnages. Les souffrances des protagonistes sont souvent illustrées par des images religieuses, renforçant leur dimension spirituelle.

Les deux films dépeignent le système judiciaire comme imparfait, mais pas totalement injuste. Les procès montrent que, malgré les erreurs et les biais, la vérité finit par émerger.

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