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[ Bénédiction Urbi et Orbi ] Le Pape Léon XIV évoque « les racines chrétiennes de l’Europe » et appelle à un esprit « communautaire et de collaboration », fidèle à son histoire

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Dans son message et sa bénédiction Urbi et Orbi prononcés ce jour de Noël 25 décembre 2025 , le Pape Léon XIV a de nouveau évoqué les racines chrétiennes de l’Europe, confiant le continent au Prince de la Paix et appelant à préserver un esprit communautaire, solidaire et de collaboration, en cohérence avec son héritage historique ( intégralité du texte )

Le Saint Père a inscrit son propos dans une méditation centrée sur la paix, comprise non comme une simple absence de conflit, mais comme le fruit d’une responsabilité partagée. Dès l’ouverture, il rappelle que l’Enfant né à Bethléem est « notre paix », Celui qui a vaincu la haine et l’inimitié par l’amour miséricordieux de Dieu, donnant ainsi à son message une orientation clairement christologique.La scène de la Nativité, telle que le pape la décrit, met en lumière un paradoxe fondateur. Jésus naît dans une étable, faute de place dans le logement, et est déposé dans une mangeoire. Ce choix, souligne Léon XIV, n’est pas accidentel. Il révèle un Dieu qui accepte le rejet et la pauvreté, et qui s’identifie à « ceux qui sont mis au rebut et exclus ». La paix annoncée à Noël ne se sépare donc pas de la reconnaissance de la dignité des plus fragiles.

Cette lecture conduit le pape à souligner la dimension morale et personnelle de la paix. Reprenant une formule de saint Augustin, il rappelle que Dieu « ne peut nous sauver sans nous », insistant sur la responsabilité de chacun.

« Voici le chemin de la paix : la responsabilité », affirme-t-il, appelant à reconnaître ses propres fautes, à demander pardon et à se placer du côté de ceux qui souffrent. La paix, dans cette perspective, suppose un engagement concret et une conversion du regard.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la référence explicite à l’Europe. Le Pape Léon XIV déclare : « Nous confions au Prince de la Paix tout le continent européen, en Lui demandant de continuer d’y inspirer un esprit communautaire et de collaboration, fidèle à ses racines chrétiennes et à son histoire ». Cette formulation met en évidence une conception de l’Europe qui ne se réduit pas à une construction institutionnelle ou économique, mais qui repose sur un héritage spirituel et culturel précis.

Le pape ne développe pas une analyse politique de l’Union européenne, mais il rappelle un principe fondamental : l’esprit communautaire et la collaboration entre les peuples trouvent leur source dans une vision de l’homme façonnée par le christianisme.

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En évoquant les « racines chrétiennes », Léon XIV s’inscrit dans une continuité magistérielle qui considère que la paix durable passe par la fidélité à ce socle anthropologique, fondé sur la dignité de la personne, la solidarité et l’accueil du plus faible.Cette référence à l’Europe s’insère dans une prière plus large pour les peuples éprouvés par la guerre et les violences. Le pape mentionne explicitement l’Ukraine, appelant à la fin des armes et à un dialogue sincère, soutenu par la communauté internationale. Il élargit ensuite son regard à de nombreux foyers de conflit et de souffrance à travers le monde, soulignant que la paix ne peut être sélective ni limitée à certaines régions.

Enfin, le message s’achève sur un appel spirituel adressé à chaque croyant. Dans un monde marqué par l’indifférence, le pape invite à ouvrir son cœur à ceux qui souffrent, rappelant que Dieu n’est jamais indifférent à la misère humaine. La paix annoncée à Noël n’est pas éphémère, affirme-t-il, car le Christ demeure « la Porte toujours ouverte » qui introduit dans la vie divine.En confiant l’Europe au Prince de la Paix et en rappelant ses racines chrétiennes, le Pape Léon XIV n’a pas livré un discours nostalgique, mais une exhortation à la cohérence. Il a invité le continent à puiser dans son héritage spirituel les ressources nécessaires pour affronter les défis présents, dans un esprit de responsabilité, de collaboration et de paix véritable.

Message du Saint-Père et bénédiction « Urbi et Orbi » en la solennité de Noël, 25 décembre 2025

« Chers frères et sœurs !

