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Aux États-Unis, un prêtre interdit les prie-Dieu dans son église, stupeur chez les fidèles

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S’agenouiller n’est pas un geste accessoire. Depuis l’Écriture, l’homme se met à genoux pour adorer, prier, implorer. Le prie-dieu en est devenu, au fil des siècles, l’instrument concret

Dans le diocèse d’Austin, la décision de retirer les prie-Dieu utilisés pour la Sainte Communion provoque l’indignation. Beaucoup y voient une attaque directe contre la révérence eucharistique et une tentative d’effacer le geste millénaire de l’agenouillement.Dans un mémorandum daté du 12 novembre 2025, le Très Révérend James A. Misko, vicaire général du diocèse d’Austin, demande aux pasteurs de supprimer les prie-Dieu utilisés lors de la distribution de la Sainte Communion. Le document affirme que la présence d’un prie-dieu pourrait troubler les fidèles sur la norme liturgique ou exercer une pression indue sur ceux qui préfèrent communier debout. Des arguments qui étonnent profondément de nombreux catholiques.

Car un prie-dieu ne contraint personne. Il n’est qu’un soutien, un appui respectueux permettant à ceux qui souhaitent s’agenouiller, notamment les personnes âgées ou fragiles, de le faire dignement et sans risque. Le retirer revient, de fait, à rendre l’agenouillement difficile, voire impossible pour ceux qui en ont le plus besoin. Beaucoup y voient une manière détournée de faire disparaître un geste de dévotion pourtant pleinement légitime.Cette décision choque d’autant plus qu’elle touche à un objet dont la signification dépasse largement sa fonction pratique. Le prie-dieu fait partie de l’histoire vivante de la piété catholique. Né au Moyen Âge, il s’est imposé progressivement dans les chapelles et les églises comme le meuble de la prière par excellence. Sa structure, un petit banc pour le genou, un appui pour les mains, exprime de manière simple et claire l’attitude fondamentale du chrétien, on s’abaisse devant Dieu, tout en levant les mains vers Lui.

S’agenouiller n’est pas un geste accessoire. Depuis l’Écriture, l’homme se met à genoux pour adorer, prier, implorer. Le prie-dieu en est devenu, au fil des siècles, l’instrument concret. Il rappelle que le corps et l’âme prient ensemble, qu’on n’entre pas en présence du Christ Eucharistique comme on entrerait dans une salle de réunion.

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Enlever un prie-dieu, ce n’est donc pas déplacer un meuble. C’est toucher à un symbole profond de l’humilité et de l’adoration.Dans bien des familles, le prie-dieu était autrefois transmis comme un héritage spirituel, utilisé pour la prière du soir ou lors des grandes épreuves. Il portait la mémoire de générations agenouillées devant Dieu. Aujourd’hui, dans les églises, il continue de manifester cette piété, particulièrement lors de la Communion, où l’agenouillement n’est pas seulement un choix personnel mais un acte public de foi.

L’Instruction Générale du Missel Romain rappelle pourtant explicitement que tout fidèle peut recevoir la Communion à genoux. Le mémo du diocèse d’Austin cite ce passage, mais adopte une mesure qui en contredit l’esprit, on dit que l’agenouillement est permis, puis on supprime l’objet qui permet de le vivre réellement. Ce paradoxe ne passe pas inaperçu. Comment parler de liberté liturgique quand on en retire les moyens concrets ?

Pour de nombreux fidèles, cette interdiction des prie-Dieu symbolise une tendance inquiétante, une liturgie toujours plus standardisée, où les gestes d’adoration traditionnels semblent gênants, comme s’ils étaient devenus une anomalie. Au moment même où des milliers de jeunes catholiques redécouvrent le sens du sacré, du silence et de la prosternation devant la présence réelle du Christ, on leur retire l’un des signes les plus simples et les plus puissants de cette foi.La question demeure, brûlante, pourquoi vouloir enlever ce qui aide à adorer ? Pourquoi soupçonner la piété, comme si elle était devenue suspecte dans certaines paroisses ? Pourquoi mépriser un meuble qui, loin de diviser, permettait simplement aux fidèles d’exprimer leur amour pour Dieu selon une tradition antique et respectée ?

Les catholiques d’Austin, choqués et blessés, attendent désormais une clarification. Ils attendent surtout que l’on respecte leur dévotion, leur liberté, et ce geste d’adoration qui a façonné des siècles de foi chrétienne, s’agenouiller devant leur Seigneur.

Texte intégral du mémorandum (traduction Tribune Chrétienne)

« DIOCÈSE D’AUSTIN
BUREAU DU VICAIRe GÉNÉRAL
MÉMORANDUM

Au cours des dernières années, dans certaines paroisses, la pratique consistant à placer un prie-dieu pour la distribution de la Sainte Communion est devenue plus courante. Certains prêtres rapportent que la raison pour laquelle ils sortent le prie-dieu est que certaines personnes qui s’agenouillent pour recevoir la Sainte Communion ont des difficultés à se relever ensuite. Si tel est le cas, le prêtre devrait avoir une conversation pastorale avec le communiant pour lui expliquer qu’il n’offense pas Dieu en ne s’agenouillant pas et qu’il a la recommandation du prêtre de se tenir debout pour recevoir Notre Seigneur avec révérence et dévotion.

L’évêque Garcia demande que la pratique consistant à mettre en place un prie-dieu pour la Sainte Communion soit abandonnée. Les raisons de cette décision sont les suivantes :

  1. L’Instruction Générale du Missel Romain (IGMR) stipule, « La norme établie pour les diocèses des États-Unis d’Amérique est que la Sainte Communion doit être reçue debout, à moins qu’un fidèle ne souhaite recevoir la Communion à genoux. » (IGMR 160)
  2. La présence d’un prie-dieu près du lieu de distribution de la Sainte Communion pourrait troubler les fidèles quant à la norme, en laissant entendre qu’une manière de recevoir la Sainte Communion est plus ou moins appropriée
  3. Placer un prie-dieu près du lieu de distribution de la Sainte Communion pourrait exercer une pression indue sur le communiant pour qu’il reçoive la Communion à genoux, ce qui pourrait ne pas être son désir

L’évêque apprécie la révérence de nos paroissiens pour la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Les fidèles sont également autorisés à s’agenouiller pour recevoir la Sainte Communion. En même temps, il est important de catéchiser les fidèles sur le fait que l’on peut recevoir la Sainte Communion avec la même révérence en étant debout et qu’il ne devrait pas y avoir d’accent mis sur la position à genoux pour la Sainte Communion de la part des prêtres, diacres et responsables liturgiques laïcs. »

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