Alors que le pape François est hospitalisé pour une pneumonie bilatérale, la question de sa succession suscite des spéculations au sein de l’Église catholique. Parmi les noms souvent cités, celui du cardinal Luis Antonio Tagle revient avec insistance. Son parcours, sa proximité idéologique avec le pape actuel et ses hautes responsabilités au sein du Vatican en font un « papabile » sérieux. Mais son profil fait également l’objet de critiques.
Luis Antonio Gokim Tagle est né le 21 juin 1957 à Manille, aux Philippines. Issu d’une famille appartenant à la principalía (élite locale sous la colonisation espagnole), il est ordonné prêtre le 27 février 1982 pour le diocèse d’Imus. Il obtient un doctorat en théologie à l’Université catholique d’Amérique en 1991, avec une thèse sur la collégialité épiscopale et son évolution sous Paul VI.( Source wikipedia)
Sa carrière dans la hiérarchie ecclésiastique suit une ascension rapide :
- 2001 : Nommé évêque d’Imus par Jean-Paul II.
- 2011 : Archevêque de Manille, le diocèse le plus important des Philippines.
- 2012 : Créé cardinal par Benoît XVI, avec le titre de cardinal-prêtre de San Felice da Cantalice a Centocelle.
- 2019 : Devient préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples (aujourd’hui Dicastère pour l’évangélisation).
- 2022 : Devient pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation, une position stratégique dans l’administration du Vatican.
Son Eminence Tagle est perçu comme un théologien influent et un visage du catholicisme asiatique. En 2015, lors du voyage du pape François aux Philippines, il joue un rôle clé en recevant le pontife et en soutenant ses réformes. Il est aussi membre influent du Synode des évêques et un proche du pape argentin.
Un « François asiatique » : la continuité bergoglienne
Le cardinal Tagle est souvent présenté comme un héritier spirituel de François, partageant sa vision d’une Église ouverte aux périphéries, engagée pour les pauvres et portée vers une mission évangélisatrice.
Il a notamment défendu une « approche plus pastorale » envers les personnes LGBTQ+ et les divorcés-remariés, affirmant que l’Église devait faire preuve de plus de « compassion » envers eux. Il s’est également positionné en faveur d’un accueil encore plus important des migrants, s’opposant à une vision qu’il juge trop restrictive de la doctrine sociale de l’Église
Son engagement dans Caritas Internationalis (organisation caritative du Vatican) entre 2015 et 2022 lui a permis de renforcer son image de défenseur des plus démunis. Toutefois, son mandat a été marqué par des critiques internes sur sa gestion et un remaniement brutal en 2022, ordonné par le pape François lui-même, ce qui a affaibli son influence. Si le cardinal Tagle est apprécié par certains , ses détracteurs lui reprochent plusieurs aspects :
Son alignement trop prononcé sur François. En effet les catholiques conservateurs estiment qu’il incarnerait une continuité absolue avec le pontificat actuel, notamment sur des questions controversées comme l’ouverture aux minorités sexuelles et la synodalité, qui suscite des résistances.
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Une gestion critiquée de Caritas Internationalis et un manque de soutien en Europe et en Amérique latine
En novembre 2022, le Vatican a placé Caritas Internationalis sous tutelle, dénonçant une mauvaise gestion et un climat de travail délétère. Si le prélat n’a pas été directement mis en cause, son leadership a été remis en question.Bien qu’influant en Asie, l’Archevêque de Manille manque de réseaux puissants dans les grands diocèses européens et latino-américains, où la résistance aux réformes de François est forte. Cette situation pourrait l’handicaper en cas de conclave.
Certains théologiens jugent que son discours est trop idéologique et qu’il pourrait affaiblir la défense des dogmes traditionnels de l’Église. Ses écrits et interventions ont parfois été jugés trop axés sur le social, au détriment des questions de foi et de doctrine.
Tagle, un futur pape ?
Le cardinal Luis Antonio Tagle est sans conteste une figure majeure du catholicisme contemporain. Son parcours, son influence et ses idées en font un prétendant sérieux à la succession de François. Cependant, plusieurs obstacles pourraient freiner son ascension vers la papauté : sa gestion contestée de Caritas Internationalis, l’opposition des conservateurs et d’une partie de la Curie romaine et enfin un manque de soutien hors d’Asie, notamment en Europe et en Amérique latine.
Si un conclave devait avoir lieu, le cardinal serait-il capable de rassembler suffisamment de voix pour être élu ? Son profil progressiste le place dans la ligne directe du pontificat actuel, mais l’Église pourrait aussi chercher un successeur plus équilibré, capable de réconcilier les différentes sensibilités internes.
L’avenir nous dira si celui que l’on surnomme « le François asiatique » deviendra le premier pape philippin de l’histoire.