«Tous ensemble, réjouissons-nous dans le Seigneur : notre Sauveur est né sur terre ! Aujourd’hui, pour nous, descend du ciel la paix véritable » (Antienne d’ouverture de la messe de la nuit de Noël). Ainsi chante la liturgie dans la nuit de Noël, et ainsi résonne dans l’Église l’annonce de Bethléem : l’Enfant né de la Vierge Marie est le Christ Seigneur, envoyé par le Père pour nous sauver du péché et de la mort. Il est notre paix, Celui qui a vaincu la haine et l’inimitié par l’amour miséricordieux de Dieu. C’est pourquoi « la Nativité du Seigneur est une Nativité de paix » (Saint Léon le Grand, Sermon 26).

Jésus est né dans une étable, car il n’y avait pas de place pour Lui dans le logement. À sa naissance, sa mère Marie « l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (cf. Lc 2, 7). Le Fils de Dieu, par qui tout a été créé, n’est pas accueilli et son berceau est une pauvre mangeoire d’animaux.

Le Verbe éternel du Père, que les cieux ne peuvent contenir, a choisi de venir au monde ainsi. Par amour, il a voulu naître d’une femme, afin de partager notre humanité ; par amour, il a accepté la pauvreté et le rejet et il s’est identifié à ceux qui sont mis au rebut et exclus.

Dans la Nativité de Jésus se profile déjà le choix fondamental qui guidera toute la vie du Fils de Dieu, jusqu’à sa mort sur la croix : le choix de ne pas nous faire porter le poids du péché, mais de le porter Lui-même pour nous, d’en assumer la charge. Lui seul pouvait le faire. Mais Il a montré en même temps ce que nous seuls pouvons faire, c’est-à-dire assumer chacun notre part de responsabilité. Oui, car Dieu, qui nous a créés sans nous, ne peut nous sauver sans nous (cf. saint Augustin, Discours 169, 11. 13), sans notre libre volonté d’aimer. Celui qui n’aime pas n’est pas sauvé, il est perdu. Et celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas (cf. 1 Jn 4, 20).

Sœurs et frères, voici le chemin de la paix : la responsabilité. Si chacun – à tous les niveaux –, au lieu d’accuser les autres, reconnaissait d’abord ses propres fautes et demandait pardon à Dieu, et en même temps se mettait à la place de ceux qui souffrent, se montrait solidaire des plus faibles et des opprimés, alors le monde changerait.

Jésus-Christ est notre paix avant tout parce qu’Il nous libère du péché, ensuite parce qu’Il nous montre la voie à suivre pour surmonter les conflits, tous les conflits, des conflits interpersonnels aux conflits internationaux. Sans un cœur libéré du péché, un cœur pardonné, on ne peut être un homme ou une femme pacifique, artisan de paix. C’est pour cela que Jésus est né à Bethléem et qu’il est mort sur la croix : pour nous libérer du péché. Il est le Sauveur. Avec sa grâce, nous pouvons et devons tous faire notre part pour rejeter la haine, la violence, la confrontation et pratiquer le dialogue, la paix, la réconciliation.

En ce jour de fête, je souhaite adresser un salut chaleureux et paternel à tous les chrétiens, en particulier à ceux qui vivent au Moyen-Orient que j’ai voulu rencontrer récemment lors de mon premier Voyage apostolique. J’ai écouté leurs craintes et je connais bien leur sentiment d’impuissance face à des dynamiques de pouvoir qui les dépassent. L’Enfant qui naît aujourd’hui à Bethléem est le même Jésus qui dit : «Ayez la paix en moi. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage! Moi, je suis vainqueur du monde ! » (Jn 16, 33).

Nous L’invoquons, pour la justice, la paix et la stabilité pour au Liban, en Palestine, en Israël et en Syrie, confiants dans ces paroles divines : « L’œuvre de la justice sera la paix, et la pratique de la justice, le calme et la sécurité pour toujours » (Is 32, 17).

Nous confions au Prince de la Paix tout le continent européen, en Lui demandant de continuer d’y inspirer un esprit communautaire et de collaboration, fidèle à ses racines chrétiennes et à son histoire, un esprit solidaire et accueillant envers ceux qui sont dans le besoin. Nous prions tout particulièrement pour le peuple ukrainien meurtri : que le bruit des armes cesse et que les parties impliquées, soutenues par l’engagement de la communauté internationale, trouvent le courage de dialoguer de manière sincère, directe et respectueuse.

Nous supplions l’Enfant de Bethléem d’accorder la paix et la consolation aux les victimes de toutes les guerres en cours dans le monde, en particulier celles qui sont oubliées, et pour tous ceux qui souffrent à cause de l’injustice, de l’instabilité politique, de la persécution religieuse et du terrorisme. Je pense en particulier à nos frères et sœurs du Soudan, du Soudan du Sud, du Mali, du Burkina Faso et de la République Démocratique du Congo.

En ces derniers jours du Jubilé de l’Espérance, prions le Dieu-fait-homme pour le cher peuple d’Haïti, afin que cesse toute forme de violence dans le pays et qu’il puisse progresser sur la voie de la paix et de la réconciliation.

Que l’Enfant Jésus inspire tous ceux qui, en Amérique latine, ont des responsabilités politiques afin que, face aux nombreux défis, la place soit donnée au dialogue pour le bien commun et non pas aux préjugés idéologiques et partisans.

Nous demandons au Prince de la Paix d’éclairer le Myanmar de la lumière d’un avenir de réconciliation. Qu’Il redonne espérance aux jeunes générations, qu’Il guide le peuple birman sur les chemins de la paix et qu’Il accompagne ceux qui sont privés de logement, de sécurité ou de confiance en l’avenir.

Nous Lui demandons de rétablir l’ancienne amitié entre la Thaïlande et le Cambodge et que les parties concernées continuent à œuvrer pour la réconciliation et la paix.

Nous Lui confions également les populations d’Asie du Sud et d’Océanie, durement éprouvées par de récentes et dévastatrices catastrophes naturelles qui ont frappé durement des populations entières. Face à ces épreuves, j’invite chacun à renouveler avec conviction l’engagement commun à venir en aide à ceux qui souffrent.

Chers frères et sœurs,

dans l’obscurité de la nuit, « la vraie Lumière qui éclaire tout homme » est venue au monde (Jn 1, 9), mais « les siens ne l’ont pas reçue » (Jn 1, 11). Ne nous laissons pas gagner par l’indifférence envers ceux qui souffrent, car Dieu n’est pas indifférent à nos misères.

En se faisant homme, Jésus prend sur Lui notre fragilité, Il s’identifie à chacun de nous : à ceux qui n’ont plus rien et ont tout perdu, comme les habitants de Gaza ; à ceux qui sont en proie à la faim et à la pauvreté, comme le peuple yéménite ; à ceux qui fuient leur terre pour chercher un avenir ailleurs, comme les nombreux réfugiés et migrants qui traversent la Méditerranée ou parcourent le continent américain ; à ceux qui ont perdu leur emploi et ceux qui en cherchent un, comme tant de jeunes qui peinent à trouver un travail ; à ceux qui sont exploités, comme les trop nombreux travailleurs sous-payés ; à ceux qui sont en prison et vivent souvent dans des conditions inhumaines.

Au cœur de Dieu parvient l’invocation de paix qui monte de chaque terre, comme l’écrit un poète :

« Non pas la paix d’un cessez-le-feu,

ni même la vision du loup et de l’agneau,

mais plutôt

comme dans le cœur quand l’excitation est passée

et qu’on ne peut parler que d’une grande fatigue.

[…]

Qu’elle vienne

comme les fleurs sauvages,

à l’improviste, car le champ

en a besoin : une paix sauvage ». [1]

En ce jour saint, ouvrons notre cœur à nos frères et sœurs qui sont dans le besoin et dans la peine. Ce faisant, nous l’ouvrons à l’Enfant Jésus qui nous accueille à bras ouverts et nous révèle sa divinité : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).

Dans quelques jours, l’année jubilaire prendra fin. Les portes saintes se fermeront, mais le Christ, notre espérance, restera toujours avec nous ! Il est la Porte toujours ouverte qui nous introduit dans la vie divine. Telle est la bonne nouvelle de ce jour : l’Enfant qui est né est Dieu –fait-homme ; Il ne vient pas pour condamner mais pour sauver ; son apparition n’est pas éphémère, Il vient pour rester et se donner Lui-même. En Lui, chaque blessure est guérie et chaque cœur trouve repos et paix. « La Nativité du Seigneur est une Nativité de paix ».

Je souhaite de tout cœur à chacun un serein et saint Noël ! »

Source Vatican

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